Alors que l’on s’attendit à des éclaircissements de la part du Ministre Mame Mbaye Niang qui avait brandi un semblant de démission après une pluie d’accusation de détournement de deniers publics sur sa personne, ce dernier aurait pu nous dispenser de ses explications/accusations qui ont été plus pathétiques que laborieux. En fait, le principal accusateur du Maire de Dakar dans l’affaire dite de la « Caisse d’avance » a tenté d’une manière laborieuse d’expliquer aux sénégalais que même s’il était responsable, il n’était coupable de rien. Prodac est un scandale et les responsables doivent rendre gorge, c’est ce qu’attendent les sénégalais de Dame Justice. pour mieux vous aider à comprendre cette affaire, nous vous replongeons dans les arcanes de cette affaire….
Ce sont les limiers de l’Inspection Générale des Finances qui mettront à nu le scandale au niveau du programme national des domaines agricoles (Prodac). Un véritable carnage financier!
D’ailleurs, le banditisme érigé un peu partout dans la gestion des finances publiques notamment au Prodac, a conduit l’Inspection générale des Finances dépêchée par le ministre Amadou Ba, à recommander l’ouverture de deux informations judiciaires pour des faits de délinquance avérée.
Ne s’arrêtant pas en si bon chemins, les enqueteurs ont également ordonné la traduction devant la Cour des comptes du coordonnateur du Prodac, Mamina Daffé et son prédécesseur Jean Pierre Senghor.
La partie visible de ce scandale est parti de la découverte d’effarants et colossaux marchés de gré à gré qui a épinglé le coordonnateur du Prodac, Mamina Daffé. Ce dernier a tout bonnement octroyé sans appel d’offres, à la société israélienne Green 2000 représentée par Daniel Pinhassi pour les études et les aménagements des Domaines agricoles communautaires (Dac) de Séfa, Keur Samba Kane, Keur Momar Sarr et Itato.
Un banditisme financier « légalisé et béni »
Ce programme conçu pour permettre au Président Macky Sall d’atteindre ou d’approcher les 500 mille emplois promis, aura tout simplement permis à des « bandits à col blanc » de s’illustrer dans ce qui se fait le mieux actuellement, la délinquance financière qui prend de plus en plus d’ampleur à cause de l’impunité qui est devenue bizarrement la règle.
Pour donner libre cours à leur exercice, les délinquants épinglés dans cette affaire, ont fait de ce marché une véritable vache laitière. En veux tu, en voilà, tel pourrait être le titre du film du désossement du Prodac.
Les faits mis en cause sont tellement graves que l’IGF a recommandé à l’Agent judiciaire de l’Etat de traduire Ibrahima Cissé, gérant de la société Tida, devant les juridictions pénales pour faux et usage de faux et escroquerie sur les deniers publics ayant entraîné un préjudice financier contre l’Etat de 517.864.401 FCFA.
Mef, Mejcc, Armp, Locafrique, Green 2000 et les coordonnateurs de Prodac, la valse des responsables non coupables
Cette affaire démontre encore le danger des dernières réformes introduites dans le Code des Marchés Publics par le Président Macky Sall. Ces réformes laissent la possibilité à tous les ordonnateurs de dépense de s’enrichir sans cause et dans ce domaine, le Prodac en est une illustration parfaite.
Les sorties médiatiques des différents départements ne font qu’essayer de dévier les sénégalais de la réalité de cette affaire. On voudrait à la limite en faire une affaire politique, histoire de divertir la galerie le temps que les 29 milliards mis en cause, soient digérés sans encombres.
La première responsabilité incombe au principal bailleur, Locafrique ainsi que les coordonnateurs du Prodac. Concernant Locafrique, la responsabilité est totale pour avoir effectué des paiements sans demander les pièces justificatives.
D’une part, la responsabilité totale et entière des coordonnateurs du Prodac, Monsieur Jean Pierre Senghor (plus de 3 milliards) et de Monsieur Mamina Daffé (plus d’un milliard) est en engagée dans leurs actes de gestion et en particulier, dans la validation des tranches constituant l’avance de démarrage. Sans compter que Monsieur Senghor a aussi fait bénéficier à l’entreprise Green 2000 des avantages non contractuels.
D’autre part, l’ARMP, pour avoir illégalement autorisé sans aucune justification la signature d’un contrat « clé en main » par une procédure , de gré à gré entre Prodac et Green 2000, devant une objection de la Direction Centrale des marchés publics, est également responsable.
Quant au Ministre Mame Mbaye Niang, il a émis un ordre de service sans la notification du contrat. Une légèreté qui fait de lui un responsable déterminant ou à défaut, un irresponsable même si, comme on le lui prête, il avait attiré l’attention de Jean Pierre Senghor sur certains actes. Dans les deux cas, sa place n’est pas dans un gouvernement. Plus grave, si l’émission de l’ordre de service avant la notification du contrat lui a permis de tirer de la conclusion du contrat un profit pécuniaire ou en nature, les arguments de fond du juge Malick Lamotte en matière d’escroquerie, dans l’affaire « Khalifa Sall », lui sont applicables. Ces arguments du juge seront aussi valables pour les différents coordonnateurs du Prodac.
Mame Mbaye se victimise en direct, Birahim Seck l’accule
Après les sorties de ses seconds couteaux qui durant leur exercice, ont tiré à boulets rouges sur Amadou Ba, le ministre des Finances qui serait le seul responsable de cette situation, le « démissionnaire » pour convenance personnelle qui était l’invité hier de l’émission Faram Facce, a joué à fond l’hymne de la victimisation et de la cabale politique sans convaincre d’ailleurs. En tentant de laver à grande eau, Mame Mbaye Ndiaye risque d’emporter les dernières réserves d’eau dont disposent encore les dakarois.
Mais, sa sortie a eu l’heur de faire réagir Birahim Seck du Forum Civil. Dans un sévère réquisitoire, ce dernier liste ci-dessous les points sur lesquels le ministre n’a pu apporter les preuves devant le mettre hors de cause dans cette affaire du PRODAC.
1. Non Monsieur le Ministre, la DCMP avait rejeté l’Exclusivité. La DCMP est intervenue bien après l’autorisation illégale et injustifiée de l’ARMP.
2. Non Monsieur le Ministre, le gré à gré existe bel et bien. L’aveu est retentissant en usant comme argument, le BREVET « détenu » par Green 2000.
3. Non, Il ne faut surtout pas nous tourner vers un débat sur le détournement de deniers publics. L’escroquerie, le trafic d’influence permettent aussi de s’enrichir.
4. L’Etat doit nous dire dans quelle condition Locafrique est devenue son bailleur.
5. Encore une fois, le Procureur a l’obligation de s’autosaisir.
La Redaction