Dakarmidi – Professeur, personnellement, c’est hier que je me suis contraint-permettez l’usage du mot qui apparaît dans tous les dossiers de viol- à regarder votre vidéo. Je m’y suis résolu, troublé tel le phallus indigne qui déchire le féminin sacré, pour cerner le débat que vos propos ont suscité. J’ai écouté votre théorie et mes oreilles en ont souffert : c’était un viol auditif et je sentais l’ endolymphe couler de mes deux cochlées à cause de la… pénétration sonore brutale. J’ai été d’autant plus atteint, des oreilles à la vésicule biliaire, qu’au lieu de vous excuser, vous vous êtes menotté avec vos certitudes, rompant ainsi avec le conseil nietzschéen qui vous a appris que celles-ci sont des prisons ; et, malheureusement, vous n’avez pas eu la lucidité de vous évader de ce tourbillon verbal en demandant pardon, sans chercher à mettre une robe décente à la face impudique de votre théorie nue comme l’est Kirikou.
Professeur, donc, demain un violeur présumé peut dire à la barre qu’il n’a pas pu résister aux rondeurs innocentes d’une petite fille de onze ans parce qu’elle balayait la cour habillé en short ? Un prédateur peut prétendre être passé à l’acte parce qu’il ne pouvait pas résister à un postérieur, caché derrière un treggings qui semblait l’appeler et le héler ? Votre raisonnement, qui causerait des insomnies rebelles à Descartes et une migraine à Aristote, épouse celui du taré authentique Dinesh Reddy, le chef de la police de l’Andhra Pradesh qui déclarait : « Si les femmes s’habillent de façon provocante, alors les problèmes de viols ne sont plus du ressort de la police. »
Philosophons un peu, professeur ! Votre « logique » à la « Kon Yes » ferait honte à Hegel et il vous aurait jeté sa « Science de la logique » sur la figure en vous répétant sans cesse : « Le Je nous sommes, le Nous que je suis ». Kant vous aurait bâillonné avec sa Morale universelle et Nietzsche vous qualifierait de dangereux ennemi de vous-même. Car, vous vous êtes comportez comme le pendu amoureux de la corde. Oui, Professeur, vous vous êtes servi vous-même la ciguë. Vous semblez ignorer encore que le prédateur ne cherche pas l’amour, ni le moment amoureux encore moins l’instant amoureux . Il ne cherche pas le sexe, ni à bai…, pour vous rejoindre dans la vulgarité voilée, ici, sous trois points appelés de suspension. Mais non ! ce n’est pas l’acte qui est interdit, ni de payer pour l’acte, mais d’imposer l’acte par la force, de causer à la victime des plaies visibles et, surtout invisibles, car gravées au fer dans son profond intime.
Professeur, vous avez violé nos consciences en pénétrant de « de force dans notre intimité psychique », comme le prédateur qui agi par effraction. Si dans le passé votre quête du savoir vous avez amené à lire « le viol et la question de l’interrogation philosophique sur l’identité personnelle », vous comprendrez que, dans ce présent sénégalais, votre propos a provoqué une déchirure de l’hymen collectif. Regardez vous-même : ça saigne de partout !
Redemption Isaac)