Dakarmidi – C’est l’histoire d’une relation fondée sur la sincérité entre un fidèle serviteur et son Seigneur. Le premier abandonna tout pour s’abandonner au Second qui le gratifia de la récompense ultime pour tout aspirant à l’Unique (Mouridoullah) : l’admission d’une âme purifiée dans l’enceinte céleste de Dieu, parmi ses serviteurs (Wadkhoulî fî ibâdî).
Cheikh Ahmadou Bamba a donné la leçon du siècle en matière de conscience intime de Dieu qui lui valut, incompréhension des siens mais aussi répression de la part de ceux qui se considéraient comme ses ennemis et à qui il a fait don du pardon avec son légendaire « afawtou » !
Une grâce par la grâce dirait-on, la maqâmatu Shukri, étant l’une des stations prisées de ceux qui ont choisi Dieu pour allié, (Awliyâ’u-llâhi ).
La générosité d’une tel Serviteur de l’Envoyé de l’Unique fait qu’il invita même à la grâce au sens d’une reconnaissance des bienfaits de l’Eternel ; Minan al-Bâqi al-Qadîm, comme dirait Serigne Bassirou : c’est, là, tout le sens du Magal !
En ces temps d’interrogations et d’errance d’une Ummah en plein questionnement où les repères semblent se brouiller tellement une angoisse existentielle semble habiter le musulman alors qu’il avait en main les sources même de la sérénité (Sakîna) que sont la conscience intime de Dieu et la justice, la leçon du Magal devrait être enseignée avec la pédagogie qu’elle mérite.
Le Magal est l’histoire d’un sincère adorateur de son Seigneur parti de ses terres du Baol vers une aventure qu’on pensait lui imposer mais qui en tira le bénéfice inespéré de se consacrer, finalement et exclusivement à Dieu et au service de son Prophète (Psl).
Le Magal est le récit, voire le happy end d’un fabuleux itinéraire sur les sentiers parfois déserts des Vertueux et de la droiture en quête de la seule satisfaction de Dieu
Le Magal est une invitation à la grâce dans l’épreuve et au pardon dans le triomphe de la part de celui dont on voulait faire victime et qui devint héro, chez lui et jusque sur les terres de ceux qui se cherchaient en lui un adversaire.
Le Magal, par la grâce du Créateur, est l’afflux de la créature vers celui qui jouissait du privilège de cheminer avec les Vertueux (asîru ma’al abrâr) et que dans son ignorance, l’ennemi généreusement gracié considérait comme le prisonnier de son système bâti sur l’injustice et l’arrogance (wa zannal idâ annî hunâka asîru)
Le Magal est ce triomphe d’un homme qui n’a point signifié tragédie pour son peuple et les peuples de la terre ; son ambition de sauver le trésor de la foi qui seul importait pour lui, déborda même son espace géographique et culturel par un flux qui inonda les îles comme la terre ferme (fil barri wal bahri), produisant d’immenses bienfaits pour les siens sans jamais nuire aux autres (zâ naf’in bilâ darari)
Le Magal est, la consécration du croire, sa victoire sur l’injuste pouvoir, le symbole de la force du spirituel face à l’attrait trompeur du matériel, le change gagnant sur le marché des valeurs, le choix du durable face au périssable (wal âkhiratou khayrun wa abqâ).
Le Magal est la manifestation des Bienfaits de l’Eternel accordé à un ascète qui se détourna des dorures et mirages pour se diriger vers son Seigneur. Et ce dernier, toujours fidèle à ses promesses aux armés de sincérité, supportant, en toute conscience, les épreuves dans la longanimité, fit que, finalement, tout convergea vers lui : ilâ Touba !
Bakary Sambe