Étant impliqué dans la vie politique, je n’ai pu résister à la tentation d’exprimer mon amertume mais aussi ma tristesse face aux perversions démocratiques qui s’emparent de mon pays.
La liberté excessive d’expression est devenue pour certains hommes politiques, un instrument de légitimation de leurs dérives dont se pare leur hideuse conception de la démocratie. Le peuple confisqué par la désinformation ne se reconnait plus dans l’image que le concept renvoie. Ce qui devait faire la force de cette démocratie c’est l’esprit, la foi, l’adhésion est le consensus populaire qui la portent et l’animent. Aujourd’hui ils se sont envolés. Et pire! Le verrou psychologique et affectif qui la sous-tendait a sauté laissant à la place : pagaille, anarchie, désobéissance, révolte, violence verbale, haine cachée, incivisme.
Je n’ai pas su taire non plus mon indignation face à ce tintamarre inutile et inacceptable orchestré par une certaine « opposition » concernant le parrainage. De quoi s’agit exactement ? Eh bien! Il s’agit de la volonté de :
• rationaliser pour une meilleure efficacité les candidatures à tous les types d’élections, de sorte que le jeu politique devienne plus visible et que les élections ne coûtent plus trop de milliards de francs CFA aux contribuables sénégalais.
• mettre sur un pied d’égalité les Sénégalais désireux de prendre part à la compétition pour l’élection présidentielle.
Ce projet n’est-il pas génial ? D’autant plus que cette révision constitutionnelle ne concerne que le principe du parrainage et que toutes les autres modalités seront largement discutées avec les chefs de parti et avec le peuple.
Alors qu’est-ce qui justifie cette gesticulation, ce brouhaha infécond et assourdissant nourri de déclarations vibrantes et parfois emphatiques ? Ainsi, farfadets et lutins chagrins, « guignols » politiques, menus fretins moutonniers, hommes et femmes politiques respectés, charlatans au gilet estampillé d’arabesques, candidats recalés, tous, dans un méli-mélo effroyable, encombrent les médias pour tenter de convertir des mensonges en vérité absolue. Le Sénégal n’est pas une monarchie. Il est une démocratie mature. Et les attaques « rachidiennes » de ce noble projet ne doivent pas occulter l’appel incessant au dialogue du Président de la République qui a fini de faire écho jusqu’aux hameaux les plus lointains et qui, malheureusement, a été rejeté d’un revers de la main par une bande d’individus qui ont fait l’option d’une opposition systématique.
Oui le chemin de Macky SALL est long et difficile, car jonché de traquenards et de chausse- trappes. Sa diabolisation est cynique et ahurissante mais en parfaite harmonie avec les méthodes de lutte contre un homme qui prend de l’ascension. Son bilan est inattaquable parce que satisfaisant. Le seul alibi qui demeure pour animer le paysage politique, jusque-là laissé en jachère, est ce fameux projet relatif au parrainage citoyen. Suffisant pour s’y cramponner comme des larrons et entreprendre de mettre Macky SALL en mal avec son peuple.
Je précise que le parrainage est introduit au Sénégal depuis 1991 dans la Constitution mais ne s’appliquait qu’aux candidats indépendants à qui l’on exigeait la signature de 10.000 électeurs domiciliés dans les régions. Maintenant il s’agit simplement de l’étendre aux partis politiques.
Le Sénégal n’est pas le seul pays à instituer le parrainage pour l’élection présidentielle. En France il est exigé aux candidats 500 élus (maires, députés, sénateurs…). Le parrainage citoyen existe aussi dans d’autres pays comme le Portugal (7500 signatures), la Roumanie (200.000 signatures), la Finlande, la Pologne. Même les élections primaires américaines obéissent au même esprit que le parrainage citoyen : à savoir établir un filtre et éviter une pléthore ingérable de candidats pour la présidentielle en procédant à l’écrémage des candidatures au sein des deux principales formations politiques, les Démocrates et les Républicains.
Ceux qui parlent, aigris et rabougris par les contrecoups de leur statut d’opposants, ne sont que des renifleurs de « trône ». Déjà enivrés par les parfums envoûtants mais dangereux qu’exhale le pouvoir, ces quidams surexcités frappent prématurément et avec fracas aux portes du palais de la République pour assouvir virtuellement un désir irrésistible. Je les appelle des « terroristes intellectuels ».
En mars 2018, je rappelais que le Président Macky SALL a décidé de s’inscrire « résolument dans le temps de l’action », il n’est donc pas surprenant de le voir proposer à ses compatriotes une solution à la problématique qui risque d’entraver la marche démocratique au Sénégal : le nombre explosif des partis politiques.
Il faut stopper les excès et éviter de basculer dans le ridicule. L’on a l’habitude de dire que la démocratie a un prix mais cela ne doit pas virer à la pagaille et à la confusion.
Comment un pays comme le nôtre peut-il se permettre de continuer à répertorier 300 partis politiques pour 15 millions d’habitants si l’on sait que près du tiers de ces organisations ne sont pas localisables, faute d’adresse précise de leurs sièges sociaux.
Comment éviter à notre pays des dépenses inutiles à l’occasion de rencontres aussi sublimes que les joutes électorales qui permettent aux Sénégalais de confier les destinées de leur pays à des candidats crédibles et sérieux.
Est-il besoin de rappeler qu’à l’issue des dernières élections législatives, 2/3 des 47 listes en compétition auraient pu se garder de se présenter au vu des résultats qu’elles ont obtenus.
Souvenons-nous qu’il ait fallu également trouver la solution de l’option offerte à l’électeur d’aller à l’isoloir avec seulement 5 bulletins de son choix sur les 47 présents dans les bureaux de vote.
Comment un candidat à une élection aussi sérieuse peut-il espérer être élu, avec plus de 50% de l’électorat, s’il ne peut avoir la mobilisation de 1 % des électeurs inscrits pour parrainer sa candidature ?
Comment ne pas être sensible à l’utilisation irrationnelle de moyens matériels et humains, au temps d’antenne nécessaires à la couverture de la campagne électorale en cas de pléthore de candidatures ?
Il nous faut éviter le dévoiement de notre démocratie et parvenir à décourager les candidatures fantaisistes et celles de ceux qui ne cherchent qu’à faire leur promotion personnelle
Mon cœur, outré d’ennuis et d’angoisse face à ces menaces, s’interroge sur le sort de notre démocratie. Ô Dieu ! Quel grand dilemme !
Faut-il poursuivre ce combat de salubrité nationale et sauver la démocratie ou laisser la place à ces pratiques malveillantes pour éviter de perdre des électeurs désabusés ? L’un m’anime le cœur et l’autre m’étreint la voix.
Nos adversaires n’hésitent plus à franchir les frontières morales qui délimitent le champ politique au Sénégal, usant et abusant de toutes les opportunités offertes par le système démocratique pour piétiner les conventions sociales et morales qui ne sont inscrites dans aucun code, hormis celui de l’honneur.
La morale ne se codifie pas. Elle participe de la culture, de l’éducation.
Aussi, est-il urgent et nécessaire pour tous les patriotes du pays de prendre leurs responsabilités et de ne pas laisser faire.
Rappelons-nous cette affirmation d’un grand penseur : « ce n’est pas le mal qui détruit le monde mais ceux qui le regardent faire son œuvre sans agir ».
Diéne Farba SARR
Membre Fondateur de L’APR
Section: libreparole