Depuis un certain temps, nous observons, sur les questions de souveraineté de l’Afrique, un diktat de la pensée unique. Guillotiner le Capitaine Dieye par ce qu’il a émis son idée sur « comment mener un combat qu’il trouve pertinent » est fâcheux. Penser qu’on détient le monopole de la vérité ou du savoir sur toutes les questions est une ignorance qui s’ignore ! Au concert des Nations, la fougue ne suffit pas !
Traiter systématiquement tout avis divergent de « vendu » ou penser qu’on est le seul vrai patriote est tout aussi diabolique que trahir la cause de l’Afrique. Et osons le dire, l’activisme ambiant porte les germes de dictature. Cette exhibition d’une fierté non réfléchie précipiterait l’Afrique dans la déchéance.
Vous parlez de rupture totale ? Que les activistes me garantissent qu’ils ne suivent pas de championnats européens via des télés européennes au détriment de braves africains qui organisent nos championnats ou investissent dans l’audiovisuel. Accepter ses « addictions » et fusiller les autres pour les leurs est un manque de tolérance. Travaillons fraternellement à devenir collectivement meilleurs.
De quoi s’agit-il ? Lutter pour l’indépendance de l’Afrique. Comment y parvenir? Le débat est ouvert et je pose ma pierre à l’édifice!
Accordons nous sur les mots! C’est quoi l’indépendance de l’Afrique ? Si c’est une absence d’influence, c’est perdu d’avance surtout dans un monde aussi interconnecté. Il me semble qu’il s’agit plutôt de la nécessité de tirer pleinement profit (économique, social et culturel) de nos rapports avec le reste du monde.
Dans cette quête existentielle, nous devons trouver notre chemin et non boire les paroles de nos respectables devanciers (Cheikh Anta, Sankara, Lumbuba…). Ces derniers n’étaient pas confrontés aux réalités actuelles du monde. En les déifiant, on perd toute capacité d’analyse critique pour identifier leurs erreurs et continuer intelligemment leur combat.
A cette jeunesse (à laquelle nous appartenons) nous disons que vouloir tout et tout de suite dans un monde où le rapport de force nous est défavorable est très aléatoire. Pour les adeptes de théologie, je rappelle que le coran est révélé par séquences et selon des contextes (à méditer). Et d’ailleurs, n’est-ce pas des choses prohibées en temps normal sont admises selon des contextes ?
Demander à un soldat (Afrique) d’avancer démasqué sous le feu nourri d’un ennemi mieux armé est une ineptie intellectuelle. L’Afrique, à l’image de ce soldat dans un champ de bataille, doit recourir à l’espionnage, au camouflage, au contre-espionnage, aux fausses annonces, au repli, au contournement … Et comprendre que dans une guerre d’usure, toute ligne ennemie percée, est un pas vers la victoire.
Aussi faire fi de l’existence de compétition entre africains et faire comme si tous les Etats ont les mêmes intérêts sur toutes les questions est une absence de sagesse. La réalité est très complexe et vouloir la percer par une approche binaire (bonne ou mauvaise) est lourde de conséquences.
Le combat est d’abord contre nous-même ! Identifions individuellement et collectivement si nous sommes sur la voie de notre destination. Critiquer le politicien « voleur » et lui envoyer une demande de parrainage ou de soutien est énigmatique !
#Dissipons Nos Ténèbres !
Dr Samba Faye
Enseignant-chercheur
En sciences de gestion