Dakarmidi – J’ai lu avec beaucoup d’attention et d’intérêt ta publication en qualité de Conseiller spécial de Monsieur le Président de La République. Que mon tutoiement ne heurte personne. Nos relations familiales, amicales et personnelles sont telles, et si lointaines, que je ne me sens pas capable de te vouvoyer au risque de nous trahir.
Je suis de ceux qui ne sont pas avec le Président Macky SALL. Sans être contre lui! Le dire ainsi peut prêter à des interprétations hasardeuses. Mais je n’en ai cure. À plus de soixante ans révolus, je scrute de nouveaux horizons. Et nous sommes nombreux dans ce pays à avoir dépassé l’âge des jactances et des bravades stériles. Nous avons tourné la page du brouillon pour nous évertuer désormais à écrire, au propre, les pages du livre qui nous sera tendu le jour du Jugement dernier, comme témoin, contre nous-mêmes, de tous nos actes sur cette planète terre. Ce rendez-vous, seul, donne sens à tout ce qu’il nous reste à traverser dans cette « vallée de larmes.. »
Comprenne qui pourra!
J’espère que ton appel au dialogue sera, cette fois-ci, entendu à la hauteur des attentes pressantes de notre Peuple. Je ne peux, en effet, m’empêcher de te rappeler la longue séance de « dialogue » tenue à la salle des banquets, retransmise en direct à la télévision, et relayée par tous les médias contemporains. C’était il y’a quelques mois… À moins que je n’aie loupé quelque chose, il ne s’en est rien suivi. Bien au contraire, les lignes de fractures se sont creusées. Les raideurs et les suspicions se sont exacerbées. Comment faire pour que cela ne soit plus le cas? C’est le préalable à surmonter. Et d’abord, restaurer la confiance sur le socle de la sincérité, en posant clairement les attendus et les termes du dialogue. Ce dialogue ne doit pas être ouvert qu’aux politiciens lorsqu’il s’agit du pays. Parce qu’il doit aboutir, quant au fond, sur une mobilisation optimale des énergies et des talents de toute notre Nation autour d’un agenda et d’un plan d’actions précis. C’est le prix à payer pour engager notre pays, définitivement, sur les rails du progrès et du développement. D’autres diraient de l’émergence…On peut s’entendre sur les maux!
En un mot, comme en mille, on pourrait et on devrait, s’accorder sur une chose à défaut de tout: l’urgence de mettre tout le pays au travail!
Qu’il te suffise d’aller à 11h du matin, dans la plupart des quartiers de Dakar, et dans l’intérieur du pays, pour constater le nombre de jeunes gens venant de se réveiller et traînant, sans occupations, à un âge où tout le possible se construit. Ou de voir les milliers de jeunes gens qui sortent de nos écoles, et de nos Universités, aux heures de pointe…Ce flot humain donne la chair de poule lorsque l’on pense à l’avenir sans débouchés qui les attend. Sans compter tous les marchands ambulants à défaut de mieux…Ou de voir nos hôpitaux exsangues, les mendiants qui nous assaillent, les regards furtifs des affamés trop fiers pour tendre la main qui nous glacent… Et tout le reste!
En vérité, tous les secteurs d’activité de notre pays doivent être réformés pour répondre à la demande sociale. Et c’est cela qui rend urgente et nécessaire la pacification du front politique et social…. par le dialogue! Pour éviter le pire.
Qui pour entendre?
Je suis de ceux qui n’ont que la plume ( disons le clavier!) pour alerter et dénoncer au besoin. Mais mes lignes ne sont pas »ennemies » comme d’autres… Je suis disposé à prendre part au dialogue, à participer à son animation, dans la limite de mes modestes moyens et à mon petit niveau. Certains prendront cette affirmation comme un appel du pied. Ils ont raison! Mais c’est surtout un appel de la tête et du cœur! Parce que j’en ai marre des monologues parallèles et veut encore croire que » le rêve est possible(!) « : Un Senegal sans coutures, dans une Afrique nouvelle, décomplexée et conquérante. Tu vois, je reste fidèle à nos rêves d’alors!
À vous, ( toi et les El Hadj KASSET et tous les autres qui se reconnaîtront) qui êtes dans la proximité du Président de la République de lui souffler les choses justes: il a le privilège de diriger un pays de gens pacifiques. Un peuple dont les socles spirituels et historiques sont profonds et solides. Il a l’opportunité de diriger ce pays à un moment où des ressources naturelles importantes vont nous donner les moyens de changer la donne. Dites lui de penser à d’où il vient. Qu’il mesure le chemin parcouru et se projette vers là où ses prédécesseurs à la tête du Senegal se trouvent. Qu’il pense au jour où il les rejoindra. Inéluctablement . Dites lui de se frayer une place dans l’Histoire et de s’exhausser, pour la mériter, des calculs partisans de courte vue. Dites lui, à cet égard, de garder en mémoire l’histoire récente de notre pays et dont il est, justement, un des acteurs privilégiés! Dites au Président de la République que c’est à lui, et à lui seul que revient, au premier chef, la responsabilité de nous conduire à bon port! Cela vaut tous les sacrifices!
Au sortir de cette quête et de ce face à face avec lui-même, il saura sûrement nous parler et nous convaincre. Nous l’attendons là!
Que Dieu protège notre Senegal!
Amadou Tidiane WONE