Dakarmidi – ……Le beau et la bête……. Papinou était beau, Papinou était gentil, Papinou donnait de l’argent….Papinou était romanromantic comme dans le clip de Korede Bello et Tiwa Savage. Papinou m’appelait tous les vendredi, avant d’aller à la mosquée, pour me dire qu’il pensait à moi. Papinou était un bon croyant, tellement croyant que tous les soirs, il m’envoyait les Duas du soir. Papinou m’envoyait de tellement beaux messages que les paroles de Francis Cabrel dans petite Marie me semblaient finalement trop simplettes. Papinou était beau, tellement beau que Shemar Moore, vous savez, le black d’esprit criminel , eh bin, il n’était plus si extra que ça en fin de compte. Papinou était tellement généreux, que le billet mauve du CFA ne valait absolument plus grand chose pour moi. Mon cerveau était passé en mode Dollars. Papinou était tellement gentil, que le plus gentil de mes amis et et la plus gentille de mes amies avaient finalement des défauts…Bref, Papinou était l’homme parfait. THE homme, 29 ans (j’en ai 22), donc très prêt à s’engager. Celui à présenter à mes parents…Bon…La tache semblait un peu compliquée puisque Papinou ne vivait pas dans ma ville, ni dans mon pays, ni même dans continent d’ailleurs. Compliquée aussi parcequ’on ne s’était encore jamais vus, et qu’il avait prévu de passer les fêtes à Dakar, uniquement pour 10 jours….Mais l’amour était plus fort que tout, de toutes manières. Plus fort que les frontières, que les milliers de KM qui nous séparaient, que les mises en garde de mes lourdoooo de copines, que le Enième sermon de mon meilleur ami (je le soupçonnais d’être un petit peu amoureux de moi, donc pas du tout objectif), et plus fort que le temps: On sortait (virtuellement) ensemble depuis 2 mois.
Papinou devait débarquer sur Dakar…Et je mis les bouchées quadruples. Je suis belle, c’est vrai, très belle même, plus belle que belle, mais il fallait que je redouble de beauté. Je suis de type NFKN (Ndiol,Feess, Kheess, Neekh: Grande, avec des formes, claire et bonne). Je suis intelligente, c’est vrai, mais à quoi ça me servirait? Rien. Ah si quand même! Mettre en place un montage financier sur la base de promesses non verbales, mais logiques de financement sous forme de don ,de la part de mon cher et tendre Papinou…Pour le plus grand bonheur de mes fournisseurs, au masculin et au féminin. Les premiers étaient nettement plus faciles à appâter. Un regard, grand et un brin séducteur, ponctué par une pose cils extra naturelle…Un petit déhanchement que j’ai mis 3 semaines et 4 jours à mettre au point devant mon miroir, de longs doigts fins, agrémentés d’un verni rouge corail posé parfaitement sur ma peau éclatante, résultat du dernier château bordeaux de chez MOR Matar…
Mes fournisseurs au féminin? Elles, une capture d’écran de la dernière opération de transfert venant tout droit du Minessota leur suffisait.
Bref…
J’étais dans mon nuage. Papinou était l’aboutissement, l’accomplissement, la fin en soi. Papinou était mon lendemain, mon futur, ma promesse d’avenir, le garant de mon ‘’Donkaassigui’’. Avant Papinou, il n’y avait rien. Après Papinou, une impossibilité. Papinou était mon salut. C’est vrai, je n’ai jamais roulé sur l’or, mais mes traits, mon bonjour et mon au revoir en faisait tourner des têtes, mais aucun ne m’avait fait tourner la tête, sauf Papinou. Facebook…
La magie des groupes, des commentaires, des ‘’risquer’’, m’avait affranchi de mes pires craintes, et parmi elles, mourir pauvre. Papinou était mon sauveur, mon piment Tyson, celui qui faisait frémir mon coeur, sincèrement. J’aimais son argent, j’aimais son pays de résidence, chez Bush, Barack et Donald, mais je l’aimais aussi, lui….
Bref…
Papinou est arrivé, un soir de Décembre, un soir frais et étoilé. Avec les soins d’Eva, ma copine Make Up Artist, j’étais juste éblouissante, hypnotisante, resplendissante, extraordinairement attirante.
Le Lace Wig aux cheveux naturels Péruviens m’arrivait à la taille, je l’avait payé à crédit, garanti par le fond d’investissement de la fondation Papinou. Le sac, un vrai faux Yves Saint Laurent, les chaussures, de vrais fausses Loulou et Boutin, étaient eux aussi le fruit d’un prêt, garanti par le même fonds. Le jean, le blouson, la ceinture, le sautoir, les boucles d’oreilles, et ma lingerie, de chez Coco Mode, un ami qui n’a jamais pu rien me refuser. Mes Sms mi ange mi démon faisaient systématiquement effet avec lui. J’avais des armes infaillibles, et tout ça, pour le plus grand bonheur du seul, de l’unique Papinou.
Bref…
Papinou était arrivé. Ils était divinement beau, plus beau que la beauté…Et deux soirées plus tard, et un baiser de la case départ, Papinou me promit l’union éternelle, le mariage. Oh Mon Dieu! Que demander de plus! Les offrandes prescrites par ma voyante traitante Gnilane Diome étaient juste extraordinairement efficaces. Papinou et tout le package étaient dans ma poche, et dans mon coeur…On passa la nuit du 24 décembre ensemble, c’était féérique, c’était magique. On gloussait sous le sapin, sous le regard jaloux de mes copines, et les sourires moqueurs de mes meilleurs amis. Il me proposa de me déposer chez moi, et me proposa, avec son sourire juste irrésistible, de passer d’abord chez lui…Il avait oublié sa carte ‘’GAB’’. Il ne pouvait pas me laisser rentrer sans au moins m’assurer mon argent de poche. Il n’en fallut pas plus pour que je lui tienne la porte de son appartement meublé, et qu’au bout de 5 minutes, je me retrouve en tenue d’Eve, complètement à sa merci…C’est pas si grave, Papinou va t’épouser, me disait la petite voix du démon….
Bref…
L’intimité de Papinou et la mienne firent connaissance…Dans son appartement Meublé, à Gà Saly, à Ngaparou, aux iles du Saloum et même dans sa V8, louée pour les vacances…Le 31 décembre, Papinou me dit qu’il n’allait pas pouvoir se libérer, repas de famille, mais que le 1er Janvier, il allait venir chez moi, faire la connaissance de mes parents….A 3H du matin, le 1er janvier, au parking du VIP Club des Almadies, nos chemins se croisèrent, nos regards se croisèrent. Il était beau comme Apollon, et, pendue à ses bras, Beyonson (la version chinese de Beyonce). Le synonyme de la vulgarité…et après larmes et crises, il me dit ‘’c’est ma cousine, on vient de notre diner familial’’.
Bref…
Je le crus. Le 1er Janvier dans la journée, le téléphone de Papinou fut constamment en mode occupé. Ma mère attendait la visite du Messi. J’attendis moi aussi, longtemps, jusque tard le soir…Le 02 Janvier, ne tenant plus, je sonnais à son appartement meublé. Un vieillard m’ouvrit. Non, il ne connaissait pas de Papinou. Il venait d’arriver de Bretagne…C’est un appartement meublé, qui se loue par jour, me rappelle t-il. Je compose encore une millième fois son numéro: Boite vocale. Sur Whatsapp, il n’apparait plus. Sur Facebook, je me rends compte avec effarement qu’il ne figure plus dans ma liste d’amis, et sur la barre recherche, je ne le retrouve plus. Papinou m’avait bloquée…Comme sa carte GAB, qui était bloquée le fameux premier soir…
Je me suis alors rendue compte que je faisais partie du package vacances de Papinou. Je suis entrée dans l’épopée après Papinou…mais je ne l’imaginais pas aussi cauchemardesque…Là, je suis à la police, seule, dans une cellule qui sent le pipi, à chercher le sommeil…Mon bonjour et mon au revoir ne me serviront à rien ici…Mes créanciers et créancières en ont eu marre…
Bref…
Je suis foutue.