Dakarmidi – On s’attendait à un coup de poker, nous avons eu un tour de force ! L’opposition nous promettait la marche du siècle ce vendredi 14 octobre 2016 à Dakar, depuis la place de l’Obélisque en direction de la place Doudou Ndiaye Coumba Rose, nous n’avons vu que piétinement et débandade. Certes, la marche du « Front pour la défense du Sénégal », « Manko Wattu Sénégal » a été stoppée nette par des forces de l’ordre sur les dents et c’est bien dommage pour la liberté d’expression, mais de toute façon, ses limites étaient inscrites dans ses fondements mêmes. Peu de participation car des mots d’ordre arbitraires, disparates et déconnectés de la perception réelle de nos compatriotes. À cause de revendications indéterminées autant que brouillardeuses et d’une association de politiciens, plus enclins à la querelle de personnes que portés sur un travail de fond, d’analyse, d’enquête pour enfin dérouler une vraie stratégie.
Si vraiment c’est l’affaire Petrotim la raison principale de cette marche, il me semble que ce débat doit être assaini et sans passion pour faire jaillir la vérité en même temps que l’or noir. En écoutant le ministre Aly Ngouille Ndiaye dans l’émission Ngonal du 12 octobre sur la TFM, j’ai retenu ces chiffres ! l’État et Petrosen (qui appartient à 100% à l’État du Sénégal) pourraient engranger entre 55% à 78% des rendements si la production dépasse 120 000 barils, pour un gisement qualifié déjà de classe mondiale.
Mais revenons à cette manifestation !
Si l’essentiel des leaders de l’opposition y a participé, que devons-nous retenir de ce fiasco ? D’abord, que non, Octobre ne tient pas sa revanche. Ensuite, comme je l’ai lu dans la presse, que les comportements de nos hommes politiques de l’opposition n’honorent aucun sénégalais. S’opposer n’est pas saborder, ni profiter de toute occasion pour installer le désordre ! Comble du pathétique, même si les images peuvent prêter à sourire, c’est une bande d’éclopés croyant marcher sur les forces de l’ordre, touchés par des grenades lacrymogènes ou ayant trébuché sur leur propre boubou, qui se présente désormais comme des patriotes debout pour défendre et libérer ce pays. Je me suis sentie humiliée devant ces images de nos élites politiques qui ont prêté le flanc comme des bleus !
Mais attention tout de même, ce n’est pas parce que cette opposition s’est prise les pieds dans le tapis que les citoyens sont tous derrière Macky Sall ! Ce serait une erreur politique pour le régime actuel de croire que les jeux sont faits ! D’ailleurs le président n’est pas dupe puisqu’il est déjà sur le terrain pour un corps à corps salutaire avec son peuple !
S’inscrire contre tout mais pour pas grand chose, en incitant qui plus est nos jeunes à défier les forces de l’ordre, est-ce là encourager des valeurs qui nous permettront de mieux vivre ensemble et d’avancer vers de nouvelles perspectives économiques et sociales ?
Je ne le crois pas ! C’est pourquoi je veux prendre mon courage à deux mains, et désormais m’engager davantage en citoyenneté, accompagnée de tous ceux qui préfèrent parler avec leurs frères que d’hurler avec les loups.
Non, je ne suis pas dépitée et ne crois pas que Macky Sall serait en train d’imposer aux sénégalais une dictature en usant de la force pour empêcher les citoyens de s’exprimer. Cela est impossible ici, car même privés de tout, il nous restera cette exception sénégalaise : le droit politique !
Je ne suis pas une révolutionnaire. Ce qui me guide, ce qui m’a formé et me motive encore, c’est l’amour de mon pays. Je me méfie de la politique. Pourtant elle m’intéresse lorsqu’elle est transparente et qu’elle agit au service des populations, non pas au bénéfice des élites.
Chez nous, au Sénégal, je dois dire qu’elle m’effraie et me révolte tant elle est polémique, violente et politicienne. Pourtant, il faut bien admettre que parler de politique c’est parler de l’avenir et c’est parler de la vie. Là où la politique professionnelle a failli, nous pouvons réussir et ce sont nos valeurs patriotiques qui doivent dicter aujourd’hui notre engagement citoyen à agir différemment pour encourager l’initiative et provoquer le renouveau.
N’est-il pas temps de réunir aujourd’hui tous les talents silencieux, notamment ceux des femmes, et toutes les énergies neuves pour apporter nous-mêmes des solutions concrètes à la renaissance de notre société ?
Simples citoyens, chefs d’entreprises, étudiants, cadres, ouvriers, chômeurs, intellectuels, artistes, diaspora, tous, chers compatriotes, entrons dans la danse de l’émergence. Ce qui devrait voir le jour, c’est une plateforme citoyenne participative. Un Sénégal Uni ouvrant ses portes aux pionniers qui réinventent l’agriculture, l’énergie, l’écologie, le tourisme, l’économie, la démocratie ou l’éducation, un espace de rencontre, de revendication et d’action. En mettant bout à bout les propositions positives et concrètes qui font déjà leurs preuves partout dans le pays, nous participerons à la création d’une société plus forte et plus équitable.
Pour donner plus de poids et d’impact à notre voix, devenons une force collective, où se prône le respect, le débat intelligent et l’amour du pays. Après le temps de la réflexion, du dialogue et de la créativité, viendra le temps de l’action, avec l’aide de chacun pour se démultiplier au quotidien. C’est nourri de cet engagement et enrichi de toutes les idées et suggestions d’amélioration issues de nos échanges, que notre plan d’action autour du développement humain, sera construit et mis en œuvre dans sa phase opérationnelle.
Je crois en nous, car seul le courage compte !
À mon père, Yaya Hamet Wane, dont nous commémorons ce 18 octobre le 10ième anniversaire de la disparition. Une vie de combats et d’engagements en faveur de l’éducation. Paix à son âme. Un homme admirable.
Oumou Wane