Dakarmidi – Dans mon texte envoyé à la presse hier, j’ai exprimé mon étonnement devant le montant de 595.625.480 francs CFA présenté, par deux quotidiens de la place, comme le budget 2017 de l’OFNAC. Je me suis dit dans un premier temps que ce devait être une erreur, que le budget de l’OFNAC de 2016 ne pouvait pas diminuer à ce point. J’ai différé donc la publication de mon texte pour en avoir le cœur. J’ai alors appelé trois fois mais sans succès mon frère le député Mamadou Lamine Diallo. Il était peut-être pris par ses activités de député sur le terrain. Finalement, comme aucune réaction n’a été enregistrée venant des autorités compétentes pour corriger l’information publiée (depuis le mardi 18 octobre 2016), j’ai envoyé mon texte pour publication. C’est le même jour vers 23 heures que j’ai reçu un SMS de la députée Hélène Tine qui me signale, après avoir lu mon texte (à seneweb certainement) ce qui suit : « (…) Sur l’OFNAC, un budget de 1 milliard 200 millions est inscrit dans les transferts courants plus 595.625.480 mais dans le budget de la Présidence de la République. Il y a donc une baisse de 400 millions pour l’OFNAC (…). »
Même à ce montant, ce budget alloué à l’OFNAC est insignifiant par rapport à la mission qui lui est confiée : contribuer notablement à faire reculer la fraude et la corruption au Sénégal. Il est pratiquement au même niveau que le budget du Secrétariat général de la Présidence de la République et deux fois moindre que celui du Cabinet du Président de la République. Mais, ce qui est plus important encore à signaler c’est que, selon la députée Hélène Tine, le budget de l’OFNAC est rattaché à la Présidence de la République. Je ne pouvais évidemment pas envisager une telle éventualité car, au chapitre premier portant dispositions générales de la loi qui crée l’OFNAC, l’Article premier précise : « Il est créé une autorité administrative indépendante dénommée Office national de lutte contre la fraude et la corruption dite OFNAC. Rattaché à la Présidence de la République, l’OFNAC est doté de l’autonomie financière. »
Je ne suis ni juriste ni spécialiste des finances publiques. Cependant, quand l’OFNAC dispose de l’autonomie financière, son budget ne devrait pas être inscrit dans celui de la Présidence de la République. Cette décision s’inscrit, sans aucun doute, dans la volonté affichée par le Président de la République de tenir l’Office en laisse. Ses déclarations d’intention ne sont pas en accord avec ses actes quotidiens.
Dans mon texte « Chat échaudé craint l’eau froide », j’invite mes compatriotes à lire la « Déclaration de la République du Sénégal » au « Sommet sur la lutte contre la corruption » (Londres, le 12 mai 2016). D’entrée de jeu, on lit dans la fameuse Déclaration ce qui suit : « La corruption est un cancer au cœur de tant de problèmes du monde. Elle détruit la confiance du public dans le Gouvernement, porte atteinte à la primauté du droit et fausse l’économie. » Un peu plus loin, notre République réaffirme sa ‘’ferme’’ volonté de « réduire sensiblement la corruption sous toutes ses formes ». Elle poursuit, plus ‘’fermement’’ encore : « Nous ferons de la lutte contre la corruption une priorité absolue, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières. Nous allons prendre des mesures pour prévenir la corruption et veiller à ce qu’elle ne gangrène pas nos institutions gouvernementales, nos entreprises et nos collectivités. Nous nous engageons à dénoncer la corruption partout où elle se trouve, à punir ceux qui en sont les auteurs, ceux qui la facilitent ou la tolèrent, et à soutenir les personnes qui l’ont dénoncées et les communautés qui en ont souffert (…). » Oui, c’est bien la République du Sénégal qui s’exprime ainsi.
Si on poursuit la lecture de la Déclaration, on rencontre d’autres engagements qui frappent, eux aussi, par leur ‘’fermeté’’. On est alors indigné, quand on les compare aux actes quotidiens que posent le Président de la République et son Gouvernement. Ce n’est certainement pas avec un budget d’un milliard 200 millions, de surcroît logé à la Présidence de la République, qu’on respecte les engagements pris au Sommet de Londres. Nos autorités, la première en tête, ne luttent contre la corruption que du bout des lèvres. Ils ne sont capables ni de transparence, ni de vertu, ni de sobriété. C’est, en tout cas, l’impression que nous laissent leurs propos et actes de tous les jours.
Mody Niang