Oui, comment ne pas aimer vivre en mode confinement en cette période de pandémie jusque-là jamais connue ? Mais, pourquoi aimer ? Le confinement présente à mon sens un tout premier avantage. Il nous ramène à la Famille : à cette intimité de la vie familiale où il doit être présupposé que, quelque part au moins, le Virus n’a plus droit de cité. Il ne l’a plus parce qu’il ne peut pas l’y avoir. Car l’amour délivre de la mort. Ici, dans le cercle de famille, le Covid-19 n’est pas seulement absent ; d’ici, le virus se trouve déjà vaincu ! C’est d’ici, de cette cellule sociale élémentaire que se programme et se remporte la victoire, notre victoire collective sur le mal de pandémie.
Mais le confinement offre un second intérêt, qui est de nous ramener à un autre essentiel humain. Après l’essentiel de la société que constitue la famille comme cercle de vie inviolable et imprenable, c’est l’essentiel de notre être humain, consistant dans la pensée, la réflexion. Je me souviens avec fierté du beau mot de Blaise Pascal : ” Par l’espace, l’univers m’englobe et m’engloutit comme un point. Par la pensée je le comprends” et le domine. Jamais auparavant nous n’aurons expérimenté autant qu’aujourd’hui la vérité de ce jugement communément porté sur notre monde comme ” village planétaire”. Mais aujourd’hui, hélas ! la prise de conscience s’opère sous un mode tragique encore jamais connu, jamais égalé : celui d’une pandémie à virus Invisible ! Heureusement, ledit Invisible doigte et accuse l’Homme partout, où qu’il soit, d’un bout à l’autre du monde… Un Invisible qui condamne l’arbitraire de nous-mêmes, l’arbitraire de nos décisions, choix et actes. L’arbitraire de nous, hommes et femmes de ce temps.
C’est vrai, il y a un siècle, confrontée avec une première guerre mondiale, l’humanité occidentale s’écriait par la voix de l’un de ses dignes ambassadeurs, Paul Valéry ( ou Paul Claudel ?) , : ” Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles”. Aujourd’hui, aux prises avec l’Insaisissable du Covid 19, notre conscience collective s’écrie, non plus du seul lieu occidental mais de toutes parts du globe : ” Nous autres mortels, nous savons maintenant que nous sommes mortifères : l’enfer, ce n’est pas les autres ( espèces) , mais c’est proprement nous mêmes, hommes et femmes de cette terre !