Dakarmidi – D’aucuns prennent à tort ou à raison le baccalauréat pour une sorte de chemin de croix, un supplice contraignant les adolescents à « bachoter » le plus souvent jusqu’à la veille de l’examen pour une réussite tenant à peu de chose : la chance. D’autres proposent le passage des lycéens dans l’enseignement supérieur sur la base du simple examen du parcours de chaque élève dans le second cycle. Les plus radicaux critiquant l’élitisme inhérent au système d’enseignement formel préconisent la suppression pure et simple du sas aménagé entre les ordres d’enseignement, et, dont le plus ancien est le baccalauréat institué en 1803 sous Napoléon 1er.
Le Sénégal ne détient pas l’exclusivité de ce questionnement et de ces remises en cause du système d’évaluation de ses élèves. Le Japon, réputé comme le pays où la compétition à la sortie du lycée était la plus serrée, avait adopté le système moins « carriériste » du yutori avant de revenir trois décennies plus tard à des programmes remettant en honneur l’éducation intellectuelle et l’enseignement axé sur les disciplines fondamentales. Lors de la dernière campagne pour l’élection présidentielle en France, la plupart des candidats ont formulé des propositions visant l’École en général et la réforme du bac en particulier. Il est probable qu’à brève échéance cet examen y soit réduit à quatre épreuves écrites (à définir) qui seront couplées en amont avec un système de contrôle continu des connaissances. Ce re-profilage permettra, selon le législateur, de soumettre les élèves à une évaluation régulière de l’entrée à la sortie du cycle secondaire, d’autre part de baisser la charge de l’organisation d’un examen somme toute budgétivore et chronophage.
Le Directeur de l’Office du Bac a démissionné, a-t-on appris ce matin de source officieuse. Si cela peut contribuer au retour à la sérénité dans les centres d’examen et à la reprise en main par les autorités compétentes d’une situation devenue subitement chaotique, pourquoi pas ? Il faudra en outre aller plus loin en s’acheminant vers la réorganisation de ce domaine dans un sens faisant que le passage du bac ne soit plus perçu ni comme un jeu de loterie, ni comme une épreuve de souffrance pour les candidats ou bien comme un cauchemar incitant les familles à recourir à des expédients de toutes sortes, pourvu que leurs enfants aient le diplôme tant convoité.
En attendant que les conditions de cette réflexion collective soient instaurées, les candidats et leurs parents doivent retenir que le baccalauréat est une épreuve de longue haleine. L’adage dit « qui veut aller très loin doit ménager sa monture ». Dans le cas d’espèce la monture correspond à la mobilisation de toutes ses facultés physiques, psychologiques et intellectuelles pour une réussite non pas gagée sur l’accomplissement d’un miracle mais sur la persévérance et un engagement décidé. Du fait du caractère jugé encyclopédique du programme, il faut donc s’y prendre assez tôt. Avant même la rentrée des classes pour la revue des matières dominantes dans chaque série. En cours de l’année, il faut que les professeurs puissent avoir terminé les programmes après les contrôles au titre du premier semestre. Ainsi arrivés sur la dernière ligne droite, ils vont consacrer le reste du temps à l’organisation de séances de préparation intensive de l’examen avec leurs élèves encouragés à se constituer en groupes de travail attelés, dans l’enceinte de l’établissement et en dehors des heures de classe, aux révisions des connaissances apprises.