Dakarmidi – Les mandingues sont beaucoup nuancés pour qualifier la mort d’une personne. Ainsi, lorsque le défunt laisse une famille avec des enfants ils disent « afatalé » c’est-à-dire qu’il a cessé de vivre. Dans ce cas, il continue d’exister dans la conscience collective par le biais de l’existence de ses enfants.
Cependant, lorsque le défunt n’a pas fondé de famille et n’a pas d’enfant, ils disent « abantalé » en d’autres termes il est fini c’est-à-dire qu’il est effacé totalement de la surface de la terre sans aucun autre moyen pour la société de se souvenir de lui parce qu’il n’a laissé aucun enfant par lequel, il aurait survécu de la mort.
Cette perception sur les moyens de la vaincre la mort rejoint celle de l’ancien Président Léopold Sédar Senghor poète du Sénégal qui a ajouté aux enfants création biologique, la création artistique d’œuvre poétique par laquelle son auteur continue d’exister après sa mort dans la conscience collective des vivants sachant lire et comprendre son œuvre.
En effet, le décès de Mamadou Diop l’ancien Maire de Dakar est une grande perte pour le Sénégal. Toutefois, il n’est pas fini. Car il avait fondé une famille et avait écrit plusieurs ouvrages. Ces deux éléments continueront d’alimenter son souvenir dans notre conscience collective.
Pour ma génération, on se souvient de Mamadou Diop comme Maire de Dakar. Or il fut un grand ministre notamment de la sante.
La loi 81.58 du 09 Novembre 1981 portant interdiction de la publicité en faveur du tabac et de son usage dans certains publics aurait pu porter son nom en son temps comme on l’avait en France avec Simon Veil.
En effet, l’adoption de cette loi antitabac communément appelée loi 81 fut une innovation et un manifeste de courage exemplaire d’un homme qui a osé faire face à l’industrie du tabac et aux lobbies de tabac.
Du coup, il a fait du Sénégal pionnier de la lutte antitabac en Afrique bien avant la ratification et l’entrée en vigueur de la Convention Cadre de l’OMS pour la Lutte Antitabac le 27 Février 2005 qui est un traite international sur la sante.
Au jour d’hui, cette loi 81.58 du 09 Novembre 1981 modifiée par la loi 85-23 du 25 Février 1985 est abrogée et remplacée par la loi 2014-14 du 28 Mars 2014 relative à la fabrication, au conditionnement, à l’étiquetage, à la vente et à l’usage du tabac.
Votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale, cette loi 2014-14 du 28 Mars 2014 aurait pu également porter le nom du Professeur Awa Marie Coll Seck ancien Ministre en charge de la santé qui l’a portée avec beaucoup de courage et de détermination.
Dans une démarche de rupture et d’innovation, le Président de la république en place devra ouvrir une brèche en acceptant qu’une loi d’une importance capitale puisse prendre le nom de son initiateur ou de celui qui l’a portée. Malheureusement, ce n’est pas le cas, lorsqu’on n’est pas dans le cas de figure d’une proposition de loi émanant d’un député de l’Assemblée nationale.
Légiférer est une mission régalienne de l’Etat. Et on obtient une loi dans un secteur que deux manières. Soit par décret présidentiel soit sur proposition de loi des députés. Or on se souvient encore de certaines fameuses lois émanant de députés de l’Assemblée nationale dont la république ne peut être fière à l’excepté de la loi Latif Gueye. Parmi ces lois dégradantes on peut citer : la loi Moussa Sy qui visait l’installation des délégations spéciales, la loi Saada Ndiaye, la réduction du mandat du Président de l’Assemblée nationale de cinq à un an et la loi Ezan, l’amnistie des auteurs des évènements tragiques postélectoraux de 1993 ayant entrainés la mort de l’ancien Vice-Président du Conseil constitutionnel Maitre Babacar Seye.
En plus de la loi 81.58 du 09 Novembre 1981portant interdiction de la publicité et de son usage dans certains lieux, Mamadou Diop ancien Ministre en charge de la santé est à l’origine du code de l’hygiène.
Bref ! On peut parler du Mamadou Diop gendarme, ou du Mamadou Diop, magistrat ou du Mamadou Diop, l’enseignant ou du Mamadou Diop, l’avocat général, du Mamadou Diop, Maire de Dakar. Il est ce tout formé de toute cette diversité de compétences.
Cet homme aux dimensions multiples est sans nul doute une source d’inspiration pour les générations présentes et futures en situation de bâtir leur avenir professionnel et économique.
Si ceux qui sont morts ne sont jamais partis. Où sont-ils donc ? Et Birago Diop de répondre :
« Ceux qui sont morts ne sont jamais partis Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire Et dans l’ombre qui s’épaissit, Les morts ne sont pas sous la terre Ils sont dans l’arbre qui frémit, Ils sont dans le bois qui gémit, Ils sont dans l’eau qui coule, Ils sont dans la case, ils sont dans la foule Les morts ne sont pas morts. »
A la suite Birago Diop permettez-moi d’ajouter : ceux qui sont morts ne sont jamais partis. Ils sont dans nos souvenirs. Ils sont dans nos cœurs. Ils sont dans nos rêves .Ils sont dans nos pensées.
Que le bon Dieu l’accueille dans son paradis céleste. God bless us! God Bless Senegal.
Baba Gallé Diallo