À la suite de la bouleversante nouvelle annonçant la disparition du regretté Fallou Sene, en 2e année à l’UGB, touché lors d’affrontements entre forces de l’ordre et étudiants, je tiens à présenter mes condoléances les plus attristées à sa famille et à la communauté universitaire: nous sommes sous le choc de cette tragédie et nous la condamnons.
En dépit de la colère que peuvent abriter les cœurs, je prie tous ceux qui sont tentés de sortir dans la rue pour la manifester, de consacrer ces prochains jours à prier pour le repos de l’âme de notre jeune frère disparu. Lorsqu’un être quitte ce bas monde, dit-on,surtout à la fleur de l’âge, il a d’abord besoin de prières.
Avant toute chose, à l’entame de ce mois béni de Ramadan, prions pour que Dieu accueille Fallou dans le plus haut de ses paradis, et surtout, qu’Il donne à sa famille, à ses parents, à son épouse et à son enfant, la force de surmonter cette épreuve extrêmement douloureuse.
Par ailleurs, je voudrais demander à ceux-là qui se sont engouffrés dans une amertume paralysante, de transformer leur colère en sacerdoce afin que ce triste événement ne tombe pas dans l’oubli, et nous rappelle l’obligation d’unir les forces pour sortir notre peuple d’un sous-développement dévastateur, dans l’abnégation et l’humilité.
Je prie ceux d’entre nous qui ont eu la chance de réussir, de prendre conscience du privilège qu’ils ont d’avoir leurs diplômes, leurs métiers et de penser chaque jour à ces milliers de jeunes qui n’ont qu’un seul rêve, sortir leurs familles de la précarité. La nation sénégalaise doit plus que jamais être soudée et rejeter toute tentative de division. Nous ne devons pas accepter qu’on nous dresse les uns contre les autres car nous avons besoin les uns des autres. La finalité d’une carrière ne doit pas être le summum du confort matériel mais bien le sentiment d’avoir servi son pays et contribué au mieux-être de ses concitoyens. La générosité dans l’ambition et l’action.
L’individualisme n’a pas sa place dans notre société. Au nom de Fallou Sene et de tous les jeunes qui ont fait le choix de manifester leur désarroi par une attitude jusqu’au-boutiste, je lance un appel à la paix mais surtout à la solidarité et au travail. J’invite les plus pessimistes d’entre nous à refuser de se laisser aller à la peur, à l’exclusion sociale, au rejet ou même à l’abandon.
Personne ne doit rester insensible à ce qui s’est passé ce mardi 15 mai 2018.
Que tous ceux et celles qui sont appelés à se prononcer sur cette affaire considèrent ces jeunes comme les leurs, en leur prodiguant les mêmes conseils qu’ils auraient donnés à leurs propres enfants dans de pareilles circonstances. La fragilisation d’un système éducatif compromet sérieusement toute quête d’émergence. L’éducation constituant le pilier majeur du développement, la clé de réussite de la jeunesse, tous les patriotes devraient veiller à ce que cette tragédie ne profite jamais à des fins personnelles.
Il est urgent qu’un débat national constructif soit ouvert afin que soit trouvée une solution définitive à cette crise qui n’a que trop duré. Dans un tel contexte, comment peut-on se réjouir de l’exploitation imminente des ressources pétrolières et gazières si nos jeunes sensés en tirer profit ratent ce tournant décisif, faute de compétences ? comment pourront ils défendre les intérêts du Sénégal sils ne peuvent pas s’asseoir aux tables de décision par manque de qualifications ?
Alors vivement que la paix, notre première ressource, règne au Sénégal et que l’avenir de la jeunesse soit érigé au rang de priorité. La jeunesse ce n’est pas que l’avenir, c’est bel et bien le présent. »