Résidant en Norvège, **Laye Ananas**, de son vrai nom Abdoulaye Dieng, est un Sénégalais de naissance. Héritier des grandes familles de griots du Saloum, il est maître de la parole, gardien des traditions millénaires, et artiste dans l’âme, évoluant en tant que musicien-chanteur.
Laye Ananas se définit comme un homme sans frontières, un ambassadeur infatigable de la culture africaine. Il promeut cette culture non seulement en Norvège, son pays d’adoption, mais aussi à travers toute l’Europe, où il se produit régulièrement avec son groupe. Ses voyages en Afrique, en Asie, et en Amérique lui permettent de se ressourcer et de renforcer ses liens culturels.
Ce musicien, qui incarne la joie de vivre africaine, l’ouverture, et la fraternité pan-humaine profondément enracinées dans les traditions du continent noir, a su conquérir la Norvège. Les municipalités norvégiennes le sollicitent régulièrement pour « apporter la bonne nouvelle de la culture africaine » aux enfants et adolescents des écoles, dans ce pays si éloigné de l’Afrique.
Interview de Laye Ananas : « La Scandinavie est ouverte à la culture africaine »
**Quand avez-vous commencé à faire de la musique ?**
J’ai commencé la musique en 1999.
**Pourquoi avez-vous choisi de vous installer en Norvège ? Depuis quand ?**
La Norvège est un pays caractérisé par son atmosphère paisible et sa population hautement éduquée, qui témoigne d’un grand respect envers les Africains. De plus, l’État norvégien consacre un budget substantiel aux activités culturelles. J’ai eu le privilège de signer plusieurs contrats artistiques ici et d’être honoré en tant que l’un des dix meilleurs artistes du pays. Depuis mon arrivée en 2013, la Norvège est devenue un lieu d’épanouissement artistique et personnel.
**La Scandinavie est-elle ouverte à la culture africaine ?**
La Scandinavie se distingue par son réel intérêt pour la culture africaine, offrant un soutien financier aux artistes et des lois protectrices. Les artistes bénéficient de subventions, qui incluent parfois le paiement des billets d’avion pour leurs performances lorsque les frais de voyage ne sont pas couverts par le contrat. De plus, la population scandinave manifeste un vif intérêt pour la culture africaine, au point que certains voyagent en Afrique dans le seul but d’approfondir leur connaissance de l’art africain.
**Comment jugez-vous votre expérience personnelle dans cette partie du monde ?**
Mon expérience m’a enseigné que les artistes, en particulier les artistes noirs, bénéficient de nombreuses opportunités. Nous sommes généralement respectés et bien traités partout où nous allons. En tant qu’artistes, nous avons également la chance de fréquenter des individus très influents avec lesquels nous n’aurions jamais eu la possibilité d’interagir autrement.
**Avec votre groupe, vous vous produisez dans de nombreux pays européens, n’est-ce pas ?**
Effectivement, depuis 2001, notre groupe s’est produit dans de nombreux pays européens. Nous avons débuté en Belgique, puis avons élargi nos performances à des pays tels que les Pays-Bas, la Croatie, la Pologne, l’Ukraine, la Russie, la Norvège, la Suède, le Danemark, la Suisse, l’Espagne, et le Portugal. Cette diversité de lieux nous a permis de partager notre art avec des publics variés et d’enrichir notre expérience artistique.
**Quel accueil recevez-vous du public ?**
Notre groupe est constamment accueilli avec une grande chaleur par le public lors de nos performances. Ils apprécient énormément nos prestations, ce qui se traduit souvent par un échange dynamique à la fin de nos spectacles. Certains artistes du groupe établissent parfois des liens étroits avec des membres du public, allant jusqu’à fonder une famille avec eux, témoignant ainsi de la profondeur des connexions créées à travers notre art.
**L’Europe semble être de plus en plus marquée par des succès électoraux de partis d’extrême-droite. Qu’en pensez-vous ?**
Au contraire, en tant qu’artistes, nous nous efforçons de combattre le racisme et de promouvoir l’unité. Après nos performances, nous partageons des moments d’émotion et de connexion avec le public, qui nous accueille chaleureusement. Cette atmosphère rappelle parfois les acclamations et l’amour ressentis lors des concerts de Michael Jackson, démontrant ainsi la puissance de la musique et de l’art pour transcender les barrières et créer des liens authentiques.
**Pourquoi êtes-vous actuellement en Afrique, et notamment au Sénégal ?**
Je suis actuellement au Sénégal pour encadrer et soutenir les jeunes talents qui ont besoin d’espoir. Mon objectif est également de promouvoir et de faire découvrir la culture africaine, en particulier celle du Sénégal, à travers le monde.
**Avez-vous prévu de faire des spectacles sur place ?**
Je prépare des festivals qui auront lieu chaque année, et nous prévoyons d’être inclus dans l’agenda culturel du Sénégal et de l’Afrique. Nous sommes en contact avec de nombreux promoteurs et autorités pour organiser des spectacles.
**Comment présentez-vous votre style musical ? Avez-vous déjà sorti des albums ?**
Nous avons enregistré un album à Amsterdam qui n’a pas encore été publié en raison des restrictions liées à la Covid-19. Cependant, très bientôt, mon groupe, *Lions of Africa*, sortira cet album pour promouvoir notre travail.
**Vous êtes en train de préparer une tournée américaine. Quelles sont les dates et les lieux retenus ?**
Oui, nous sommes en train de planifier une tournée américaine, mais pour le moment, seules la Californie et New York ont confirmé des dates, à savoir le 13 juillet 2024.
**Y êtes-vous déjà allé pour vous y produire ?**
Je n’ai pas encore eu l’occasion de me produire en Amérique, cependant, j’ai été sollicité à deux reprises en tant que professeur de danse.