L’ombre de notre Guide Spirituel Cheikh Tahirou Doucouré planera sur la cité religieuse de Malicounda à l’occasion de la célébration du « Ismou Naby », cette année. Hélas, la mort en a décidé ainsi ! Les musulmans et la communauté « Hamaliste » de Malicounda vont célébrer cette édition de 2024 sous le signe du deuil car orphelin de son Khalife Général, savant, intellectuel de dimension internationale.
Le saint-homme a tiré sa révérence au moment où on s’y attendait le moins. Mais le décret divin nous prend toujours de court. Mais certainement pas lui. On aurait aimé le garder encore parmi nous, mais Dieu a voulu nous le prendre pour une vie meilleure, dans l’au-delà.
L’érudit Cheikh Tahirou Doucouré, avant même d’être Khalife de son Guide Spirituel Fodié Aboubakry Boulamba Doucouré, a consacré sa vie à son rayonnement aussi bien sur la scène nationale qu’internationale. Homme de sciences, il devint, sa vie durant, une des figures incontournables de la vie religieuse au Sénégal.
Plus de 50 ans passés dans la capitale ne lui enlèvera en rien sa foi au lègue de ses patriarches. A Dakar, il a assumé son statut d’ambassadeur et hôte de la famille ainsi que des membres de sa communauté spirituelle.
Décédé le 28 Avril 2024 à l’âge de 97 ans, le Professeur des Sciences Islamiques a fait le consensus sur sa maitrise de la science islamique. Il a consacré toute sa vie à rehausser l’image de la religion musulmane. Il a été l’avocat de Cheikh Ahmed Tidiane Chérif partout dans le monde en consacrant sa vie à défendre la Tarikha Tidianiya, selon le Saint Coran et la Sunnah du Prophète PSL. Avec sa mort, c’est aussi la communauté Tidiane qui est orpheline.
Né à Malicounda Bambara dans le département de Mbour en 1927, il a fait ses humanités dans la cour familiale où il a été éduqué par ses deux parents biologiques. Son père et son Guide Spirituel Fodié Aboubakry Boulamba Doucouré était un grand érudit, un des premiers Moukhadam de Cheikh Ahmadou Hamahoulah de Nioro du Sahel au Mali. C’est d’ailleurs son patriarche qui s’est occupé de son éducation religieuse. Tout ce que Cheikh Tahirou Doucouré a appris, c’est son père biologique qui le lui a enseigné. Il a hérité de son génie car la connaissance des sciences islamiques de ce dernier dépassait encore de loin celui du fils.
De la rhétorique dans le discours
Au de-là de son éducation religieuse, le Professeur des Sciences Islamiques Cheikh Tahirou Doucouré a capitalisé un riche parcours académique à travers lequel il a su manier, à sa guise, aussi bien l’anglais que le français. Il a toujours montré sa fierté d’avoir appris tout ce qu’il sait dans la cour familiale, auprès de son vénéré père Fodié Aboubakry Boulamba Doucouré.
Grand érudit des sciences islamiques, il a toujours été constant dans ses enseignements et interventions sur le plan religieux. Il n’a jamais fait l’objet de contradiction vis-à-vis de ses pairs. Cheikh Tahirou Doucouré a toujours eu de la rhétorique dans son discours. Il suscite l’admiration de son auditoire à chaque fois qu’il a eu à prendre la parole. Cette éloquence l’a mené à faire un discours mémorable à la Mecque.
En effet, après avoir publié une contribution intitulée « Le coup fatal » pour répondre à un certain Docteur Anis Shorrosh qui critiquait l’Islam et le Prophète Mohamed PSL (Dans un restaurant à Brooklyn aux Etats Unies d’Amérique, il a visionné un débat télévisé entre Cheikh Ahmad Deedat et Anis Shorrosh), il a été invité à faire une présentation à la Mecque. C’était en présence de Sidy Lamine Niass qui venait, ce jour-là de découvrir qui était réellement Cheikh Tahirou Doucouré. Sa contribution pour répondre à ce pourfendeur de l’Islam avait fait écho dans le monde entier. C’est à partir de ce moment que des dignitaires de la Mecque ont contacté son cousin Abdoul Wahab Doucouré qui était le Directeur de la Ligue mondiale Islamique au Sénégal pour envoyer à Cheikh Tahirou une invitation. Ce discours lui a valu tous les honneurs et félicitations sur les lieux saints de l’Islam. On n’arrêtait pas de lui demander où il avait fait ses études et il n’avait pas le complexe de leur dire qu’il a étudié dans la case de son vénéré père Fodié Aboubakry Boulamba Doucouré à Malicounda.
Malgré ses connaissances indiscutables de la science islamique, Cheikh Tahirou Doucouré ne finit pas d’apprendre, de rechercher encore et encore de la connaissance, sa vie durant. Dans sa villa à la Zone B où il a érigé une grande bibliothèque moderne, il avait toujours entre les mains un ouvrage. En tant que son bras droit pendant plusieurs années, nous avons été témoin de l’intérêt qu’il portait à tous les sujets et de sa mémoire photographique qui lui permettait de mémoriser tout ce qu’il lisait.
C’est grâce à sa réputation d’homme de sciences et son esprit d’ouverture que le premier Président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor l’a remarqué. Lui faisant une totale confiance, il lui propose de collaborer ensemble. Cette relation n’entachera en rien sa foi et son amour pour l’Islam. Des sommités comme le roi Hassan II du Maroc à l’époque ont témoigné de ses connaissances et de sa maitrise de la langue arabe et des sciences islamiques dans sa globalité ; ce qui a renforcé davantage la confiance du Président Senghor en Cheikh Tahirou Doucouré. En novembre 1962, il a été le premier membre d’une famille religieuse à être nommé ministre chargé des affaires religieuses au Sénégal. Dans le cadre de cette mission, le défunt Khalife a entretenu des rapports privilégiés avec l’ensemble des foyers religieux, que ça soit les musulmans ou les chrétiens. Il a côtoyé de grands hommes comme Serigne Fallou Mbacké, Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh, Baye Niass, Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum, etc.
Cheikh Tahirou Doucouré a grandement participé à la révolution de la religion islamique dans les médias au Sénégal. C’est grâce à lui que l’Islam est prêché aujourd’hui dans les radios et télévisions du Sénégal. En tant que ministre chargé des affaires religieuses, Cheikh Tahirou Doucouré a été approché par un groupe de jeunes fraichement diplômés des sciences islamiques, dont Imam Moustapha Guèye, pour lui faire part de leurs doléances pour accéder à l’antenne. A l’époque, il n’y avait que la RTS radio et télévision comme médias. Le ministre informe le Chef de l’Etat de cette demande à laquelle Senghor répondra favorablement. Et c’est à partir de ce moment que des émissions comme « Kaddu l’Islam et Tontu Bataxal », sont diffusées à la télé et à la radio RTS. Des faits confirmés par Imam Moustapha Guèye dans un entretien accordé à la RTS, avant son décès.
En définitive, notre maitre, marabout et guide spirituel Cheikh Tahirou Doucouré a été le serviteur de l’Islam jusqu’à son dernier souffle et le monde musulman et la Tarikha Tidianiya ne lassera jamais de lui rendre hommage !
Nous continuerons de prier pour le repos éternel de son âme.
(Par Mohamed Wagué son petit-fils)
PDG du Groupe de Presse : Groupe Vision Communication « GVC »
Administrateur Général – Dirpub : SENTV.info et THIEYSENEGAL.com
Président de l’Association des Métiers de l’Image du Sénégal (AMIS)
Membre-fondateurs de l’Association des Editeurs et des Professionnels de la Presse en Ligne (APPEL).
Fait à Dakar le 19 Septembre 2024