Dakarmidi – Je connais Sonko depuis presque 20 ans. J’ai eu l’honneur d’assister à l’assemblée générale constitutive de Pastef le 04 janvier 2014 à l’Ucad. Si je ne me trompe, je suis un membre fondateur. Sur le long chemin des conquêtes démocratiques, j’ai anticipé mon engagement politique, au sens partisan du terme. J’ai pris ainsi la décision d’inscrire presque toutes mes activités citoyennes dans le cadre politique. J’ai été coopté dans le Copil pour combler le vide laissé par les responsables qui ont quitté le parti quelques mois après sa naissance. En tant que collaborateur direct du président du parti, je lui faisais des observations à chacune de ses sorties médiatiques. Sur le plan technique, je m’abstenais de me prononcer. Mes remarques portaient principalement sur les sujets relevant de ma spécialité. Mais j’insistais beaucoup sur sa manière de communiquer. Un Ousmane qui ne cherche pas à plaire et qui n’hésite pas à interpeller directement le président de la République sans passer par quatre chemins.
J’avais en face de moi un Oumar. Celles et ceux qui connaissent la différence de nature entre les deux compagnons du prophète de l’islam comprendront. J’ai fini par comprendre que cet homme qui n’a pas changé depuis 20 ans ne va pas changer maintenant qu’il fait face à un homme qui ne respecte pas ses adversaires. Si les partisans de Macky prenaient la peine de connaître les rapports avec ses amis, ils désespereraient de le voir revenir à de meilleurs sentiments.
Ousmane est intransigeant avec tout le monde. Il ne demande pas que vous lui fassiez cadeau. Ne vous attendez pas qu’ils vous jettent des fleurs. Dire que les Sénégalais n’aiment pas le style d’Ousmane comme l’a dit le ministre Matar Ba ne manque pas de pertinence. Mais c’est aussi ignorer le plaisir que la jeune génération ressent quand il vous remet à votre place. Moi j’ai la malchance d’appartenir à une autre génération. C’est pourquoi je n’approuve forcement son style. Si vous voulez savoir qui de lui ou de nous( vous et moi, génération masla), donnez les cartes d’électeur aux primo-inscrits. Bref, ce débat en cache un autre: un conflit de générations.
Macky Sall est descendu trop bas en oubliant qu’il était président de la République pendant au moins 5 ans. Il ne nous a laissé aucune chance de persuader Sonko. Vous allez souffrir de nous avoir fait souffrir. Il nous arrive de regretter les sorties musclées de Sonko. Mais sachez qu’à chaque fois que vous montez au créneau vous exacerbez notre conviction que vous êtes indignes de votre rang. Nos divergences avec lui se situent ailleurs et non sur ce terrain.
Ousmane Abdoulaye Barro
Secrétariat national à la Massification et à la vie du parti.