Dakarmidi – J’aime François Hollande ! J’ai aimé la vista du candidat de devoir presque par défaut. Celui vers lequel le PS en désespoir de cause s’était tourné pour défendre ses couleurs à la Présidentielle de 2012, face à un Nicolas Sarkozy qui a été vaincu par un homme qui a su se sublimer pour remplir avec brio son rôle de challenger, et remporter l’élection.
Il a essayé de gouverner avec l’humilité indispensable à l’action publique, et toute la lucidité objective qui permet le jugement fondé sur l’honnêteté et qui renforce l’estime tout en préservant l’éthique républicaine.
Cet homme structuré, pragmatique et habile stratège a pris des engagements dont le plus solennel a été de déclarer : » Si je ne réussis pas à infléchir la courbe du chômage durant le quinquennat, je ne me représenterai pas! »
Cet homme qui constate aujourd’hui que cet objectif ne sera pas atteint, mais surtout que les mêmes raisons qui avaient prévalu à son succès sont aujourd’hui remplacées par d’autres motivations qui pourraient être préjudiciables à sa formation politique et par ricochet à la France toute entière, a préféré avec tout le panache qui accompagne cette décision historique, renoncer à se présenter !
Respecter sa parole est un acte d’honneur. Renoncer est un acte de grandeur. François Hollande est un héros, fût-il cornélien !
A nos présidents pouvoiristes prêts à toutes les combines et manipulations pour se perpétuer au pouvoir, il a montré la différence entre un leader et un petit chef. Entre un démocrate et un démagogue. L’apprenti dictateur cherche à extirper son sort des aléas du jeu démocratique qu’il ne maitrise pas, tandis que le dirigeant élu qui tire sa légitimité du peuple et sait en conséquence qu’il doit servir remet son destin politique entre les mains du peuple sans hésiter, dès lors qu’il constate qu’il n’atteindra pas les objectifs qu’il s’était assignés, et qui constituaient le contrat moral passé avec son peuple !
Je disais que François hollande était un héros cornélien ; en effet, il vient de sacrifier sur l’autel de l’intérêt supérieur de la France ses ambitions personnelles. Il a démontré que personne n’était indispensable et que le seul héros qu’il fallait célébrer pour le triomphe d’un homme était l’équipe qui a réussi à le porter au sommet.
En démissionnant, François Hollande remet l’appareil politique au cœur du dispositif démocratique, et démontre par là que les partis politiques et les coalitions de parti n’étaient pas au service d’un homme, mais étaient à l’écoute des besoins du peuple pour y apporter une réponse efficace, à travers une stratégie théorisée par tous, et portée par celui qui aura été choisi en toute démocratie.
François Hollande n’a jamais eu un charisme à la DSK. Il n’a jamais eu le bagout à la Sarkozy.
Mais il a été formé au moule d’un système dont il a éprouvé l’efficacité ; et c’est donc normal qu’aujourd’hui au vu de la gravité de la situation, dans un contexte mondial marqué par l’incertitude, la montée du nationalisme et l’émergence de l’extrême droite et l’explosion de périls de toutes sortes, il choisisse de faire confiance au système, et de lui rendre en conséquence ce qu’il lui a donné : le pouvoir.
Pour l’intérêt supérieur de la France, d’abord, et pour le triomphe de la gauche, ensuite.
Il reconnait par là son échec personnel aussi, au plan politique. Et c’est ce que l’on attend d’un homme d’Etat.
Cissé Kane NDAO
Président A.DE.R