Dakarmidi – C’est officiel. Quarante-sept listes de partis et coalitions sont en lice pour les Législatives du 30 juillet prochain. Une situation inédite mais qui ne doit pas surprendre, quand l’on sait que le Sénégal compte plus de 200 formations politiques sans compter les candidatures indépendantes. Faut-il en rire ou en pleurer ? Une chose semble sûre : jamais dans l’histoire politique du Sénégal, des élections pour la députation n’ont réuni autant de personnalités politiques qui ont eu à jouer les premiers rôles dans la marche du pays. Jugez-en : Abdoulaye Wade, la tête de liste de la coalition gagnante Wàttu Sénégal, était jusqu’en mars 2012 le président de la République du Sénégal ; Idrissa Seck, qui conduit la liste départementale à Thiès de la coalition Mankoo Taxawu Senegaal, fut son Premier ministre avant de tomber en disgrâce.
La suite on la connaît. Le leader de la coalition Joyyanti, Abdoul Mbaye, n’est personne d’autre que l’ancien Premier ministre du Président Macky Sall. Ce dernier n’a pas hésité à envoyer au charbon son actuel chef du gouvernement Mahammed Boun Abdallah Dionne, pour diriger la liste nationale de Benno Bokk Yaakaar. Une coalition qui a aussi investi l’actuel président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse et le ministre de l’Economie des Finances et du Plan, Amadou Ba.
Tout compte fait, pour ces élections à la députation, un ancien président de la République, deux anciens chefs de gouvernement et un Premier ministre en activité se feront face dans un mortal Kombat où les coups ont commencé déjà à pleuvoir. Ce qui traduit toute l’importance que la classe politique sénégalaise dans son ensemble accorde à ces joutes électorales. Qui parlait encore d’exception sénégalaise ?
En réalité, les Législatives du 30 juillet prochain constituent le premier tour avant l’heure de la présidentielle de 2019. Le défi organisationnel doit donc être relevé et ce, malgré la pléthore de listes. Ainsi, il est du ressort du pouvoir de trouver les voies et moyens d’organiser des élections libres, calmes et transparentes. Autrement dit, cette multiplication des listes ne doit pas être un prétexte pour saborder les Législatives.
Gouverner, c’est prévoir. Par conséquent, l’Etat devait s’attendre à ce genre de situation. Surtout que l’option du bulletin unique, qui a été agitée à maintes reprises par certains spécialistes des questions électorales, n’a jamais agréé le régime en place. Il s’y ajoute qu’à moins de deux mois des prochaines échéances électorales, il est impossible de modifier les règles du jeu, à moins qu’il y ait un consensus entre les différents acteurs. Un scénario utopique, si l’on sait que le leader de Pastef Ousmane Sonko, tête de file de la coalition ‘’Ndawi askan wi/ Alternative du peuple’’, a déjà manifesté son opposition à toute idée ou initiative de modification de la loi électorale. Et nul doute qu’il ne sera pas le seul à adopter une telle position.
Une autre partie de l’opposition, la coalition gagnante Wàttu Sénégal, conduite par l’ancien président de la République Me Abdoulaye Wade, demande d’ores et déjà un audit du fichier. Tandis que d’autres exigent la production et la distribution des cartes d’électeur. Sur toutes ces questions, les autorités en charge des élections restent aphones. Ce qui fait le lit d’un futur contentieux électoral. Le gouvernement est donc averti : aucun cadeau ne lui sera fait dans l’organisation de ces Législatives. Des élections qui constituent, à n’en pas douter, un test grandeur nature pour le gouvernement du président Macky Sall. Mais aussi pour l’opposition qui n’a pas su taire ses querelles internes pour y aller en rangs serrés. Vivement le 30 juillet 2017 !