Benno Bokk Yaakar a certes gagné les élections locales, contrairement à ce que laisse croire l’opposition toujours poussive, toutefois un message fort a été adressé au régime. Un énième message qui en dit long sur une soit disante « exaspération » de cette frange contestataire qui doit être audible si le régime ne veut pas faciliter sa décadence.
Gouverner démocratiquement, c’est aussi écouter inclusivement, évaluer objectivement, corriger, s’adapter et avancer en ne prenant en compte que la volonté populaire, car après tout les gouvernés priment sur le parti ou la mouvance présidentielle. Qu’on soit dans la mouvance présidentielle ou dans l’opposition, le compagnonnage avec le Président Macky Sall n’est agréable que si les différents bords jouent le jeu démocratique avec une honnêteté intellectuelle et que seul le débat d’idées, orienté intérêt et émergence du pays, prévale.
À ce titre, il faut saluer la démocratie et la transparence qui ont prévalu globalement durant le scrutin du 23 janvier 2022.
Si les grincements d’octobre 2020, les événements de mars 2021 n’ont pas été assez évocateurs pour alerter sur les maux qui expliquent la révolte de la jeunesse, il faut que le vote-sanction du 23 janvier soit véritablement pris au sérieux et que l’Etat ait le courage d’une autocritique constructive. À défaut, ce sera une politique de l’autruche qui conduira dans un avenir proche (législatives 2022) à un enfoncement irréversible.
Les trois chantiers persistants du Président de la République.
À l’analyse de la situation actuelle du pays, bien que de nombreux efforts structurels soient consentis (dont l’intérêt est encore peu compris par la frange qui vote contre le régime par conviction ou par manipulation), le Président Macky Sall devra encore renforcer sa politique « conjoncturelle », notamment la politique sociale et la politique de jeunesse. Et ce, sur fond d’une rigueur de la gestion des deniers publics et des ressources (gestion accès sur le résultat sur fond d’intégrité absolue). Au moins, adopter une nouvelle stratégie de communication qui met en lumière les efforts consentis.
Les scandales à répétition pèsent encore dans la perception de l’opinion du régime. Des décisions fortes, sans état d’âme et sans considération politique aucune seraient des signaux forts à fort impact dans le capital-sympathie en faveur du Président.
Tant que l’opinion ne sentira pas un léger mieux ou une rupture par rapport à ces insuffisances dans la politique sociale, la politique de jeunesse et une bonne gouvernance des deniers et ressources du pays, la tendance poursuivra sa courbe descendante.
Sur les questions de la prise en charge de la jeunesse et du social, les approches de l’État sont imparfaites et vouées à l’échec.
J’ai écrit plusieurs tribunes pour parler des préalables à mettre en place de façon transversale et inclusive. Autant il faut saluer le programme « Xeyu ndaw gni » autant il faut reconnaître, par expérience comparée, qu’il suspend une problématique majeure mais ne la résolve pas structurellement.
Aller d’abord vers une architecture gouvernementale qui colle avec la réalité démographique et socioéconomique du pays.
Les Ministères en charge du social et de la jeunesse ne sauraient être efficaces avec la configuration actuelle des prérogatives, des missions et la répartition des moyens. Lorsque la structuration démographique du pays change (de surcroît dans un contexte covid aussi complexe que celui que nous vivons), il faut changer de paradigme, prendre des décisions importantes et opérer des réformes non seulement courageuses, mais conjoncturellement ingénieuses. L’on connaît les vrais problèmes du pays, on a des solutions à portée de main (je peux développer au besoin). Seulement la politisation de tout et « l’isolement » du Président de la République gênent dangereusement. Le Président gagnerait à s’affranchir de certains politiques, certaines pratiques et à s’ouvrir aux technocrates qui ont des expériences probantes et qui connaissent bien les problématiques listées.
L’on est conscient que nul ne fait l’unanimité. Mais des efforts drastiques dans le social, la jeunesse et une plus grande rigueur dans la gestion des deniers publics ou plus de protection des intérêts nationaux, réduiraient considérablement les reproches des sénégalais.
Cheikh Mbacké SENE
CTCOM Ministère de la Jeunesse
Spécialiste de Communication sensible, Veilles & intelligence économique
Diplomé en Leadership (Harvard)
Doctorant en administration des affaires au School of Business and Economics, Atlantic International University (Hawaï, USA).