Dakarmidi- La justice a inculpé le journaliste Adama Gaye pour « offense au chef de l’Etat ». L’activiste avait été mis en garde à vue après son interpellation lundi par la division des investigations criminelles.
On lui reproche des publications sur internet critiques à l’égard du président. Adama Gaye est également accusé de « manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique.«
Depuis 2012, on reproche à une dizaine d’activistes sénégalais des faits d' »offense » au président Macky Sall. À chaque fois c’est l’article 80 du code pénal qui est utilisé. Après l’activiste Guy Maruis Sagna arrêté le 16 Juillet pour ses publications sur facebook, le journaliste Adama Gaye, très virulent à l’égard de Macky Sall, a été, lui aussi, inculpé mercredi pour les mêmes faits. Une épée de damoclès qui fait planer des menaces de prison sur la liberté d’expression dans le pays estime le blogueur Alexandre Lette. » Nous vivons au Sénégal un autoritarisme d’Etat qui instrumentalise à sa guise le pouvoir judiciaire pour des règlement de compte. L’affaire du journaliste Adama Gaye aurait pu se régler autrement que par la prison. Je ne dédouane pas par là les violences verbales. Je dis tout simplement que pour des propos qui ne rentrent pas dans le domaine de l’appel à la haine, de l’injure contre les communautés religieuses ou contre les ethnies, les sanctions autre que l’emprisonnement peuvent être proposés, » souligne le blogueur.
Le journaliste sénégalais Amada Gaye qui se revendique comme un militant pour la « justice, la transparence et le progrès« , est l’auteur de plusieurs articles dénonçant ce qu’il considère comme la mauvaise gestion du secteur du pétrole et du gaz.
Mais le pouvoir l’accuse d’avoir publié sur les réseaux sociaux plusieurs messages obscènes, mettant en cause la vie privée du président Macky Sall et de son entourage.
Pour Abdoulaye Dieye, professeur de droit et sciences politiques à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, le niveau de la démocratie dans le pays est tel que, l’article 80 du code pénal, qui sanctionne les délits d’offense au chef d’Etat, ne peut plus faire la différence entre la liberté d’expression et offense au président de la république. » C’est vrai que cela pose problème et ça toujours été décrié par tous les démocrates de ce pays parce que c’est un article ambiguë prévu par le code pénal. Non seulement on ne sait pas à partir de quand on dit qu’il y a offense au chef de l’Etat mais c’est surtout la procédure qui est une procédure draconienne qui pose problème. Parce que quand le procureur dit que quelqu’un est coupable d’offense au chef d’Etat, cela veut dire que nous sommes dans un cadre où le juge d’instruction perd toute sa liberté, » souligne le professeur Dieye.
De 2012 à 2017, environ 7 personnes ont été inculpées pour offense au président Macky Sall – soit pour des caricatures ou pour délits d’opinion.
Pour sa part, le journaliste Amada Gaye dit être retenu pour ses écrits basés sur des faits réels liés à la gestion des hydrocarbures du Sénégal dont les conditions d’attribution de marchés à une société de l’homme d’affaires australo-roumain Frank Timis qui avait embauché Aliou Sall, le frère du président sénégalais continue d’agiter la classe politique sénégalaise.
Le mouvement « Y’a en marre » organise ce vendredi une marche à Dakar pour demander la libération de l’activiste Guy Maruis Sagna arrête le 16 Juillet la gendarmerie sur instruction du procureur de la République. Il lui est reproché la publication de deux commentaires sur sa page Facebook qui dénoncent le mauvais état des hôpitaux au Sénégal.
Avec DW