Difficile de ne pas voir dans l’attentat meurtrier de Manchester (Royaume-Uni) une attaque contre la jeunesse, tant l’artiste visée en est l’incarnation. Lundi 22 mai, en se faisant exploser en marge d’un concert de la chanteuse américaine Ariana Grande, l’assaillant a tué 22 personnes, dont de nombreux préadolescents et des enfants. Avant l’attentat, le plus meurtrier depuis douze ans au Royaume Uni, ils étaient plus de 20 000 spectateurs venus assister, dans l’une des plus grandes salles de concerts du monde, la Manchester Arena, au show de la nouvelle diva du R’n’B.
Après l’attaque, Ariana Grande s’est dite « brisée ». « Du fond du cœur, je suis affreusement désolée. Je n’ai pas de mots », a tweeté la chanteuse, qui devait se produire jeudi et vendredi à Londres, puis poursuivre sa tournée en Belgique, en Pologne et en Allemagne.
Sur sa page Facebook, des dizaines de milliers de fans – son fan-club se surnomme « Arianator » – lui ont apporté leur soutien, en réponse au message qu’elle a publié. D’une même voix, des petites filles lui ont demandé « de ne pas culpabiliser ». Et des parents de continuer :
« Ce n’est pas de ta faute Ariana. Mes deux filles sont venues te voir ce soir, elles ont passé un moment formidable. (…) Elles ont vu des choses terribles, mais elles sont saines et sauves, comme toi. Tu apportes de la joie aux gens et ces monstres n’apportent que de la tristesse. J’espère que tu vas te remettre pour apporter à nouveau du bonheur dans la vie de tes fans. »
Née en Floride dans une famille d’origine italienne, Ariana Grande, 23 ans, assiste dès l’âge de 4 ans à des concerts de Madonna, Céline Dion et consorts. Très tôt coachée par sa mère, elle poste sur le Web une reprise d’« Emotions », de Mariah Carey, et court les castings. A 15 ans, elle rejoint les chanteurs d’une comédie musicale de Broadway, à New York. Elle intègre deux ans plus tard la sitcom musicale Victorious, dans le rôle de Cat Valentine, qui la lance définitivement auprès du public adolescent. Un rôle qu’elle lâche en 2012 avant de lancer sa propre sitcom, Sam & Cat. Sur grand comme sur petit écran, Ariana Grande raffole des parodies sanglantes à la Rocky Horror Picture Show.
Un extrait de sa sitcom « Sam & Cat » :
Côté musique, c’est en 2013 qu’elle sort son premier album avec un single remarqué, « The Way », en duo avec le rappeur Mac Miller. Le succès est fulgurant. Elle se hisse dans le Top 10 aux Etats-Unis et en tête des charts en Australie, au Royaume-Uni, en Belgique ou en Ukraine, rapporte 20 minutes. Suivront deux autres albums, tous vendus à des millions d’exemplaires et forts de collaborations avec le gotha de la pop comme Nicki Minaj, Iggy Azalea, Mac Miller, Mika…
Une tessiture de 4 octaves et un demi-ton
Petite par la taille (1 m 53), elle est grande par la voix, avec une tessiture de quatre octaves et un demi-ton qu’elle escalade en soprano sûre de ses effets. Au fil de ses albums enregistrés en studio, son style est progressivement devenu plus sensuel, notamment sur son dernier album, Dangerous Woman. Un titre provocateur autant qu’il est trompeur : Ariana Grande n’est pas coutumière des polémiques et scandales.
Incarnation de la culture américaine, elle se produit souvent dans des tenues ultra-sexys aux couleurs vives, mais revendique dans le même temps ses racines italiennes, dont elle a gardé les manières alanguies. Contrairement à Miley Cyrus, une autre star avec laquelle on la compare parfois, Ariana Grande n’a pas rompu avec son image de star pour ados.
L’un de ses titres les plus écoutés sur You Tube, Problem :
En 2015, la chanteuse pop avait fait la « une » de la presse tabloïd après avoir été filmée en train de lécher le glaçage d’un beignet en murmurant : « Je déteste l’Amérique. » Sommée de s’expliquer, elle avait assuré qu’elle critiquait juste le penchant de son pays à trop manger, précisant être « fière d’être Américaine ». Ariana Grande se tient généralement à l’écart de toute prise de position trop marquée, à l’exception d’allusions à son régime végétalien pourlutter contre la souffrance animale.
Seule position affirmée : en 2015, elle s’est distinguée par un manifeste où elle s’en prenait à l’attention portée à la vie sentimentale des femmes, et en particulier à la sienne. « La misogynie et les doubles standards sont toujours présents », avait écrit Ariana Grande sur les réseaux sociaux, où elle compte 45 millions d’abonnés sur twitter.
« J’ai hâte de vivre dans un monde où les gens ne seraient plus jugés en fonction de ceux ou celles avec lesquels ils sortent/se marient/sont liés, ont des relations sexuelles (ou pas)/sont vus (…), mais sur leur propre valeur en tant qu’individu. »