Dakarmidi – Youssou Touré, Moustapha Cissé Lô et aujourd’hui Mame Mbaye Niang. J’en oublie peut-être, mais ceux qui « démissionnent » ainsi ne sont pas n’importe qui.
Il s’agit de « grenadiers voltigeurs », pour emprunter à l’Armée son jargon afin de décrire ses combattants en première ligne qui attaquent l’ennemi de front, sans coup férir.
La réalité est que Macky perd de plus en plus ses « Zorro », ceux qui, pour un oui ou un non, étaient prêts à le défendre, contre vents et marées.
L’un des derniers de la liste est le député Abdou Mbow. Une chance pour lui car à l’Assemblée, il y a moins de scandales et il peut encore se jucher sur le perchoir et envoyer des flèches à l’opposition.
On peut donc légitimement se demander ce qu’il se passe. Et les Sénégalais se le demandent. On peut perdre des militants ou cadres moins engagés, mais s’il s’agit d’élites passionnées dont l’amour pour leur leader forge le respect, on peut soupçonner des malentendus et des dysfonctionnements graves en interne.
Macky ne peut pas prôner la gestion sobre et vertueuse, mettre en prison Karim Wade et Khalifa Sall au nom de la reddition des comptes et laisser ses proches manipuler à leurs guises les fonds publics dans le cadre d’institutions comme le PRODAC dont l’idée, généreuse, était de résorber, substantiellement, la problématique du chômage.
Si le Président de la République s’entête à protéger les siens en mettant le coude sur des dossiers, il arrivera un moment où ce ne sont pas seulement les électeurs qui vont lui tourner le dos, mais aussi les institutions internationales qui mettent leur argent dans ces initiatives.
Malheureusement, il y a trop de gens qui profitent d’agences publiques, de sociétés nationales ou de structures assimilées sans y avoir droit grâce aux surfacturations, aux détournements d’objectifs et aux emplois fictifs.
La réalité est que la bamboula doit s’arrêter. Les dégâts sont multiples et les rapports se multiplient, épinglant des gens qui, parfois, sont connus pour leur excès de zèle dans la défense du Chef de l’Etat.
Aujourd’hui, on sent que le Président cherche désormais à protéger ses arrières. Il ne suffit plus d’être son inconditionnel défenseur pour être à l’abri, comme cela semble avoir été le cas auparavant.
Moubarak Lô, Alioune Badara Cissé et Me War et bien d’autres sont dans une sorte de disgrâce parce qu’ils ne s’inscrivent pas dans la dynamique de la soumission inconditionnelle.
Donc, si ceux qui l’étaient connaissent aussi le même sort, c’est que Macky a décidé de changer de fusil d’épaule.
La question est cependant est de savoir jusqu’où il ira. Il n’est pas question que les sommes dilapidées au PRODAC et ailleurs soient perdues. Les responsabilités doivent être situées et les coupables punis. Le laxisme, le favoritisme et le clientélisme continuent à faire très mal à une économie qui agonise.
L’Etat qui rechigne à le reconnaitre, subit des tensions financières incontestables et le fait subir à un secteur privé qui souffre.
La dette publique est très élevée et les dépenses de l’Etat énormes.
En conséquence, le réflexe sécuritaire politique de protection de la clientèle politique doit céder la place à la rigueur dans la gestion de nos maigres ressources.
Si en effet nous continuons ainsi à permettre des prévarications de cette ampleur, il est inutile de se concerter sur le pétrole et le gaz car les ressources à venir subiront le même sort.
Par Assane Samb
La rédaction