Dakarmidi – Nous nous refusions à commenter le dernier appel du Président Macky Sall au Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), appelant celui-ci à « faire enfin le pas décisif vers la paix définitive ; une paix sans vainqueurs, ni vaincus », mais voilà qu’une déclaration de la Communauté Sant’Egidio nous oblige à reconsidérer cela. Une déclaration porteuse de flammes, contrairement à l’idée commune. Cette dernière affirme en effet que deux éléments de la faction MFDC de Salif Sadio, qui auraient été jusqu’alors dans les liens de la justice, auraient recouvré leur liberté le 1er janvier 2018, grâce à sa médiation.
Très embarrassées par cette sortie de Sant’Egidio, les Autorités se contenteront pour leur part de préciser que les personnes en question ont tout simplement bénéficié d’un non-lieu. Tant mieux pour les personnes concernées. Il ne s’agirait donc pas d’une grâce présidentielle obtenue à la demande de Sant’Egidio, après condamnation définitive des intéressés, mais d’un non-lieu arraché par cette ONG à l’autorité judiciaire compétente. Les puristes en droit, et notamment en matière de l’indépendance de la justice, apprécieront. Aussi, l’embarras des Autorités, suite à cette opération de com’ de Sant’Egidio, est-il d’autant plus problématique que, officiellement, il n’y a plus de détenus politiques ou d’opinion en relation avec le « Problème casamançais ». Et ce, depuis les Accords de paix de Banjul I, II & III (décembre 1999-février 2000). Mieux, une loi d’amnistie existe depuis 2004, qui absout les militants, les sympathisants et les combattants du MFDC de tous délits politiques ou d’opinion. Il est d’ailleurs curieux, et de manière symptomatique, que ce soit nous, et personne d’autre, marqué au fer rouge de la rébellion et de l’indépendantisme casamançais, qui nous sentions tenu de le rappeler.
2 C’est donc une hérésie, de la part de Sant’Egidio, que de laisser à penser que les détenus en question, appréhendés pour des affaires de droit commun, étaient des détenus politiques ou d’opinion. Car, à l’instar des détenus estampillés APR de Macky Sall, ou AFP de Moustapha Niasse, ou encore PS de Ousmane Tanor Dieng, ces derniers n’étaient rien moins que des détenus de droit commun. Notons, tout à propos, que chaque fois que Sant’Egidio joue les porte-paroles du Gouvernement sénégalais et qu’elle communique en son nom sur le « Problème casamançais », alors même qu’elle ne dispose d’aucune culture d’aucune sorte sur le sujet, l’Etat se tire une balle dans le pied. Qui plus est, dans son opération de com’ sur les ondes de RFI, y compris donc au nom du Gouvernement sénégalais, Sant’Egidio suggère en substance que le Président Macky Sall aurait découvert, à la faveur du processus dit de Rome, et seulement à la faveur de cela, que les militants et les combattants du MFDC étaient ses compatriotes et ses frères. N’est-ce pas une insulte à l’intelligence sénégalaise ?
Quoi qu’il en soit, une telle découverte, si heureuse soit-elle, ne saurait valoir un accord de paix en Casamance. Enfin, pour notre part, nous entendons dans l’appel du Chef de l’Etat à l’intention du MFDC, le Nième du genre, un aveu d’échec ou d’impuissance, sinon de faiblesse, qui tranche ainsi, radicalement, avec les affirmations péremptoires de Sant’Egidio quant aux prétendues avancées du « processus de paix de Rome ».
Dakar, le 6 janvier 2018. Jean-Marie François BIAGUI Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)
P.S. : A peine avons-nous bouclé le présent communiqué, que nous apprenons la mort tragique de 13 personnes en Casamance, près de la frontière avec la Guinée-Bissau. En attendant d’y voir plus clair et d’y revenir, nous déplorons et condamnons ces actes perpétrés par des hommes armés non-identifiés.