Dakarmidi – Je me rappelle une scène de l’Ombre de Boy Mélakh, une série de bande dessinée que nous croquions étant jeunes dans le journal Le Soleil. Il s’agissait du fameux match entre prisonniers et gardes pénitentiaires, un des plus grands événements marquant la vie de la prison où séjournait notre sympathique et attachant personnage Boy Melakh, et son petit protégé Mambi.
Les prisonniers s’étaient si bien fait laminer que de dépit, Mamby lançait à son voisin sur le bord du terrain : « Ils ne méritent même pas qu’on leur donne à manger nos gars ! »
Son acolyte plus dépité que lui répliquait : « Ce sont de vrais nooye nekh » !
C’est à cela que j’avais pensé, un certain après-midi de 2008, quand l’équipe du Sénégal égalisait péniblement grâce à Bayal Sall, au Ghana. J’avais tellement souffert au point d’en avoir des palpitations que j’avais décidé de ne plus supporter cette équipe qui me mettait en danger de mort, et décevait nos espoirs, dès que nous commencions à avoir la certitude d’un triomphe aux joutes africaines, au vu de la qualité de notre effectif.
Aujourd’hui, nos lions sont dans des conditions qui n’auront jamais été aussi favorables sur tous les points. Tous les grandes nations de football traversent une période de reconstruction qui les affaiblit considérablement alors que nous n’avons jamais eu une génération aussi talentueuse, bien formée et aussi disciplinée que celle qui est présentement à la CAN.
Il ne fait aucun doute que nous avons les capacités d’aller au bout de cette compétition. Si nous restons lucides. Si nous jouons les matchs pour les gagner au lieu de penser les avoir déjà remportés dans nos têtes bien que de les avoir joués.
Nous avons tendance nous autres sénégalais à nous trouver trop beaux, dès que nous attirons l’attention sur nous et que les compliments pleuvent.
Une compétition se gagne par le culte de la modestie, et de la remise en cause permanente. Par un sens de l’abnégation totale et du collectif. Par un altruisme et une concentration à tous les niveaux. Par un oubli circonstancié des performances passées pour nous concentrer sur le défi du moment qui nous rapproche de l’objectif final.
Chers lions du Sénégal, ne vous comportez pas comme le soldat en terrain conquis qui défile la fleur au fusil.
Il est important en effet que nos lions sachent qu’ils portent l’espoir de tout un peuple qui a besoin de rêver. Qui a besoin de célébrer à nouveau le goût du succès proprement énergisant de la consécration.
Le Sénégal a besoin de gagner, pour se convaincre qu’il peut arriver au bout de tous les défis qu’il s’est fixés, sur la voie du progrès.
Les lions du Sénégal qui portent l’espoir de tout un peuple et sur lesquels le régime mise fortement pour redorer une image écornée par la morosité socio économique réussit en ces nuits à réunir autour d’eux toutes les forces antagonistes et à aplanir momentanément les querelles pour susciter un vaste élan d’espoir qu’il ne doivent surtout pas décevoir !
Vous les lions du Sénégal, balayez nos doutes, et mettez fin à notre frustration qui dure depuis si longtemps, ravivé chaque jour par les échecs coupables de vos ainés, qui se sont toujours regardé le nombril dès les premiers compliments, en oubliant pourquoi ils devaient honorer le maillot national, avant de prétendre à la consécration personnelle.
Le Sénégal vous regarde. Le Sénégal vous attend. Le Sénégal vous espère !
Seule la victoire est belle !
Et seule la gloire est éternelle !
Notre pays a besoin de gloire, il a soif de succès.
Cissé Kane NDAO
Add A Comment