Dakarmidi – L’ouverture officielle de l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD) nous met devant les réalités objectives de notre incapacité à mener à bien un projet. Le projet devait durer 30 mois et coûter 230 milliards FCFA; il a fini par revenir à 775 milliards FCFA et n’a été livré que dix années plus tard.
Un projet qui coûte plus de trois fois plus cher et qui dure quatre fois plus longtemps a été très mal géré, pour le moins que l’on puisse dire. En gestion de projet, le respect des délais et la maîtrise des coûts sont au coeur de tous les processus. Plus les délais s’étirent et plus cher sera le projet aux niveaux des intrants et des rémunérations du personnel et du capital. La conception du projet, sa planification, sa mise en oeuvre et son suivi-évaluation répondent tous à l’impératif de respecter rigoureusement coûts et délais. Sous ce rapport, le « Projet AIBD » fera date dans les annales comme un projet très mal géré. Les cinq milliards FCFA de mensualités de remboursement auraient couvert l’intégralité des prêts en 46 mois si les délais de 30 mois avaient été respectés; maintenant, il faut 155 mois, trois fois plus longtemps pour éponger les dettes contractées.
Le « Projet AIBD » nous ressemble à bien des égards. Nous ne sommes pas rigoureux avec le temps et l’argent : nous ne sommes pas ponctuels au travail et dans les rendez-vous; nous dilapidons nos revenus dans des futilités et nous jouons avec l’argent public. A contrario, tous les pays qui avancent vite prennent le chemin inverse : optimisation du temps et de l’argent pour créer toujours plus de valeurs pour enclencher des cercles vertueux. Sans épargne sérieuse, pas d’investissements conséquents et pas d’emplois. Nous sommes, nous, plutôt, destructeurs de valeurs et enclencheurs de cercles vicieux de par nos laxismes avec le temps et l’argent.
Initier de petits et grands projets est indispensable pour aller de l’avant ou émerger, si l’on veut. Ce sont les projets réalisés qui créent et distribuent les richesses nécessaires au progrès de tous. Mais ce ne sont pas n’importe quels projets. Ce sont les projets bien gérés dans la conception, la planification, la mise en oeuvre, le suivi-évaluation et l’amélioration continue. Ce ne sont pas les projets dont les coûts et les délais tirent en longueur.
Pour le bien de tous, veillons à ce qu’il n’y ait plus de « Projet AIBD », un projet qui dure quatre fois plus longtemps que prévu et coûte trois fois plus cher que les coûts initiaux. Pour le bien de tous, il faut des projets rigoureusement bien gérés, respectant les délais et les coûts projetés.
Par Mamadou Sy Tounkara