Dakarmidi – La cohabitation entre l’opposition et la majorité présidentielle est devenue, depuis un certain moment, le chou gras de la presse nationale comme internationale. Les dérapages quotidiens des tenants du pouvoir et l’arrogance inqualifiable qu’ils manifestent au grand jour, ont fini par convaincre la majorité des Sénégalais de la nécessité de donner une majorité parlementaire à l’opposition significative, lors des législatives du 30 juillet 2017, afin de provoquer une cohabitation au Sénégal, seul moyen de limiter les gaffes du pouvoir de Macky Sall et de favoriser l’équilibre et l’indépendance des institutions de la République.
Conscients de l’impopularité grandissante du régime actuel, les thuriféraires attitrés se mettent en service pour théoriser ce qu’on pourrait appeler « les risques de la cohabitation ».
Un imam du Pse, Ibrahima Sène du Pit, le Directeur de Cabinet du Président de la République Me Youm, etc., ont essayé de dire aux Sénégalais qu’une éventuelle cohabitation serait une source d’instabilité politique et créerait un blocage institutionnel… Ils se réfèrent au fameux « faux » coup d’Etat de 1962/1963 entre Dia et Senghor ou à la séparation en 2004 entre Me Abdoulaye Wade et son Premier Ministre de l’époque, M. Idrissa Seck ! Or, dans l’un comme dans l’autre cas, les Sénégalais ont fini par comprendre que le vrai danger, n’était guère le compagnonnage des deux futurs protaginistes, mais plutôt la liquidation systématique de Mamadou Dia et consort, via un complot cousu de fil blanc. Le cas d’Idrissa Seck, certes moins dramatique, obéissait également à une même logique : la volonté d’accaparement du pouvoir par une tendance au détriment d’une autre, via un plan machiavélique de diabolisation et de liquidation.
Le renforcement des prérogatives, jugées exorbitantes du président de la République, faisant suite au complot d’Etat de 1962 est l’une des causes manifestes de notre système présidentialiste hypertrophique où l’Exécutif jouit de pouvoirs excessifs, lui permettant de phagocyter aussi facilement, les deux autres pouvoirs qui sont : le législatif et le judiciaire.
Après 55 ans de règne absolu, il est temps de limiter les pouvoirs exorbitants du Président de la République, en confiant le pouvoir législatif chargé de contrôler l’action du gouvernement, à l’opposition, pour un meilleur équilibre des institutions et une indépendance plus nette de chacun des « 3 » pouvoirs (l’exécutif, le législatif et le judiciaire). Ceci, en attendant d’amorcer de profondes réformes constitutionnelles, seul gage de la refondation d’une nouvelle république démocratique, juste et équitable.
Les preuves de l’arrogance du régime actuel :
Lors de la célébration de l’anniversaire de l’Alliance Pour la République (APR) en décembre 2013, la Presse a révélé au grand jour, des faits indignes de gouvernants d’un pays en développement, comme le nôtre : « Lorsque Souleymane Faye chantait les louanges du Président Macky Sall, juste avant son discours, piqué par on ne sait quelle mouche, le député Moustapha Cissé Lô s’est levé de sa chaise pour jeter des billets de banques par terre. Il a été suivi dans cette bamboula par l’Ambassadrice Diouma Dieng Diakhaté. Ils ont tous les deux jeté de l’argent par terre, en présence du Président de la République, S.E. Macky Sall ! ».Interpellé sur son geste insolite, l’actuel Président du Parlement de la CEDEAO rétorque qu’il s’agissait d’une somme insignifiante, à savoir Cent mille francs Cfa…Comble d’ironie, c’est cette même somme ( 100 000 F Cfa) qu’ils donnent annuellement à toute une famille, sous forme de bourses familiales, chantées sous tous les toits.
En février dernier, le député Farba Ngom aurait insulté et menacé le Préfet de Kanel, à l’occasion de la levée du corps du Consul général Baidy Kane.
Dans un autre registre, la Presse nous apprend, dans des propos étayés par le témoignage de Palla Mbnengue, que le chauffeur du député–maire de Agnam « aurait heurté, menacé et insulté un policier… ».
Un jour auparavant, c’est la fille du Ministre de la Justice, M. Sidiki Kaba qui « aurait abreuvé d’insultes et menacé les gendarmes, malgré l’attitude conciliante de ceux-ci qui tentaient de la calmer. Jusqu’à tard dans la soirée, la jeune fille était retenue à la Brigade de l’Arsenal de la Marine ».
Dans la même veine, l’on apprend que « Le Secrétaire d’Etat à la communication, M.Yakham Mbaye accuse Fadel Barro et Cie d’être « des maîtres chanteurs experts dans l’art de soutirer des sous à ceux qu’ils vilipendent ». Le Ministre, Mbaye révèle que: « Thiat et Kilifa ont récemment sollicité le pouvoir dans le cadre de l’organisation de l’anniversaire de leur groupe de rap, empochant pour la circonstance quelque six (6) millions de francs CFA»…. C’est comme pour dire que, c’est en connaissance de cause, que les hommes du pouvoir accordent des appuis financiers de six millions de francs Cfa à « des maîtres chanteurs » !!!
Autant de faits qui témoignent de l’arrogance d’un pouvoir en fin de cycle.
Rien que pour ces innombrables dérives à répétition, le régime de Macky Sall devra être sanctionné le 30 juillet 2017, en lui refusant une majorité à l’Assemblée nationale, afin de limiter sa capacité de nuisance et rendre le pouvoir au peuple souverain, qui en le véritable détenteur.
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien Ministre des Affaires Religieuses
Ancien Porte-Parole de la Présidence de la République
Militant du Grand Parti