Quand est-ce que Macky Sall va-t-il comprendre que les sanctions qu’il a soutenues contre le Mali sont contraires aux intérêts fondamentaux de son pays ?
C’est un fait que les sanctions honteuses, illégales et inhumaines imposées par le syndicat de chefs d’Etat de la CEDEAO n’ont pas atteint leur objectif, qui était d’asphyxier le Mali et provoquer la capitulation des autorités de la transition, pour le grand bonheur du président français, Emmanuel Macron ! C’était sans compter la grande fierté et la dignité du peuple malien et sa détermination à recouvrer sa souveraineté et son indépendance.
La réponse du peuple malien aux sanctions
La détermination et le courage du peuple malien ainsi que la diplomatie active et intelligente des autorités de la Transition ont permis de déjouer les calculs de la CEDEAO. En effet, le peuple malien a accueilli avec un grand mépris ces sanctions, dictées par la France et l’Union européenne. La manifestation de millions de Maliens le 14 janvier partout dans le pays et dans la diaspora était la réponse de tout un peuple fier et digne uni derrière les autorités de la transition. C’était un message clair et puissant adressé au syndicat de chefs d’Etat de la CEDEAO ! Ces derniers ont dû se rendre compte que politiquement, c’était un échec cuisant, car ils espéraient pouvoir retourner l’opinion contre les militaires au pouvoir. Ce fut l’inverse ! Jamais Assimi Goïta et ses camarades n’ont été aussi populaires que depuis cette décision stupide et illégale, dictée par Paris et Bruxelles ! Fortes de ce soutien populaire sincère et puissant, les autorités de la Transition ont entrepris de mener une diplomatie active et intelligente pour faire échec à l’isolement diplomatique et politique que voulait leur imposer la CEDEAO. .
Solidarité de la Guinée et de la Mauritanie
D’abord, les militaires au pouvoir en Guinée ont opposé un refus catégorique aux sanctions, se disant n’être pas concernés par des décisions auxquelles ils n’ont pas pris part. La Guinée a donc apporté sa solidarité au Mali et décidé de laisser ouverte la frontière entre les deux pays. Dans la foulée, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a visité Conakry, à la tête d’une importante délégation composée de plusieurs ministres et de hauts fonctionnaires. Cette visite, couronnée de succès, renforça la solidarité et ouvrit des perspectives économiques favorables au Mali avec la mise à disposition du Port de Conakry. Ce fut ensuite une autre visite d’Abdoulaye Diop à Nouakchott, toujours accompagné d’une forte délégation composée de plusieurs ministres et hauts fonctionnaires. Dans la capitale mauritanienne, la visite du diplomate malien fut également couronnée de succès, avec la possibilité d’utiliser le Port de Nouakchott. Rappelons que la Mauritanie a refusé d’appliquer les sanctions de la CEDEAO, malgré une mission de celle-ci dépêchée à Nouakchott pour la persuader de les soutenir. Donc, échec et mat pour Macky Sall et ses pairs! Un autre facteur favorable au Mali a été le coup d’état au Burkina Faso, qui a balayé Roch Marc André Kaboré, qui avait participé au complot contre le Mali, quelques jours auparavant à Accra. Ce coup permit d’ouvrir une autre frontière pour le Mali, mettant davantage échec à la tentative d’étouffement du pays.
Solidarité de la société civile sénégalaise
A ces succès diplomatiques et politiques, il faut ajouter la solidarité des peuples de la sousrégion, notamment au Sénégal, en Côte d’Ivoire, dont les dirigeants sont les principaux valets de Macron dans sa guerre contre le peuple malien. Après la grande manifestation organisée à Dakar le 28 janvier, une délégation de la société civile sénégalaise s’est rendue à Bamako, pour manifester sa solidarité avec le peuple malien et les autorités de la Transition. Composée du Pr. Pierre Sané, ancien sous-directeur de l’UNESCO ; de l’honorable député Mamadou Diop Decroix ; de Guy Marius Sagna, président de FRAPP et de Amidou Sidibé, de la Ligue UMOJA, la délégation a été reçue par le Premier ministre malien et le président du Conseil national de transition, qui joue le rôle d’Assemblée nationale. La délégation a également eu des entretiens avec des organisations de la société civile malienne et des partis politiques. Son séjour fut conclu par une conférence de presse, avec Madame Aminata Traoré, ancienne ministre de la Culture du Mali et figure de proue du mouvement altermondialiste mondial.
Sénégal: le grand perdant !
A la lumière de ce qui précède, on voit que le Sénégal risque d’être le grand perdant des sanctions de la CEDEAO contre le Mali. Rappelons que ce pays est le premier partenaire commercial du Sénégal dans la CEDEAO. Les échanges annuels entre les deux pays tournent autour de 500 milliards de francs CFA. Selon le président des Groupements économiques du Sénégal (GES), la perte du trafic sur le Mali pourrait entraîner une perte de l’ordre de 600 milliards de francs CFA ! A cela, il faut ajouter la perte des Entrepôts maliens au Sénégal (EMAS) au Port de Dakar. Comme indiqué plus haut, le Mali est déjà activement engagé dans des pourparlers avec les Ports de Conakry et de Nouakchott qui pourraient se substituer au Port de Dakar! Même si les sanctions sont levées un jour, la confiance ne sera plus complètement rétablie entre les deux pays, en ce qui concerne les relations économiques et commerciales. En effet, il est très difficile, voire impossible, de reconquérir un marché perdu. Ainsi donc, tous les acteurs dont les activités sont liées aux relations avec le Mali risquent-ils de pâtir de cette situation. Et pourtant les transporteurs routiers sénégalais avaient sonné l’alerte dès après le Sommet d’Accra, en soulignant que ce sont des dizaines de milliards de francs qui sont en jeu chaque jour pour le Sénégal. Mais Macky Sall et son gouvernement ont fait la sourde oreille. Ce n’est pas seulement le Port de Dakar et les transporteurs routiers qui vont perdre gros dans l’embargo contre le Mali. Il y a également Air Sénégal International, qui a suspendu ses vols vers Bamako, alors que c’est une route très lucrative. D’autres compagnies de la sous-région profitent de l’aubaine. C’est le notamment le cas de Air Mauritanie. Quant à Air France, elle a décidé de reprendre ses vols vers Bamako, passant outre l’objection de Macron !
Quand est-ce que Macky Sall va-t-il comprendre que les sanctions qu’il a soutenues sont contraires aux intérêts fondamentaux de son pays? Quand entendra-t-il le cri de détresse des milliers de ses compatriotes affectés par ces sanctions illégales et inhumaines ? Selon certaines sources, un dégel est en train de s’amorcer entre lui et Assimi Goïta, le président de la transition du Mali. Ils se seraient parlé la semaine dernière. En tout état de cause, maintenant que Macky Sall est président en exercice de l’Union africaine, peut-être qu’il adoptera une position plus conciliante et demandera à ses pairs de la CEDEAO de lever les sanctions contre le Mali qui, manifestement, ont été un échec. Il sortirait ainsi le Sénégal d’une très mauvaise passe.
Demba Moussa Dembélé