« Mr le Ministre, les populations sont dépitées. Acquittez-vous de votre devoir d’explications ! »
Les révélations sur le foncier se suivent et se ressemblent ou presque. Elles sont fracassantes de par leur ampleur au point de laisser groggy les sénégalais les plus indifférents et découragés de la gestion des affaires publiques.
La dernière en date émane du journaliste Pape Alé Niang qui dans son émission Live sur le Web déclare que le ministre des finances et du budget aurait octroyé 55 ha à ses « goros » à Niacoul Rab. Que les thuriféraires du régime ne se hâtent surtout pas de bouder ma réflexion après m’avoir étiqueté éternel nihiliste ou opposant. Elle a son importance de poser un débat important dans un domaine essentiel qui rythme la vie de la nation que le foncier.
Pour se faire une idée du contexte de ma réflexion il y’a lieu de revenir sur les propos remonter au moment dans l’une de ses sorties sur le foncier, le ministre des finances et du budget disait ceci : « Je suis dépité par le bradage du littoral. Les attributions faites sur la corniche l’ont été avant l’arrivée du Président Macky Sall et la plus part de ces attributions sont l’œuvre de maires de l’opposition. On ne peut pas prêter au Chef de l’Etat de spoliation, ça n’existe pas….comment peut-on imputer au régime de Macky Sall des attributions antérieures à son arrivée au pouvoir ». A la lumière des propos du ministre, la question qui s’impose est de savoir est de savoir s’il a soumis à l’appréciation des populations concernées les 55 ha qu’il aurait gracieusement octroyés à ses « goros ». Moralité : Charité bien ordonnée commence par soi-même. Abdoulaye Daouda Diallo ferait mieux de piger et de s’appliquer cette maxime dans le cadre de la gouvernance foncière dont il est le principal responsable en tant que ministre des finances et du budget.
Autre chose que le ministre des finances gagnerait à s’approprier pour en faire une viatique de gestion publique : la meilleure manière pour des dirigeants d’éduquer leurs citoyens est d’avoir, eux-mêmes, des postures et des conduites inspirées par des valeurs et vertus susceptibles de faire des émules dans la conscience collective citoyenne. La gouvernance foncière vertueuse naturellement arrimée au devoir de rendre compte à temps opportun ne s’accommode pas du tout avec des approximations, des tergiversations et. C’est à se demander si le Ministère des finances n’est pas un habit, lequel s’avère trop ample et trop épais pour lui en cette période de canicule, a été bien taillé à sa juste mesure.
« Pour la bande du littoral de Guédiawaye et même sur tout le reste de la bande qui longe les filaos, le Président a prévu un plan d’aménagement qui sera fait en concertation avec les populations locales et les collectivités locales ». Aveu d’échec cuisant ! Faudrait-il que le Président de la République qui a fort à faire au redoutable front du combat complexe, difficile et multiforme contre la pandémie de la Covid-19 s’implique dans une sur des questions qui auraient pu être portées par les services compétents du ministre Abdoulaye Daouda Diallo ne serait pour la mise en pratique du moins d’Etat gage d’un mieux d’Etat.
Les vœux pieux qu’il a formulés ont bien les allures d’un prêche dans le désert dont les populations se seraient bien passées car elles savent pertinemment qu’ils ont été formulés justes pour une tentative de tuer dans l’œuf la clameur persistante et grandissante du peuple sur la gestion du foncier. A y voir clair, le ver se trouve dans le fruit. Ce n’est pas tant les exigences des populations pour une gestion rationnelle et démocratique des ressources foncières que l’incapacité du ministre à faire dans l’anticipation et la prospection dans la communication qui pose problème. Il est avéré que sous le règne d’Abdoulaye Daouda Diallo que certains de ses services comme les impôts et domaines n’a jamais été si malmené, désacralisé et cloué au pilori. L’On ne trouverait pas matière à sonner l’alerte si cela était l’œuvre d’une élite intellectuelle bienpensante prête à tirer sur tout ce qui bouge mais quand émane des populations de plus en plus exigeantes et intelligentes ayant fini de prendre la pleine mesure des dégâts faits par des gens issus des milieux politicoaffairistes, il y’a de quoi s’inquiéter.
Manifestement, le ministre Abdoulaye Daouda Diallo qui devait incarner la gouvernance foncière vertueuse par la station de responsabilité qu’il occupe a fini de prouver que les intérêts de sa propre famille élargie priment sur ceux des citoyens notamment de Gaddaye, de la cité Tobago et des impactés du Train Express Régional (TER) qui souffrent le martyre faute de pouvoir trouver un toit. Il est le premier à violer sa note de service où il dit en dernier paragraphe que les dossiers de plus de 2 ans doivent être soumis à nouveau à la commission de contrôle des opérations domaniales. Or celui de sa belle-famille date de mars 1017. Portant de facto un sacré coup à la « bonne marche et à la notoriété de la DGID ».
Si ce fait pour le moins gravissime et grotesque se serait passé dans des pays ou la démocratie n’est pas réductible à l’embellissement de la galerie, la posture républicaine décente et honnête aurait dicté la démission à Abdoulaye Daouda Diallo ne serait-ce que pour un temps nécessaire à la manifestation de la vérité à même d’éclairer lanterne de l’opinion publique nationale et internationale sur cette affaire abracadabrante d’octroi de 55 ha.
Sous le règne du Président Abdoulaye Wade qu’il accuse d’avoir fait des attributions politiciennes avec une légèreté évanescente et par des généralités affreuses qui renseignent sur ses carences, Mamadou Seck a eu à démissionner de son poste de ministre des finances après avoir été accusé de malversations afin de permettre à la justice de faire son travail sans anicroches. Une posture courageuse qui lui vaut encore de savourer sa retraite paisible au bord de l’océan à Mbao. Ne serait-ce que pour la postérité, l’acte qu’il avait posé à l’époque devrait susciter l’émulation chez l’actuel ministre des finances. Ce serait là une stratégie moins laborieuse de défendre le Président Sall au lieu de persister dans une attitude réductrice d’inertie qui, le moment venu, va contraindre le peuple averti à jeter le bébé (Abdoulaye Daouda Diallo) avec l’eau du bain (Macky Sall). Pour ne pas en arriver là, briser son silence de plus en plus assourdissant par une communication d’explications apaisantes sur le foncier en général sur cette question précise des 55 en particulier ha est tout le mal que l’on souhaite à Abdoulaye Daouda Diallo. Mr le Ministre, les populations sont dépitées par les 55 ha que vous aurez octroyés à vos « Goros ». Expliquez-vous.
Dame Diaw
Membre de l’alliance Sauver le Sénég