Dakarmidi – J’admire chez un homme politique la constance dans l’engagement au service exclusif de la République. Cela évite le reniement au gré des intérêts ponctuels du moment, un reniement à la Saint Pierre des convictions aussi instables que circonstancielles qui changent au gré des enjeux personnels ou autres.
« Etre grand, c’est défendre de grandes causes » disait un personnage resté célèbre dans la littérature. Seule la cause de la République est grande, en politique.
Les principes en politique doivent alors être aussi intangibles que les frontières. Cela suppose qu’ils soient républicains, ces principes. Et que la ligne directrice de son combat soit l’intérêt supérieur de la Nation.
Cette forme d’engagement rend libre. On n’est au service dans ce cas d’aucune autre cause que celle du peuple, que l’on s’engage en conséquence à servir, librement.
Cette cause vaut bien tous les sacrifices, et commande que ponctuellement l’on s’engage à interagir avec ceux dont on critique avec justesse et objectivité la démarche, pour faire face ensemble aux défis urgents de l’heure, et faire avancer le pays, par l’instauration d’un climat social apaisé.
La liberté d’action, la liberté de ton, et la fidélité à ses convictions car il ne s’agit ni de compromission, ni de reniement, encore moins de renoncement nous grandit dans ce cas, et nous élève encore plus haut dans l’estime de nos semblables.
Rester constant et libre dans son engagement au nom de principes républicains permet aussi d’éviter d’être le champion unanimement reconnu de la tortuosité politique. Le coup de théâtre auquel l’on a assisté en effet, en 2000 dans l’entre-deux tours avec un Djibo Ka magistral dans sa performance de yo yo politique est entré dans l’Histoire. La vista du personnage a fait perdre leurs dentiers à tous les responsables de son rang, en son temps. Surtout que M. KA qui accusait le gouvernement de Me Wade d’être un groupe de prétentieux y réussissait une entrée aussi fracassante que la trahison au peuple sénégalais, quelques mois auparavant.
Etre un homme politique responsable, c’est incarner le caractère républicain d’une opposition consciente de ses droits mais reconnaissant à l’autorité les siens aussi, et, en toutes circonstances, adopter une posture d’homme d’Etat, d’un chef, qui « ne s’occupe pas de détails », et n’est pas habité par la mauvaise foi, au point de se croire seul détenteur d’une vérité immuable à laquelle devrait souscrire tout le monde.
S’élever au dessus de petites querelles, de petits calculs et des polémiques futiles, pour nourrir une réflexion constructive plus destinée à faire avancer le pays plutôt que d’insister avec mauvaise foi sur ce qui ne marche pas au point de développer des arguments non conventionnels, voilà l’attitude attendue d’un homme politique, en ces moments où les intérêts cachés, les forces des lobbys et les desseins inavoués des uns et des autres engendrent une cacophonie où les injures se la disputent aux invectives et autres accusations sans fondement.
Un homme politique libre par principe, et intéressé par le sort de son peuple est celui là qui est constant donc dans sa démarche et n’a ni clivage, ni sens interdit.
Le dialogue sincère et constructif doit être de mise, surtout que ce sont les suffrages qui déterminent les positions des uns et des autres, soit au pouvoir soit à l’opposition et, dans un tel contexte, ne poussons pas le bouchon jusqu’à oublier ce qui fait la grandeur de notre démocratie et lui a permis aujourd’hui de se définir comme majeure : le dialogue responsable.
Me Wade n’a jamais refusé le dialogue. Il est même entré dans le gouvernement d’Abdou Diouf, plusieurs fois. Pour apporter son expérience, et apprendre l’Etat ; en plus, à chaque fois que la stabilité sociale était menacée du fait d’un réchauffement du front politique, il prêtait une oreille attentive à l’appel du régime en place et contribuait par là à ramener le calme, et à restaurer la cohésion sociale, en même temps que cela renforçait auprès de l’opinion publique l’image d’homme de paix qu’il a fini par réussir à implanter. La constance de son engagement pour la démocratie et la paix, sans renoncer à son ambition légitime, a fait le reste : il a conquis le pays.
Ce sont des leçons comme cela que nous devrions retenir de nos grands hommes illustres, et non pas celles que nous sert une génération à la périphérie de l’Histoire, dont les intérêts personnels ont toujours été à la base des orientations qu’elle aura donné à leurs carrières politiques, dont les tribulations épousent les contours de l’évolution de notre démocratie.
Ces gens ne sont pas des héros de notre Histoire. Ce sont des laissés pour compte qui en sont aujourd’hui la mauvaise conscience, car à un moment donné ils y ont joué un rôle certes, mais ils avaient le mauvais rôle !
Seule la cause du peuple mérite d’être servie, et notre engagement politique doit s’élever au dessus de toute contingence politicienne qui pourrait commander que nous soyons d’un camp ou de l’autre, avec le sentiment de faire face à des ennemis de notre République, comme si le monopole du patriotisme appartenait à l’opposition, et ne pouvait s’exprimer en conséquence que dans un combat fratricide contre le camp du pouvoir.
Soyons libres en nous-mêmes, intègres dans nos comportements, et constants dans notre engagement, mais que le sens de notre combat soit de servir la République, seulement.
Nous aurons l’honneur sauf, et le respect de nos concitoyens. Et la politique au sens noble du terme retrouvera alors son lustre, au Sénégal.
Cissé Kane NDAO
Président A.DE.R
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