Dakarmidi – Le crépuscule de règne d’un régime est très souvent le miroir d’une ambiance tendue et chaotique, d’une atmosphère dangereusement pointillée de querelles internes, d’invectives, de répression et d’intimidation des opposants. Les actes hautement désespérés et inefficaces que pose le pouvoir du président Macky Sall -l’embastillement du Maire de Dakar Mr. Khalifa Sall et les tentatives d’intimidation de l’ancien premier ministre Mr. Abdoul Mbaye- s’inscrivent malheureusement dans cette sombre et triste réalité politique d’un pouvoir en perte de légitimité et sur la voie de sortie. Apparemment, le spectre d’une défaite aux prochaines législatives semble s’être emparé du camp présidentiel qui n’hésite plus à régler ses comptes en public.
Le plateau du journal de 13H de la TFM (Télévision Futurs Médias) a été -le Mardi 02 Mai- le théâtre d’un spectacle répugnant, choquant et inédit de ce pouvoir en complète désintégration politique. Au cours de l’entretien avec la présentatrice du journal, le leader de la majorité parlementaire Mr. Moustapha Diakhaté a traité Mr. Aliou Sall -frère du président Macky Sall- de tous les noms d’oiseaux, l’accusant entre autres d’être un menteur et un opportuniste. Sa charge furieuse contre Mr. Aliou Sall, très instructive et révélatrice du grand malaise qui règne au sein de la majorité présidentielle inspire trois observations.
D’abord, elle confirme ce que tout le monde savait déjà. Le pouvoir de Macky Sall est avant tout une affaire de famille, laquelle est outrageusement disséminée aux quatre vents de l’état. Cette conception domestique du pouvoir est non seulement à mille lieux de l’essence même de la «gouvernance sobre et vertueuse» mais la trahison morale et éthique de la volonté populaire largement exprimée en 2012 contre cette forme de gouvernance d’antan, périmée et intempestive qui repose essentiellement sur la devise implicitement égoïste des familles présidentielles: lâchement invisibles durant les périodes de disette et de conquête du pouvoir mais ostensiblement omniprésentes lors de son exercice. Cette forme d’égocentrisme pourrait facilement être assimilée à de la sous-traitance du devoir de résistance, de participation et de combat aux autres familles censées organiser, manifester, occuper la rue, subir souvent les assauts, les matraques, les grenades lacrymogènes des forces de sécurité et voire perdre la vie.
Ensuite, elle révèle d’une part un parti en mode autopilote et d’autre part l’opportunisme déconcertant d’Aliou Sall -anonyme avant 2012- qui se drape de ses habits royaux de la fratrie des « Sall » pour engranger les fonctions électives mais aussi défier ouvertement la république de son frère président -en envoyant ses partisans manifester devant le palais sans être nullement inquiétés-. Apparemment, le statut de frère du président est un gage d’immunité.
Enfin, elle expose à ciel ouvert les fissures internes d’une majorité désunie et désorientée qui n’hésite plus à laver honteusement et pitoyablement son linge sale en public. Les militants et autres partisans du pouvoir, spectateurs passifs des disputes de la fratrie des «Sall» en deviennent les victimes collatérales, obligées de recourir aux plateaux de télévision pour se justifier et laver leur honneur. C’est pitoyable !
Dans cet environnement politique souillé par ces querelles stériles, la démission inattendue du Ministre de l’Energie Mr. Thierno Alassane Sall -qui serait liée selon certains au contrat d’exploration cédé au Groupe Total- ajoute une pièce de plus à ce puzzle pétrolier et gazier qui nous rapproche davantage des frontières des pays victimes de la malédiction pétrolière.
Il est temps de siffler la fin de la recréation. L’opposition patriotique a le devoir de s’unir pour présenter une liste unique aux législatives et offrir un programme alternatif de gouvernement afin d’abréger cette présidence par défaut dont la substance morale est échue depuis le 01 Avril 2017. A rebours, toute autre décision ne ferait que prolonger la survie végétative d’une coalition hétéroclite de vieillards et de transhumants de la pire espèce -mus uniquement par l’appât du gain- sous la houlette d’un président irascible et imperméable à la moindre critique, hostile à la compétition des idées et des programmes et à la tête d’un pouvoir aux abois, inapte et incompétent, qui ressemble de plus en plus à un gouvernement fantoche au service exclusif d’intérêts étrangers.
Serigne Massamba Diba