Dakarmidi – Comme le référendum du 20 mars 2016, cette élection législative de 2017 ne ressemble absolument à rien. En plus d’un manque terrifiant de substance et de substrat politique lisible et compréhensible pour le citoyen lambda, son organisation est à la fois inédite, unilatérale, précipitée et chaotique. Bienvenue au spectaculaire Bordel-Land mackyste!
À quoi et à qui faisons-nous confiance? À quoi devons-nous nous attendre de notre concitoyen Macky Sall, qui refuse de faire de l’air en continuant d’occuper de façon manifestement illégale la présidence de la République sans que personne ne bouge le petit doigt? Un président de la République moralement illégitime et dans l’illégalité totale est-il capable d’organiser des élections légales, libres et transparentes? Une certitude évidente et fortement répandue dans notre cher pays est la perte de confiance dans la parole publique si rarissime de Macky Sall ainsi que dans ses promesses politiques. Or, quand sa promesse de respecter, coûte que coûte, le calendrier électoral devient incertaine dans son contenu et ses modalités, elle est bien évidemment moins aisée à tenir que lorsqu’elle est simple, respectueuse et bien définie. Voilà en gros les caractéristiques de l’édition 2017 du Festival législatif parsemé de graves et d’attendrissants scandales enregistrés tant à l’Intérieur qu’à l’Extérieur du Sénégal.
C’est le prix à payer! Nous avions confié notre grand trésor, le Sénégal, à un citoyen extraordinairement taciturne qui nous a déjà servi des bla-bla-bla du genre : « Face au destin national, je mesure la gravité de la charge qui m’incombe. Je suis déterminé à donner le meilleur de moi-même, avec l’équipe qui m’entoure, pour mériter votre confiance et remplir fidèlement mon devoir de gardien de la Constitution, de garant de l’intégrité territoriale, de la cohésion nationale et du fonctionnement régulier de nos Institutions républicaines. Mes chers compatriotes. Gouverner autrement, c’est bannir les passe-droits, le favoritisme et le trafic d’influence ; c’est mettre l’intérêt public au-dessus de toute autre considération et traiter tous les citoyens avec la même dignité et le même respect.». Que de belles balivernes! Inlassablement, il se retranche dans son ajoupa présidentiel silencieux, insensible aux gémissements et aux complaintes des Sénégalais tout en pensant qu’il est capable de modifier le Sénégal par des décrets pitoyables et illégaux.
Après 57 années de souveraineté hypothéquées, le Sénégal s’enlise dans les chemins sablonneux et sinueux de la démocratie importée en léchant, sans s’en préoccuper, les sueurs qui jaillissent de ses acquis historiques. Très loin du bout du tunnel de l’évolution démocratique, nos alternances politiques réalisées nous font miroiter la fin de notre histoire politique et démocratique. Hélas, mille fois hélas! Les labels «d’exception», «de vitrine démocratique», d’«oasis démocratique» du professeur-courtisant Ismaëla Madior Fall, ne sont que d’apparences flatteuses et trompeuses. Encore pour ce rendez-vous électoral, le chef atypique de l’APR a mobilisé les ressources et les énergies du pays pour des élections dépourvues de l’essentiel…
Organiser une compétition électorale doit inéluctablement impliquer la responsabilité de créer de la croyance et par conséquent de justifier le besoin galvanisant de croire et de faire confiance. Une élection est tout simplement une affaire de confiance élevée! La confiance dans les Institutions chargées d’organiser des élections et dans leurs règles impersonnelles et égalitaires de fonctionnement, est aussi une vraie exigence. En effet, comme le souligne le philosophe Joël Roman, « faire confiance aux institutions, c’est récuser toute forme de sujétion personnelle à un individu, quel qu’il soit, aussi bien intentionné ou charismatique soit-il». La crédibilité personnelle est individus qui incarnent les institutions publiques de même que le consensus sur les principes et les modalités sont des conditions préalables pour éviter au Peuple la polycrise électorale, le désastre et l’irréparable….
Face au déni de notre histoire politico-démocratique et à l’orgueil radicalisé d’un ancien président de la République-usurpateur de pouvoir, qui détruisent nos rêves et surtout la crédibilité de notre confiance dans les hommes politiques, les Institutions et l’avenir, ce sont les critiques de soi, le sursaut national et la désobéissance civile qui s’offrent au Peuple sénégalais comme des alternatives de renaissance, de ressourcement et de recréation. Qu’elles se tiennent dans le mépris total de l’évidence ou qu’elles soient reportées pour des raisons d’incapacité avérées, ces utopiques élections législatives du 30 juillet 2017 ont ouvert les portes d’un Sénégal où la séduction de l’illusion rivalise le courage politique de la lucidité patriotique. Mes chers compatriotes! Sachons, tant qu’il est encore temps, éviter les faux messies pour reconnaitre ou nous mettre en quête de vrais visionnaires de la politique autrement et du redressement.
Pathé Guèye- Montréal