Dakarmidi – Véritable coup de théâtre. Voilà que le premier homme politique sénégalais à déclarer son patrimoine, pour se conformer à une exigence de bonne gouvernance et de transparence, est épinglé par un rapport de l’IGE, puis poursuivi pour détournement de deniers publics et pas seulement. La caisse dont il est question, existe depuis près d’un siècle. Comment fonctionne la caisse ou régie?
Les dépenses opérées par le comptable de la caisse, doivent être inscrites dans l’acte de création de la régie. Ainsi, l’agent ne pourrait pas recourir à des marchés publics formalisés pour des interventions sociales et diverses. Ce, à l’exception des interventions économiques et financières ou des opérations menées sous mandat.
Une mairie n’est pas une institution de distribution de billets de banque, encore moins une maison d’assistance sociale.
Cette pratique, quoique « traditionnelle », n’est pas du tout républicaine.
Pourquoi donner l’argent du contribuable aux mêmes personnes ( politiciens, notables, journalistes, religieux…)pour des raisons d’assistance sociale ?
Malgré tout, cela ne choque pas le républicain que je suis.
Mais ce serait très difficile de fermer les yeux sur de fausses factures présentées par ou au maire de la capitale sénégalaise.
Comment comprendre qu’un ancien ministre chargé des relations avec l’Assemblée Nationale, ancien député et puis maire fasse une telle erreur ?
Surtout quand on sait qu’il ne s’est pas personnellement enrichi de la caisse.
Monsieur le Président de la République
L’élégance républicaine voudrait que vous soyez au dessus de la mêlée. Vous auriez pu garder le dossier jusqu’à la fin du mandat de l’équipe municipale.
Il est inacceptable de voir le maire de la capitale, secrétaire général des maires francophones de surcroît, aujourd’hui derrière les barreaux.
Puisque le fonctionnement de la caisse est suspendu par les autorités, pourquoi donc tant de précipitation pour juger le député-maire Khalifa Sall ?
Monsieur le Président, je vous invite à vous inspirer de l’attitude du 4e Président de la 5e République française concernant l’affaire Chirac, maire de Paris d’alors.
Chirac fut un potentiel adversaire de Mitterand. Il lui imposa même deux fois la cohabitation en 1986 et 1993. Ce n’est pas tout.
Mitterand fut mis en ballotage par Jacques Chirac à la présidentielle de 1988.
C’est tout simplement vous dire que le Président Mitterand pu éviter tout cela, Il aurait pu empêcher la 2e cohabitation et l’élection de Chirac en 1995. s’il eusse déclenché des poursuites contre le maire Chirac. Car, des raisons, il n’en manqua pas.
Chirac sera poursuivi près de 20 ans après, alors qu’il eu déjà purgé ses 2 mandats consécutifs de Président de la République française. Il fut jugé et condamné pour « détournement de fonds publics » entre autres chefs d’accusation.Vous me rétorqueriez, sans doute Monsieur le Président, que la France n’est pas le Sénégal, François Mitterand n’est pas Macky Sall, et que Jacques Chirac n’est pas Khalifa Sall. Pardon de vous dire, que manifestement vous ne le souhaiteriez pas.
Au Haut Conseil des Collectivités Territoriales et à l’Assemblée Nationale:
Vous avez raté une belle occasion pour marquer une avancée de taille: celle de la séparation effective des pouvoirs. Mais ce serait très important que vous écriviez au Président de la République pour dire au Chef de l’État de demander au procureur de suspendre les poursuites contre un des vôtres (député et maire), jusqu’à la fin de son mandat.
S’agissant de ce qui s’est passé à l’Assemblée Nationale, c’est l’une des conséquences de la démocratie. La majorité dicte sa loi à l’opposition. Même s’il y a pas mal de choses à fustiger, comme les conditions de la levée de son immunité parlementaire.
Au procureur de la République:
Les normes républicaines voudraient que le procureur de la République défende les intérêts de la nation et plus encore. Le Rapport de l’IGE devrait permettre de régler le problème de la caisse d’avance une fois pour toute. Pourquoi alors s’appesantir sur 1,8 milliards ? Or, la caisse d’avance a été utilisée de la même façon de 2009 à 2015, soit approximativement 9 milliards en l’… Des prédécesseurs de Khalifa Sall, affirment l’avoir utilisée de la même manière, (Mamadou Diop et Pape Diop).
Au juge:
Vous avez toutes les cartes entre vos mains.
Monsieur le juge, vous avez une bonne réputation. Nous n’en doutons point, et osons espérer que vous userez de votre responsabilité pour ne dire que le droit.
Car, en fin de compte, de votre décision dépend l’avenir civil et politique de Khalifa Ababacar Sall.
Mouhamadou Abib SEYE
Journaliste