Dakarmidi – Il ne faut surtout pas se méprendre. Le chaos électoral en cours au Sénégal est le nécessaire résultat d’une ferme volonté de préservation du pouvoir par le sous-préfet du FMI, de la Bank, de l’UE…qu’est le président Macky Sall. Une infrastructure semi coloniale détermine une superstructure toute aussi semi coloniale.
Autrement dit, le système politico-électoral sénégalais est taillé sur mesure pour que se succèdent des collabos qui ne remettront jamais en cause le système économique néo colonial. C’est ainsi qu’il faut comprendre les 65 millions et les 15 millions de caution pour participer aux élections présidentielle et législatives. C’est seulement sous ce prisme que l’on peut comprendre le mode de scrutin communément appelé « Raw Gaddu ».
Les récents changements des règles du jeu électoral par Macky Sall nous renseignent sur une chose. Quand la démocratie semi coloniale ne suffit plus à garantir cette préservation du pouvoir par la bourgeoisie bureaucratique, elle n’hésite pas à la piétiner. Comme n’avaient pas hésité à se dédire Wade et le PDS en 2011 avec leur fameux « ma waxoon waxeet ».
Cependant, le code électoral qui est un élément de la superstructure néo coloniale peut également changer dans un sens positif. Mais ce n’est jamais de gaieté de cœur que les collabos et bourgeois bureaucratiques consentent à cela. C’est toujours le résultat des luttes des peuples qui donnent par exemple les passages du parti unique au multipartisme limité au multipartisme intégral, ou qui donne encore le passage à l’isoloir ou au code électoral consensuel de 1992.
Au cours de ces luttes, certaines fractions de la bourgeoisie bureaucratique et même des collabos intéressés par une alternance – mais sans alternative – peuvent lutter énergiquement contre le code électoral en vigueur car les empêchant d’être Khalife à la place du Khalife. Mais cela ne devra jamais nous faire oublier que la virulence du propos et le caractère énergique ne change en rien la nature conservatrice de ces collabos ou bourgeois bureaucratiques déchus ou cherchant elle aussi ses deux mandats de gloire. Et les patriotes et révolutionnaires ne devront jamais refuser de se battre à leurs côtés. Mais ils devront cependant refuser de mettre sous le boisseau leur drapeau pour la souveraineté économique et la souveraineté démocratique. Ils devront aussi faire attention à ne jamais se faire duper par les autres familles politiques qui considèrent les patriotes et les révolutionnaires comme de la volaille à plumer, des escaliers vers le pouvoir.
Au cours de ces luttes, certaines fractions du peuple frappent ensemble mais marchent séparément et à d’autres moments ils peuvent marcher et frapper ensemble. Cela est arrivé tout dernièrement lors du référendum ou le camp du NON renfermait deux fractions – « Niani Bañ na » et « gor ca wax ja » – qui frappaient ensemble et mais marchaient séparément.
Et avant cela entre 2011 et 2012 avec le Mouvement du 23 juin (M23) où les différentes fractions marchaient et frappaient ensemble. Manko était un projet pour le marcher ensemble et le frapper ensemble. Projet torpillé pour des raisons électoralistes. Ce qui est indéniable aujourd’hui est qu’il faut frapper le régime APR-BBY dans ses manœuvres à préserver une assemblée nationale croupion qui dira OUI à toutes les exigences de l’impérialisme et NON à toutes les aspirations du peuple.
Dans cette perspective NOUS DEVONS DIRE NON AU PIEGE DE L’ANNULATION-REPORT EN EXIGEANT : – le droit de chaque citoyen à sa carte d’identité et d’électeur – le respect du droit de vote avec la nouvelle carte – la transparence totale du vote et la mobilisation populaire pour en contrôler le déroulement – l’arrêt durant la campagne des émissions sur les soi-disant « réalisations » du pouvoir libéral et leur comptabilisation dans le temps d’antenne légal de BBY – l’organisation unitaire d’une manifestation – c’était la vocation initiale de Manko en tant que front pour des élections transparentes et le respect des droits des citoyens – à la Place de l’Obélisque pour la remise des cartes à tous et l’inscription de tous sur les listes électorales – l’arrêt de l’utilisation de l’argent public pour la campagne de BBY – la libération du candidat Khalifa Sall arbitrairement gardé en prison. Les heures à venir vont nous révéler si, comme lors du référendum, l’opposition va frapper séparément ou ensemble.
Guy Marius Sagna
Directeur de Campagne de la coalition » Ndawi Askan Wi »
Dakar, le 25 juillet 2017