Dakarmidi – Cela vous est-il déjà arrivé ? Une information vous touche ou vous interpelle au point de susciter en vous l’émotion, et puis boum patatras, ce à quoi vous veniez de croire dur comme fer, n’est en fait qu’une fake news, une info sans preuve ni source, relayée par des journalistes peu scrupuleux ou rien qu’une fausse nouvelle issue des réseaux sociaux et basée sur des rumeurs. Vous vous sentez alors démuni, désarmé, abusé, berné, trahi…
C’est précisément ce qu’il m’est arrivé cette semaine, quand mon Smartphone m’alerte d’un « désastre écologique » qui se déroulerait à Sindia où une entreprise chinoise aurait posé ses baluchons et détruirait des baobabs centenaires pour installer une usine de fabrication de carreaux…
Mon sang ne fit qu’un tour et mon patriotisme brandi en étendard, gloire au baobab, vive le Sénégal, je décidai de sonner l’alerte et de retourner ciel et terre pour que cesse cette atteinte à notre emblème national.
Un détail retint cependant mon attention. À la fin de cette information, figurait la mention : « Si tu veux préserver les baobabs, partage en masse »
Une petite voix intérieure me recommanda avant tout de garder mon esprit critique et de faire preuve de rigueur et d’indépendance, d’autant que je venais de lire le constat établi par Mark Zuckerberg, patron de Facebook : « Il y a beaucoup trop de sensationnalisme, de désinformation et de polarisation dans le monde aujourd’hui. »
Faut-il dire fausse info, bobard, contre-vérité ? Avec le déferlement du phénomène, je décidai de prendre des précautions et bien m’en a pris !
L’auteur de l’article qui circulait sur les réseaux avait joint 3 photos sur lesquelles l’on pouvait voir en effet de vastes étendues parsemées de baobabs et quelques troncs d’arbres gisant à même le sol. Au loin une macchine au pied d’un arbre laissait aisément deviner la suite.
Guidée par mon élan de colère et de révolte, je pris mes renseignements sur le désastre supposé qui se déroulait à environ 1km de l’Accrobaobab, non loin du tronçon d’autoroute en construction entre la route de Popenguine et la rivière de la Somone.
Je recoupais plusieurs sources de renseignements et parvins à joindre aisément l’entreprise chinoise, dont j’appris qu’elle était installée au Ghana, au Kenya et en Tanzanie et que le Sénégal était leur 4ème usine en Afrique et la première en Afrique francophone.
En guise de « destruction massive sur 30 ha » au cœur de la forêt de baobabs « sans raison ni autorisation », je m’aperçus, documents à l’appui, que la dite société disposait des autorisations des eaux et forêts en bonne et due forme qui lui permettait d’abattre les 3 baobabs qui étaient sur l’emplacement de l’usine principale et qu’elle s’était acquittée des droits à cet égard. 9 autres baobabs par ailleurs étaient protégés et les plans faits justement pour éviter de les toucher.
Ces investisseurs privés, qui semblent avoir acquis leur terrain tout ce qu’il y a de plus légalement, après étude d’impact environnemental, représentent donc bien, selon moi, une bonne nouvelle pour la région. Ce projet d’usine, semble t’il, où il sera investi des dizaines de millions de dollars dès la phase 1, pourrait créer pas moins de 1000 emplois dès le démarrage !
Certes, il ne s’agit là que d’observations unilatérales et non contradictoires, mais tout de même, en guise de forêt de baobabs et autres essences rares littéralement rasés et exterminés », on repassera !!!
La question reste que les réseaux sociaux permettent aux gens de diffuser les informations plus rapidement que jamais et que légiférer contre les fausses nouvelles est aussi illusoire que vouloir interdire la connerie humaine.
Il reste que la diffusion de fake news est irresponsable et souvent diffamatoire et que l’Afrique est l’Eldorado des fakenews.
C’est une première sur le continent. La présidence sénégalaise a lancé il y a peu une opération de lutte contre les fausses informations qui prolifèrent sur les réseaux sociaux et dans les médias en ligne. «Les fake news, ou fausses informations, constituent l’un des principaux fléaux à l’ère d’Internet et des réseaux sociaux», a expliqué le cabinet du président Macky Sall.
Alors pourquoi ne pas d’ores et déjà intégrer au cursus scolaire une éducation aux médias qui permettrait aux citoyens d’appréhender l’information avec une plus grande justesse et d’être moins fragiles aux fausses nouvelles. Ceci est à méditer, très chers gouvernants.
En attendant, une plus grande éducation de chacun d’entre nous à la protection les baobabs et de la forêt en règle générale, nous permettrait de nous fédérer autour de notre principale source de culture : notre nature !
Oumou Wane