Dakarmidi – Des discours des représentants des coalitions en lice que relaie quotidiennement la presse locale se dégage une impression de confusion sur les vrais enjeux des législatives de la fin juillet. Les uns mettent l’accent sur le rôle institutionnel du député (vote des lois, contrôle de l’exécutif), les autres sur les personnalités (expérience de la vie publique, cursus honorum des têtes de liste), sur le bilan des réalisations gouvernementales (PSE et ses déclinaisons sectorielles) ou les lacunes de celui-ci (critiques de l’opposition).
Or il s’agit d’élire les 165 représentants issus de 45 circonscriptions électorales correspondant aux départements, plus celui affecté symboliquement à la diaspora comme le stipule le décret 2017-443 du 15 mars 2017. Ainsi la campagne devrait mieux refléter les problèmes vécus par les citoyens sénégalais dans ces territoires et à l’étranger. Incidemment sont évoquées les eaux stagnant dans certains quartiers après les premières pluies tombées sur l’agglomération de Dakar, et, les difficultés d’approvisionnement en eau dans la capitale dues à des interruptions accidentelles de la production au niveau de la SDE. Sans ces circonstances fortuites aurait-on abordé de manière frontale les conditions locales de vie des populations ? Il faut espérer une inflexion de la campagne électorale vers des thématiques moins aériennes, plus concrètes et inspirées par les attentes et aspirations en matière d’amélioration des conditions et des cadres de vie.
Dans leurs envolées lyriques, certains candidats se proclament « députés du peuple » ou dans un rapport dialectique récusent d’être députés de telle ou telle localité en choisissant le rôle plus noble dans leur esprit de représentants de la nation. Quoique cette revendication soit légitime, ils sont avant tout députés de Matam, Kolda, Dakar ou MBacké. Leurs devanciers au Parlement français Blaise Diagne, Ngalandou Diouf, Léopold Sédar Senghor et Lamine Guèye furent des députés du territoire du Sénégal avant d’être confondus dans la généralité du statut de « représentants du peuple français ». Bien qu’issus de l’outre-mer, ils ne confondaient pas non plus la cause de leurs mandants avec celle défendue par leurs homologues siégeant au nom des Antilles françaises ou de la Calédonie. Ils assumèrent à leur époque des mandats spécifiques qui permirent l’extension du droit de vote aux indigènes, l’application des lois sociales ayant permis la création des partis politiques non inféodés à ceux de la Métropole, les libertés syndicales et de la presse, les congés payés, etc.
Le débat a tout lieu d’être centré sur les questions propres aux territoires et à la diaspora. Il ne doit pas se transformer en une bande annonce de la future élection présidentielle. C’est l’occasion à ne pas manquer pour insister sur les projets de territoire, la définition des priorités en termes de développement durable et de stratégies de réduction de la pauvreté au sein des départements et des circonscriptions qui les composent. Il est prématuré de répondre à « l’appel des arènes » comme dirait la romancière Aminata Sow Fall pour les candidats potentiels à l’élection du Président de la République de 2019.
Le député le plus à cheval sur sa mission est celui qui participera activement à la 13e législature, et, fera remonter à l’Assemblée les préoccupations des mandants de sa circonscription pour leur prise en compte dans les politiques publiques qui de ce fait pourront mieux répondre aux principes d’équité et de solidarité.