« On peut tromper une partie du peuple tout le temps et une partie du peuple tout le temps mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps » Abrahm LINCOLN
En écrivant ces lignes, je pense bien sûr à ce qu’avait admirablement dit le seizième président des Etats-Unis d’Amérique quant à la manière de gouverner de certains hommes politiques et le contexte actuel du Sénégal montre toute l’acuité d’une telle assertion.
Figurez-vous ! Cela est digne d’un scénario d’un film. Un candidat à une élection présidentielle après avoir crié urbi et orbi « le parti avant la patrie » est élu avec l’appui de toutes les forces politiques, sociales et économiques. Il concocte avec une stratégie bien pensée comment se maintenir au pouvoir en mettant sous le boisseau l’Etat dans ses fondements
D’abord, du côté de la gouvernance politique, après s’être engagé de ramener son mandat de 7 à 5 ans, le Président est revenu sur cette promesse en se réfugiant derrière le Conseil constitutionnel alors qu’il sait pertinemment qu’un Président de la République qui veut faire respecter son engagement sait par où passer.
Pour écarter des opposants, il les emprisonne, les fait exiler ou les menace de représailles judiciaires. Pour ce qui concerne le cas spécifique de Khalifa SALL, tous les sondages ont démontré à souhait que dans une élection présidentielle où Khalifa SALL serait candidat, Macky SALL irait au second tour. C’est la raison pour laquelle pour ceux qui seraient tentés de croire que Khalifa SARR pourrait être libéré, il faudrait qu’ils se détrompent. Non seulement, il sera condamné mais également il ne humera pas l’air de la liberté d’ici l’élection présidentielle pour la seule raison que le régime ne prendra pas le risque de le laisser battre campagne au profit d’un candidat de l’opposition.
Le procès de Khalifa SALL, pour ceux qui seraient tentés d’en douter, est conduit depuis le Palais de la république et le changement de Président de tribunal apporté à la dernière minute n’est pas un fait anodin. Laisser le juge Magatte DIOP prononcer un verdict n’était pas rassurant et l’arrivée du juge Lamotte a été bien calculée. Le juge Lamotte est un très proche de l’ancien Ministre de la Justice Maitre Sidiki KABA dont il a eu à diriger le cabinet à Washington quand celui-ci était Président des Etats Parties à l’ONU. Le verdict est déjà connu : une peine d’emprisonnement couvrant l’élection présidentielle.
Que les sénégalais qui s’étonnent sur la longévité de Benno Yaakar sachent que cette coalition ne tient qu’à un achat de consciences savamment orchestré en donnant des mannes financières à Moustapha NIASSE pour l’Assemblée Nationale et Ousmane Tanor DIENG pour le Haut Conseil des Collectivités Territoriales.
La dernière trouvaille est le parrainage pour les candidatures à l’élection présidentielle.
Au niveau de la gouvernance économique, les économistes devront s’émouvoir de la manière par laquelle les intérêts de l’Etat du Sénégal sont aujourd’hui bradés au profit des puissances étrangères. Aucun Etat ne s’est développé sans s’appuyer d’abord sur ses propres capacités.
Au niveau de la gouvernance publique, la situation n’est guère luisante. L’administration est réduite à un faire valoir. Le Président Macky SALL a une aversion de la haute fonction publique, du fonctionnaire tout court. Cela est peut-être dû à son cursus de quelqu’un qui n’a jamais fréquenté les grandes écoles, de quelqu’un qui n’a jamais passé un concours. La légèreté avec laquelle Ousmane SONKO a été radiée en dit long sur sa conception du haut fonctionnaire. Remarquez que tout ce qui peut permettre à un citoyen de se distinguer en parvenant à la fonction publique ne trouve pas grâce à ses yeux. En lieu et place, il s’appuie sur ses décrets pour promouvoir des militants et c’est malgré lui que des concours peuvent être organisés tant qu’il n’a pas le choix comme celui quand il faut recruter des gardiens de prisons.
Cela est vrai pour la prestigieuse Inspection Générale d’Etat où depuis son arrivée aucun concours n’a été organisé. A la place, il nomme des militants de l’APR. C’est le cas à la Cour des Comptes où là aussi pas de concours. Son leitmotiv : nommer même au niveau des instances supérieures censées être les gardiennes de la bonne gouvernance comme par exemple l’OFNAC. En lieu et place aussi d’organiser des concours au niveau de la police, on préfère prendre des jeunes sur une base purement partisane en les faisant pompeusement appeler ASP.
La politisation de l’administration est inquiétante à plus d’un titre. Nul citoyen ne peut prétendre à occuper une station au niveau de l’Etat s’il ne détient la carte de l’APR.
Le peuple n’est pas dupe et il comprend. C’est pourquoi tous les citoyens doivent se battre comme un seul homme pour mettre fin à ce régime dangereux pour la cohésion nationale.
Pour cela, l’opposition doit continuer à sensibiliser les sénégalais notamment le force vive qu’est la jeunesse aussi bien dans les lycées, les universités, les villes, les campagnes.
En lieu et place des bourses familiales que l’on distribue pour se faire une clientèle politique, la jeunesse soit demander à Macky SALL d’orienter l’argent du contribuable vers des projets de développement et des emplois auxquels ils peuvent accéder par la voie la plus transparente pour accéder à la fonction publique, c’est-à-dire le concours.
Et là seulement, on peut sans gêne parler de patrie avant le parti, d’un Sénégal de tous, un Sénégal pour tous.
Oumar Faye