Dakarmidi – S’il y a, ne serait-ce qu’un casamançais, qui se terre quelque part de peur de, et refuse de parler, même dans sa sphère dialogique la plus réduite, pour s’opposer à la logique de guerre que certains Dakarois veulent imposer à nos populations; qu’il sache qu’il ne mérite pas d’être considéré comme un Casamançais.
Il faut s’opposer farouchement au retour des armes en Casamance…
Faites un tour en Casamance, vous verrez que le chômage technique commence à frapper le seul secteur qui jusque là employait les populations locales. La faute aux pyromanes de la Capitale dont l’ingéniosité belliciste nous renseigne sur leur degré de haine pour notre Territoire, c’est eux-mêmes qui ne veulent pas de nous. Ce qui explique qu’ils invitent le Président de la République à faire la guerre en Casamance.
Notre plateforme, casavance.net, est aussi un agrégateur de contenus pour une Casamance qui Avance, INVICTA Y FELIZ. Nous reprendrons toutes les tribunes positives qui vont faire avancer notre Territoire (test) de Casamance.
Bonne lecture,
Le poète tragique grec, Euripide, ne croyait pas si bien dire lorsqu’il déclare, dans les Fragments, «Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence».
Les partisans d’une guerre totale en Casamance, pour venir à bout des combattants du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), ont trouvé là, une occasion en or pour se taire à jamais sur ce dossier. En débitant des grossièretés, ils croyaient ainsi occuper une place confortable dans ce débat qui demande beaucoup plus de lucidité, tellement le sujet est complexe et sensible.
Mais, en tout état de cause, le désir irrésistible de se mettre en vitrine semble prendre le pas sur cette volonté à appréhender les choses dans leur élasticité. Se sont-ils d’abord interrogés sur le pourquoi de l’usage de la force ? En termes clairs, quelle est la finalité de cette guerre à laquelle les pyromanes appellent de tous leurs vœux ? Y a-t-il discontinuité territoriale ? Le Sénégal peut-il faire la guerre au Sénégal ?
En vérité, derrière ce simulacre de patriotisme, se cache un exhibitionnisme chronique qui fait que cette race d’individus ne peut vivre dans le silence. Et ces fanfarons, pour se faire remarquer, choisissent délibérément de dire des énormités, dans une quête démesurée de singularité coupable. Ils savent que la voie de la recherche du dialogue et de paix est majoritaire dans le pays, c’est pourquoi, de peur de se noyer dans la grande masse consciente, ces pyromanes ont pris l’option de se marginaliser.
Ces incendiaires ne supportent pas la chape de plomb de la spirale du silence qui est, dans ce cas de figure, salutaire pour venir à bout, par le dialogue, d’un conflit qui dure depuis plus de trente ans. Ce sont des loups solitaires nourris aux Ogm du beuz, victimes de leur nombrilisme schizophrénique.
Dans leurs éléments de langage, on peut relever : «thérapie lourde», «intervention chirurgicale », «éradiquer », «pourchasser» etc. Ce langage violent traduit une colère et une haine dont les vrais ressorts sont enfouis dans le subconscient de ses auteurs. Y a-t-il des ombres dans ce festin des pyromanes ? Qui a fait remonter à la surface le Minotaure, le monstre des profondeurs ?
Les fruits tiennent la promesse des fleurs empoisonnées. Certainement, ceux pour qui la crise trentenaire sert d’écran pour faire des affaires. Ils veulent plus de sang dans les forêts casamançaises pour préparer la ronde des vautours. L’on imagine facilement la danse du scalp des pyromanes qui veulent mettre le feu partout pour continuer à servir leurs intérêts obscurs. La camera obscura est leur terrier remplis de mauvaises intentions. Leur esprit est tellement frappé de sclérose qu’ils oublient qu’Abdou Diouf avait tenté cette option militaire, en vain.
On ne s’amuse pas avec la guerre ! War is dangerous, soldiers know this… soldiers understand war is not risk-free, disait Michael Williams dans l’une de ses tribunes parlant de la guerre en Afghanistan. Facile alors de plastronner dans des salons feutrés et demander aux soldats de s’engager dans une guerre dont l’issue est imprévisible. Ces pyromanes parlent «d’intervention chirurgicale». Diantre !
Fraude sur la marchandise, car ils ignorent qu’aucune guerre n’est «propre». Pensent-ils aux dégâts collatéraux ?
A ces innocents qui sont nés dans ce conflit sans l’avoir choisi, à tous ceux dont l’avis n’a jamais été recueilli ?
A ceux qui sont contraints de faire la guerre …en souffrant à l’idée d’avoir tué un frère ?
Ces incendiaires n’ont jamais, en situation réelle, entendu le crépitement des obus, des lance-roquettes M1Bazooka et les ballets du rallye-guerrier larguant les engins de la mort. Ils ont vu la guerre à la télévision, au cinéma ou dans les jeux vidéo et leur vie n’a jamais été exposée à cette folie des hommes.
Pensent-ils alors aux personnes dont le quotidien est de fuir la guerre ou de se réfugier dans des bunkers, pour les plus chanceux. War is dangerous !
C’est pourquoi l’on ne doit pas en parler avec une certaine légèreté. Aucune dérision n’est permise en la matière. On ne peut pas rire de tout. Hélas, dans les rayons des supermarchés de l’indélicatesse, ils représentent les têtes de gondoles, ces pauvres va-t-en-guerre !
Entendons bien, personne ne peut accepter la tuerie de Boffa et les auteurs, y compris, les commanditaires, doivent être sévèrement punis. L’on ne badine pas avec la vie humaine et aussi nul n’a le droit de se faire justice. Mais de là à ajouter encore d’autres victimes innocentes au tableau, par une guerre qui ne se justifie pas dans ce contexte d’accalmie, c’est un pas que seuls des pyromanes irresponsables et en déficit de discernement franchiront.
Dans le règlement de ce conflit, le temps doit désormais constituer un enjeu pour les autorités, en particulier le président de la République, Macky Sall qui ne semble prendre toute la mesure de l’importance des symboles dans la gestion d’une République. Il a le devoir de rendre à Boffa ou à Ziguinchor, comme il s’était rendu, à juste titre, à Paris, lorsque nos confrères de Charlie Hebdo ont été lâchement assassinés.
Comme il a l’habitude de le faire (un geste à louer) lorsqu’un proche perd un être cher ou une autorité quitte ce bas monde. La Casamance, c’est le Sénégal, la porte à côté. Mais puisque les actes parlent plus que les mots(c’est la force des symboles), ils retentiront plus dans la tête de ceux qui s’interrogent encore au sujet de leur «sénégalité».
Bacary Domingo MANE
(Publié dans mon blog /KébaCom/facebook)