Dakarmidi – L’émergence ne peut pas se réaliser si nous nous ne décidons pas de changer cette conception et perception des notions de l’heure, de l’urgence, de la nécessité et de la priorité qui nous sont typiquement Sénégalaises.
Nous ne respectons jamais l’heure.
Les exemples ne manquent pas. Le 10 Mars 2018, j’avais pris part à une réunion de jeunes dans une ville du Sénégal. Sur la convocation, il a été bien précisé que le début de la rencontre était fixé à 9h00. Il a fallu attendre dans la salle plus de 6 bonnes heures, c’est-à-dire exactement à 13h45 pour démarrer les travaux non sans constater que tout le monde n’était pas encore au rendez-vous. Plus grave encore, personne dans l’assistance ne semblait être perturbé par ce très grand retard. Pire, nous nous sommes contentés d’un simple aveu et d’offre d’excuse pour ne pas mesurer l’impact des dégâts. Dégâts ont –ils eu lieu
Nous nous soucions peu des urgences.
Un autre soir d’un Mercredi, je revenais du stade. A quelques encablures de chez moi, j’ai vu un groupe de personnes devant l’entrée d’une petite ruelle. Il m’a fallu m’approcher pour me rendre compte du spectacle : un jeune garçon gisait par terre presque inconscient. « Il faut appeler les Sapeurs-pompiers. Il va mourir !», fulmina un inconnu. «Nous les avons appelés il y’ a une demie heure», rétorqua un autre inconnu. « Ils n’ont cessé de poser de stupides questions ! », expliqua un autre. D’un retrait furtif, je fis venir un taxi pour évacuer le malade à l’hôpital. Les sapeurs-pompiers ne sont jamais venus !
Nous aimons nous focaliser sur des détails.
Le cas Pr Songué DIOUF affole les toiles jusqu’à aujourd’hui. Un soir d’un Vendredi, lors d’une émission télévisée, le sieur aurait fait l’apologie du viol. En affirmant que le port vestimentaire des femmes est le premier viol perpétré contre la décence et la dignité féminine. Et voilà que tout le monde s’acharne sur lui prétextant d’être des féministes. Au même moment, des enfants sont volés, violés, mutilés, égorgés et portés disparus créant ainsi une psychose généralisée dans une société jusqu’alors épanouie. Combien de Mamans désespérées ! Combien de Papas désorientés ! Combien de familles disloquées ! Et combien de bonheur déchanté ! Mais, aucune de ces féministes n’en est cure ! Sont-elles pas des sœurs, des femmes et ou des mamans avant d’être des féministes?
Nous confondons toujours vitesse et précipitation.
Le Président de la République aurait nourri un projet de construction d’un nouveau Palais à Diamniado. L’annonce de cette nouvelle a fait l’effet d’une bombe médiatique créant ainsi un débat trop controversé. Les partisans du Chef de l’Etat tentent comme ils peuvent de justifier sa pertinence pendant que le citoyen lambda et certains représentants du peuple ont du mal à voir de ce projet une ambition opportune. Il ne s’agit pas ici de faire le procès des deux camps pour ensuite donner feu vert ou d’ordonner l’annulation mais bien simplement de nous amener à nous questionner sur le contexte pour nous rendre compte d’une autre équation beaucoup plus complexe et très souvent esquivée.
Il nous faut une mentalité et attitude nouvelles.
Il s’agit là d’une invite voire une introspection beaucoup plus sérieuse, profonde et généralisée de notre conception et perception Sénégalaises des notions de l’Heure, de l’Urgence, de la Nécessité et de la Priorité. Faire preuve de leur ignorance, de leur confusion ou simplement de leur insouciance constitue un sérieux obstacle pour l’émergence. S’il est vrai que le développement s’inscrit dans le temps et la durée, il nous faut dès lors nous réussir à une appréhension du TEMPS en accord avec nos objectifs pour être de vrais acteurs dans la refondation de notre nation et la construction d’un nouveau citoyen accompli et conscient.
Le respect de l’heur comme pari individuel et exigence collective
Dans le respect de l’heure se cachent la manifestation du degré élevé de son engagement et la confirmation d’une prise de conscience aigüe du sens de sa responsabilité face à la multitude et complexité des défis à relever. Derrière ce respect de l’heure se trouve une volonté commune retrouvée de mutualiser les idées et les actions afin de défier les limites. Respecter l’heure convenue donc se doit être un pari personnel et individuel qu’il faut à tout prix réussir d’abord et avant de l’exiger ensuite. Tout est question de comportement dans un Sénégal qu’il convient de rendre meilleur et qui nécessite le concours du meilleur de chacun et de tous.
Vers un sens de responsabilité citoyenne accrue.
Décréter une urgence ou répondre à une urgence est un sursaut citoyen salvateur. Il requiert une compréhension transversale de la sacralité de la vie, de la noblesse de la mission et de l’impérieuse nécessité du don de soi pour ainsi éviter de faire de son confort ou quiétude personnels une obstination voire un sérieux menace pour la société. Loin de minimiser les efforts encore moins d’exiger une quelconque prise de conscience supplémentaire pour qu’on veuille appeler sans rien dire ou trouver du plaisir à déranger au moindre incident, il nous faut mesurer la gravité de notre attitude et la part de notre responsabilité à chaque que nous sommes tentés d’émettre des appels anodins ou d’en ignorer sans raison valable.
Chaque chose à son temps et chaque temps à sa chose.
La priorité est l’antichambre de la nécessité. Tout est question d’enjeux, de temporalité et de pertinence. Confondre la nécessité avec la priorité enlève toute la pertinence de la temporalité et fait dérouter la perception des vrais sens des enjeux du moment. C’est pourquoi ouvrir la fenêtre de la nécessité tout en fermant les portes de la priorité est une belle et triste façon de s’installer confortablement dans la pénombre du dilatoire et de la procrastination. L’émergence est une série d’étapes interdépendantes, aucune étape si petite soit elle ne saurait être brulée sous aucun prétexte. Notre volonté d’améliorer concomitamment notre manière de concevoir et de percevoir les notions de l’Heure, de l’Urgence, de la Nécessité et de la Priorité est une exigence citoyenne nationale.
Khassoum DIOP
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