Dakarmidi – Il est certain que la légitimité nationale se mesure via des élections. Or, de 1960 à nos jours les Présidents sénégalais accèdent au pouvoir en raison de défaillances d’un système
Le 1e Président :
Au lendemain de l’indépendance, les blancs « démissionnent ». Un groupe de sénégalais se partage les différents postes, sans le consentement de la population. En effet, Mamadou Dia devient vice-président du conseil du gouvernement, puis Président du conseil après le départ de Pierre Lami. À Lamine Gueye, fut confiée l’Assemblée Nationale. Et le 5 septembre 1960, Senghor devient Président de la République du Sénégal, sans élection. Il fut à la tête du pays de 1960 à 1980.
Le 2e Président :
Ex premier ministre du Sénégal, Abdou Diouf accède à la magistrature suprême grâce à un article bien taillé par son mentor, l’article 35 de la constitution d’alors. Il succède au Président Senghor après sa démission en 1980. Là aussi, le peuple n’a pu que constater.
Le 3e Président de la république :
Pour la première fois, depuis la proclamation de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, un Président arrive par voie électorale: 31% pour Abdoulaye Wade contre 69% des électeurs au 1e tour. Me Wade triomphe ainsi au second tour devant Abdou Diouf. Les assoiffés d’alternance d’alors votèrent contre Abdou Diouf sans savoir à qui profitent leurs voix. Rappelons-nous le fameux slogan: « tout sauf Diouf ».
Quant au 4e Président de la République du Sénégal:
Je suis catégoriquement d’avis qu’il est le Chef d’État le mieux élu de l’histoire politique du Sénégal. Macky Sall a récolté 65,8% des voix au second tour. Mais en même temps c’est le Président qui a été élu de la pire des manières. Le Président Macky a paradoxalement tout et son contraire à la fois.
En effet, sur les 14 millions d’habitants que comptait le Sénégal en 2012, seuls 5.302.349 étaient sur le fichier électoral. Au 1e tour, seuls 719.367 sur les 2.735.136 ont voté pour lui, soit un taux de 26,58%, avec une différence de 1.189.877 voix.
Mais qu’a fait le candidat Macky Sall pour en arriver à 65% au second tour ?
Donner une réponse à cette question, est très simple. En réalité, ce qui intéressait les manifestants du 23 juin, c’était que Wade quitte le pouvoir. En faveur de qui ? C’était le cadet de leurs soucis.
Conséquence: Nous avons eu un Président à la recherche de popularité et de légitimité.
Le peuple sénégalais est resté très longtemps sans voix, sans choix. Il n’enquêtait pas, ne questionnait pas, et ne demandait aucun compte. Il était presque insensible à ce qui était dit ou fait en son nom.2019 sera une grande première. Une élection où les sénégalais réussiront à choisir librement leur Président sans aucune influence, religieuse ou confrérique. Celui qui présidera aux destinées des sénégalais dans les cinq prochaines années, sera élu sur la base d’un programme bien précis.
Un programme calqué sur des considérations nationalistes. Détrompons-nous. Le peuple a déjà fait son casting. Il veut un Président patriote, intègre, et intelligent. Un leader qui est capable de réduire leurs souffrances. Cela passe par des reformes pertinentes sur des domaines tels que l’éducation, la santé, l’administration, le foncier entre autres. Le peuple veut une école sénégalaise qui est en phase avec ses valeurs, des universités qui lui permettent de répondre aux questions de l’heure.
Des temples de savoir qui valorisent les acquis du pays. Le peuple est assoiffé de changement de paradigme.
Il urge de refonder l’éducation nationale, l’enseignement professionnel et supérieur, la santé l’économie, et la justice.
L’administration sénégalaise est l’une des plus malades au monde. La confiance que le peuple avait en elle, s’effrite crescendo. Elle doit être réformée pour plusieurs raisons. Mais retenons les détournements, enrichissements illicites et la corruption qui y sont parfois décriés.
il est inadmissible et inacceptable que des gens (ministres, directeurs généraux…) continuent de s’enrichir sur le dos des sénégalais. Ceci est possible à cause des défaillances de l’administration en complicité avec des agents bien avertis. Bref, celui qui doit remplacer le Président sortant doit se conformer à ces exigences du peuple. Il devait proposer mieux que le PSE. Quoiqu’on puisse dire, le président Macky SALL est en train de travailler, le Sénégal est en chantier, les choses bougent. Même si l’essentiel des projets sont concentrés à Diamniadiao. Il faut lui reconnaitre l’audace de construire une nouvelle ville. C’est vraiment une avancée majeure. L’opposition sénégalaise doit travailler à identifier les souffrances et les attentes des sénégalais. Il y va de la pertinence de leurs propositions. Il ne s’agit pas de « psalmodier » les maux des concitoyens. Ce serait une lapalissade. Si l’opposition ne propose pas mieux que le président sortant, sa défaite est garantie au soir du 24 février 2019.
Même si son poids électoral est estimé actuellement à 41%, ceux qui rejoignent la Coalition Beno Bokk Yakar ( DIAGNE FADA, NDENE NDIAYE, PAPE SAMBA MBOUP, SERIGNE MBACKE NDIAYE BASSIROU KEBE…) n’y ont rien à apporter de plus. Ils ont tous été battus dans leurs régions respectives. Certains, dans leurs propres bureaux de vote. Ce rapprochement avec le Président Macky Sall peut leur coûter très cher.
Des Coalitions s’imposent :
L’opposition doit connaitre son poids électoral et nouer des unions fortes mais compatibles. Exemple: que les libéraux qui ont une certaine carrure électorale (WADE, IDISSA SECK, PAPE DIOP…) s’organisent autour d’un candidat charismatique. Un politique qui a une bonne assise sur le plan international.
Une autre coalition s’impose. Celle de la troisième voie. C’est à dire, ceux qui incarnent la rupture sur le plan politique, et qui prônent l’intégrité et le patriotisme: (OUSMANE SONKO, THIERNO A. SALL, MOUSTAPHA GUIRRASY, le juge IBRAHIMA DEME, ME ADAMA GUEYE, AMSATOU SOW SIDIBE, HADJIBOU SOUMARE, BOUGANE GUEYE SEIKH ALASSANE SENE…).
Une enquête montre que beaucoup de sénégalais sont séduits par ces nouveaux hommes politiques. Déjà près de 15% (intentions de vote) seraient en leur faveur. Le reste sera déterminé par le programme que porterait leur candidat. Si ce schéma se confirme, le second tour sera inévitable en 2019. La coalition qui doit compléter la liste est celle des anciens compagnons du Président sortant (KHALIFA SALL AISSATA TALL SALL, BAMBA DIEYE, MALICK GAKOU MANSOUR SY…).
Des sénégalais vont s’identifier à cette coalition pour deux raisons: la justice (victimisation) et les valeurs. Ces acteurs capitaliseraient 11% des intentions de vote, parce que tout simplement les électeurs ne savent pas où les classer. Rien ne dit que l’élection présidentielle de 2019 sera à deux tours, même si la plupart des sénégalais ne sont pas satisfaits du septennat de Macky Sall.
Une intention de vote n’est pas définitive, elle évolue en faveur d’un programme proposé. C’est-à-dire qu’au jour de l’expression des suffrages, le candidat qui offre mieux peut bénéficier de voix dont il ne s’attendait pas.
Dire que Macky Sall a déçu les sénégalais est une contre-vérité. Mais les sénégalais voulaient un changement et ils l’ont eu.
Mouhamadou Abib SEYE