“ Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, c’est abdiquer, … ». Jules Ferry.
Ce n’est que lapalissade : les Etats Unis et la chine mènent une guerre sans merci. Même si un rapport du parti communiste chinois montre que les accusations américaines détruisent l’image de la Chine et instaurent une certaine haine ou un sentiment anti-chinois comme ce fut l’effet Tienanmen et que ledit rapport va plus loin pour même affirmer un affrontement militaire probable entre les 2 puissances, tout compte fait, la guerre est pour l’heure une guerre sanitaire.
C’est dire que si cette guerre froide était attendue au plan de l’armement, elle se révélera au plan sanitaire avec le coronavirus. C’est l’OMS qui est l’arbitre de cet affrontement dont l’issue est le retrait des USA de l’Organisation Mondiale de la Santé. Donald TRUMP a finalement pris la décision unilatérale de mettre fin aux relations entre son pays et l’OMS. Pour cause, le président américain accuse l’OMS d’être trop indulgente vis-à-vis de Pékin dans la gestion de la crise sanitaire liée au Covid-19. Pour lui, « La Chine a un contrôle total sur l’Organisation Mondiale de la Santé ». Pour le locataire de la Maison Blanche, l’Empire du milieu ne paie que 40 millions de dollars par an, alors que son pays a toujours fait montre de bonne volonté en engageant toujours le trésor américain pour une contribution annuelle jusqu’à hauteur de 450 millions de dollars. Réglant ses comptes avec l’OMS, il dit avoir pris cette décision « parce qu’ils ont échoué à faire les réformes nécessaires et requises ».
Mais, à s’y pencher de plus près, on finit inexorablement par heurter de front la réalité et constater que l’Amérique est en train de se retirer des organismes, traités et autres accords mondiaux. Jugez-en vous-mêmes. Le 23 janvier 2017, le pays de l’Oncle Sam s’est le retiré de PTP (l’Accord de Partenariat Transpacifique). Il en fera de même avec l’Accord de Paris sur le climat le 5 novembre 2019 en traduisant en acte concret une promesse de campagne lancée en juin 2017. L’accord sur le nucléaire iranien subira le même sort le 8 mai 2018 avant que les USA ne se retirent du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU le 1er février 2019. Poursuivant sa ballade subversive, TRUMP finit même par déchirer le Traité « Ciel ouvert » le 21 mai 2020.
Toutefois, cette cascade de retraits sous l’ère TRUMP est à jauger à l’aune de la guerre à distance qu’il mène contre la Chine. Dans cette guerre sans merci, l’un accuse l’autre qui le lui rend bien par une pléthore de griefs. Et tous les coups sont permis dans ce duel pour la première place. Place détenue par les USA qui libèrent de plus en plus du gaz d’essoufflement ! Et ce que le locataire du bureau ovale ne semble pas intégrer, c’est que la 1ere place est un statut à honorer et non une responsabilité à fuir. Et fuir ses responsabilités quand on est une puissance, c’est, à vrai dire, démissionner ! C’est ce que signale Jules Ferry lorsqu’il déclare à la chambre des représentants le 28 juillet 1885 : “ Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, c’est abdiquer, et, dans temps plus court que vous ne pouvez le croire, c’est descendre du premier rang au troisième et au quatrième…». En d’autres termes, la géopolitique et la géostratégie mondiales impliquent un certain rayonnement mondial, un engagement multiforme sur tous les sujets qui agitent la planète. Tout le contraire de l’Amérique sous TRUMP qui, à chaque fois qu’elle quitte une organisation, la nature ayant horreur du vide, elle libère du coup une place de plus que la Chine ravit. Même si les USA sont encore la 1ere puissance, à ce rythme, s’ils abdiquent de plus en plus, ils risquent de céder la 1ere place à l’Empire du Milieu.
Ce qui est surtout remarquable, c’est que dans cette guerre froide sanitaire ponctuée de théories de complots de tout acabit, de course pour la découverte d’un vaccin, d’accusation de piratage informatique, d’interdiction d’entrées de chinois aux USA…, pour l’heure, c’est la Chine qui a remporté la victoire contre le coronavirus pendant qu’en Amérique les malades se greffassent et les cadavres amoncellent dépassant la barre symbolique des 100.000 morts ! Cette victoire, cette première manche contre les USA, semble sonner le glas de la toute-puissance de l’Amérique. Ce premier trébuchement de l’Amérique consacre l’envol vers la victoire de la Chine. Et comme l’Amérique sous TRUMP a choisi désormais de « rayonner sans agir », de cesser de se « mêler aux affaires du monde », alors, elle a, ipso facto, décidé d’« abdiquer ».
A la tête d’une délégation parlementaire conduite en 1971 en Chine, à l’issue, l’homme politique français a fini par faire ex-cathedra, en 1973, cette déclaration prémonitoire : « quand la Chine s’éveillera…le monde tremblera ». Tout semble nous faire remarquer un cocktail explosif de faits qui sonnent comme l’éveil de la Chine. Et si tel est le cas, le monde doit trembler pendant que les USA craquent ses dents !
Et là, arrive le moment de la prophétie qui consiste à « aller jusqu’en Chine pour chercher du savoir »
Ibrahima Diakhaté Makama, écrivain.