Dakarmidi – «Je suis éternel !», dixit Me Abdoulaye Wade. Politiquement parlant bien sûr. Ce qui est loin d’être totalement faux. Et pour cause, Abdoulaye Wade est l’homme politique sénégalais qui a plus marqué les différentes générations. La sienne, celle intermédiaire, mais aussi, l’actuelle, voire la future. Qu’on l’aime ou pas, tous ou presque reconnaissent qu’il est une véritable bête politique.
La politique est tout simplement dans son ADN. Wade ne vit que pour de la politique. Ses faits et gestes en témoignent. Machiavélique, jusqu’à la moelle épinière, le pape du Sopi étonne plus d’un. Même à 91 ans révolus (sans la TVA bien sûr), il se bat encore contre un régime qui l’avait battu au soir du 25 mars 2012 et qui a eu l’outrecuidance de condamner son fils, lui rendant inéligible avant de le contraindre à un exil forcé. Même si le protocole de Doha n’a pas encore livré toutes ses vérités. Le peuple attend encore le verdict.
Allergique aux numéros 2
Le parcours politique très riche de Me Abdoulaye Wade a été particulièrement marqué par son allergie aux numéros 2. Le pape Sopi s’est montré réfractaire à la dyarchie au sommet de son parti qu’il a créé depuis 1974 pour ne prendre le pouvoir qu’au soir du 19 mars 2000.
Une longue traversée du désert de plus de deux décennies qui a fait perdre à Me Wade beaucoup de ses lieutenants. Si Feu Boubacar Sall a été emporté par la faucheuse, Serigne Diop, Ousmane Ngom, Jean Paul Dias, Idrissa Seck et autre Macky Sall ont été froidement exécutés pour diverses raisons.
C’est sous Wade d’ailleurs que l’expression «lorgner mon fauteuil» a été largement utilisé dans l’espace public pour ne pas dire «inventer». L’hémorragie contre les fils putatifs ne s’arrêtera que quand le fils biologique aura les ambitions présidentielles. Et ce qui devait arriver, arriva. D’abord, lors des Législatives du 2009, puis le 23 juin 2011 et enfin le 20 mars 2012.
Capacité de renaitre de ses cendres
Wade a raison de dire qu’il est «éternel». Tel un phénix, il sait renaitre de ses cendres. Même si selon ses détracteurs, il n’a d’yeux que pour son fils, Karim Wade, il faut reconnaître que Léopold Sédar Senghor avait vu juste en le qualifiant de «Jombor» (le lièvre). De parti de contribution, le PDS est devenu la plus grande force politique du pays. Il suffit juste de jeter un coup d’œil sur les différentes listes et autres coalitions pour constater l’importance de ceux qui sont issus de ses flancs.
De la Coalition And Saxal Liggey d’Aïda Mbodji à celle de Mbollo Wade du duo Farba Senghor–Pape Samba Mboup en passant par Mankoo Yessal Senegal de Modou Diagne Fada, la Convergence libérale et patriotique de Sérigne Mbacké Ndiaye ou encore la Convergence patriotique Kaddu Askan Wi d’Abdoulaye Baldé. Toutes sont d’obédience libérale et nées par sa perte du pouvoir.
Mais au-delà de ses «satellites» Wade a su maintenir le cap même s’il administre son parti à partir de… Versailles. Ses retours programmés, planifiés, savamment orchestrés au Sénégal, ont toujours bénéficié d’une sur-médiatisation donnant même du tournis au régime en place qui multiplie les cafouillages.
Karim, l’ultime combat
La marche de Wade pour accéder à la magistrature suprême a duré 26 longues années. Il a vécu toutes sortes de brimades, la prison, les crocs-en-jambe, les trahisons. Mais comme Nelson Mandela (la comparaison s’arrête à la durée de ce dernier à la prison de Robben Isalnd), il a tenu bon pour atteindre le nirvana le 19 mars 2000. Il aura aussi laissé une empreinte indélébile surtout au plan des infrastructures, ce, quelle que soit la saveur de l’addition pour le contribuable sénégalais.
La plus grosse fausse note a été de vouloir imposer son fils. Mais surtout le forcing du 3ème mandat avec son lot de morts. Pour autant, Wade n’abdique toujours pas. Il y tient comme à la prunelle de ses yeux. C’est d’ailleurs, la seule raison qui explique son refus de quitter la scène politique sénégalaise. Après la libération de Karim Wade, Abdoulaye Wade va continuer à se battre par tous les moyens conventionnels ou non, pour rendre son fils éligible en 2019. C’est le seul et unique combat qui lui reste à mener. Un challenge qui passe forcément par les Législatives du 30 juillet. Rendez-vous demain dimanche !