Dakarmidi – Michel Collon posait la question : « Quel est le critère pour l’Europe, pour les Etats-Unis, pour distinguer le bon arabe et le mauvais arabe ? ». Il répondra : « Le bon arabe c’est l’arabe qui est à genoux, qui donne son pétrole aux USA et celui-là il pourra traiter les femmes en esclaves, commettre des tortures, du terrorisme ; celui-là on ne lui fera rien, parce qu’il dira toujours merci aux Etats-Unis et à monsieur Sarkozy. ». C’est pourquoi par exemple nous n’entendrons rien à propos du roi d’Arabie Saoudite et des autres souverains des pétromonarchies…
Le problème de MUGABE est qu’il a été sa vie durant « un mauvais nègre ». Il a commis le crime de lèse majesté de changer le nom d’un territoire, Rhodésie en référence à Cécil Rhodes dirigeant de l’ancienne compagnie minière anglaise la British South Africa Company, en ZIMBABWE. Pire, il a commis le crime de lèse majesté de faire ce que MANDELA et l’ANC n’ont pas osé faire: mettre fin à l’Apartheid économique. Il a arraché les terres des colons pour les remettre à son peuple. Exproprier des expropriateurs. C’est depuis ce jour qu’il est un dictateur pour les pays impérialistes. Ses erreurs, ses faiblesses…sont réelles. Mais ce n’est pas de cela dont il est question. Entendez-vous cette dite communauté internationale japper contre Eyadéma, contre Compaoré avant qu’il ne soit chassé? Compaoré a fait 27 ans au pouvoir. Omar Bongo a fait 42 ans à la tête du Gabon. Il est remplacé par son fils. Où est cette même communauté internationale ?
Houphouët-Boigny a fait 33 ans au pouvoir ? Eyadéma père a été président du Togo pendant 38 ans. Il meurt au pouvoir et est remplacé par son fils. Ces quatre exemples montrent que le bon président en Afrique et ailleurs n’est pas celui qui ne dure pas au pouvoir pour les médiacrates et leurs maitres impérialistes. Mais celui qui laisse faire le pillage de son peuple. MUGABE, du moins sa résistance avait fini par leur sembler immortelle. Ce ne sont pas ses 30 ans de présidence après avoir été premier ministre pendant 7 ans qui sont en cause. Il lui est reproché le crime de l’immortalité de la résistance anti impérialiste. Justement c’est cette résistance qu’il faut retenir tout en travaillant à un anti impérialisme démocratique. Sans se faire cependant d’illusion.
Les cas de Allende, de Sankara, de Nkrumah, de Cabral, de Lumumba…sont là pour montrer que la révolution anti impérialiste est considérée comme une déclaration de guerre par les exploiteurs. Tout en étant critique, retenons aussi que « C’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé, qui détermine la forme de la lutte » (Nelson Mandela). Mugabé, trop immortel pour les impérialistes. Mais surtout immortel pour les peuples en lutte pour la souveraineté pour qui il sera à jamais une source d’inspiration.
Dakar, le 23 Novembre 2017