Dakarmidi – L’élection présidentielle de février 2019 se singularisera de façon certaine par l’introduction d’un aspect nouveau notamment le parrainage si le projet de loi venait à être adopté.
Cette innovation est consécutive à l’évolution de notre démocratie et c’est normal que les instruments qui la soutiennent doivent naturellement suivre.
La réforme proposée s’inscrit, à mes yeux, pleinement dans une logique de corriger les imperfections liées à la pluralité des candidatures. En dépit de la volonté affirmée de renforcer l’assise démocratique de notre pays, le parrainage suscite une levée de bouclier chez certaines formations politiques qui qualifient la réforme d’inique. Pour ma part, ce comportement symptomatique d’une opposition nihiliste relève purement de la surenchère électoraliste.
De quoi est-il question dans le projet de loi que le Président de la République compte faire adopter dans notre ordonnancement juridique? Pour appréhender la portée de la réforme susvisée, il faut la mettre en rapport avec les législatives du 30 juillet 2017. En effet lors des dernières élections, 47 listes différentes se disputaient le choix des Sénégalais, un fait inédit dans l’histoire politique du pays. La pléthore de listes avait fait apparaître des candidatures fantaisistes, sans but politique et non conforme au service de l’intérêt général.
En outre, la saturation des bureaux de vote, la ressemblance des bulletins, la contrainte de temps d’antenne à accorder à chaque candidat sont autant de difficultés résultant de la pluralité de listes.
La qualité de notre démocratie se trouvait ainsi affectée au même titre que l’exercice électoral et ce constat était partagé par l’ensemble des acteurs politiques. Il était alors urgent de repenser la procédure de présentation des candidats aux joutes électorales en général et à l’élection présidentielle en particulier.
Dans cette perspective, le projet de loi vise à renforcer la lisibilité de l’élection présidentielle et à lui rendre sa pleine signification grâce à l’établissement d’un système de parrainage citoyen. Cette procédure laissant la part belle aux citoyens apparaît comme plus large, plus ouverte et plus populaire. Elle devrait permettre de rendre une partie de sa crédibilité au débat politique national et aux enjeux démocratiques. Elle assurerait une réappropriation citoyenne, en devenant la cause du citoyen.
Il s’agit également de rendre au débat son intelligibilité en évitant que des listes que certains qualifient de « fantaisistes » ne se servent du scrutin pour diffuser, à l’occasion de la campagne électorale, des messages sans rapport avec l’objet de la consultation. Concrètement, si le projet de loi passe en l’état, les listes des partis et coalitions de politiques ou des candidats indépendants doivent atteindre ou dépasser 1% des électeurs inscrits sur le fichier.
Autrement dit, avec le fichier de 2017, il faut être parrainé par 65 000 électeurs pour se porter candidat à la candidature présidentielle. Dans l’absolu, on ne peut prétendre à une représentation nationale si on est incapable de mobiliser 65000 voix pour porter sa candidature.
De plus, le fait que tous les pays qui élisent leur chef de l’État au suffrage universel disposent d’un mécanisme de sélection des candidatures, devrait convaincre ceux qui en doutaient encore du caractère démocratique du système de parrainage.
Cette tendance vers l’élimination de fait des petits partis qui ne sortent de leurs tanières qu’à la veille des élections consacrera plus de démocratie. N’en déplaise donc aux mauvaises langues, le parrainage des candidatures, loin d’être une mesure politicienne de disqualification d’adversaires, permet de crédibiliser le scrutin en exigeant une base électorale pour prétendre à la magistrature suprême de notre pays. C’est aussi cela la démocratie
En définitive, les conditions rigoureuses qui seront instituées par la réforme du code électoral vont filtrer les candidatures et seuls les partis et les personnalités à fort ancrage national prendront part à la compétition politique de février 2019. Et ceci a au moins une vertu: élever le niveau des débats et mettre fin au parasitisme politique dont le point culminant a été atteint lors des dernières élections législatives.
* Coordonnateur Fédéral de la DSE APR CANADA