Dakarmidi – Au pouvoir depuis le 22 juillet 1994, Yaya tombe à la suite d’une élection. Après avoir félicité celui qui doit désormais présider aux destinées de son pays, il fait une volteface, la plus spectaculaire dans l’histoire postélectorale du monde ! Mêmes les politologues les plus doués en météo politiques ne pouvaient prédire ces revirements de l’homme fort de Banjul. Non seulement il surprend son monde en acceptant de manière élégante les résultants issus des urnes (des boules j’allais dire !), il a félicité son successeur ( ?!!?). Mais fidèle à son jeu favori de revirement spectaculaire, il a reconsidéré ses positions et rejeté ce qu’il avait accepté.
Venus dissuader le dictateur de Banjul de quitter le pouvoir de manière pacifique, 4 présidents de la CEDEAO ont eu la surprise de leur vie lorsque Yaya pose comme condition un « partage de pouvoir » oubliant qu’il a régné avec un ‘’pouvoir sans partage’’ pendant 22ans ! En 1994, revenus d’une mission des Nations-Unis, quelques officiers avaient décidé de rencontrer Daouada Kayraba Diawara, président de la Gambie d’alors pour des questions de primes. Pris de panique, le père de l’indépendance gambienne prit la fuite. Devant cette situation inédite d’Etat acéphale, les officiers ont pris le pouvoir. Si c’est Yaya qui sera porté à la tête de ce pays enclave du Sénégal, il finira par emprisonner et tuer tour à tour tous ces militaires gradés. Sadibou Haïdara et Sana Sabaly seront les premiers à passer devant la machine à tuer de ce tyran du 21e siècle. Depuis lors, exils, emprisonnements, enlèvements, liquidations physiques font le lot quotidien de quiconque ose ne serait-ce que désapprouver telle ou telle décision. A ce jour, on dénombre plus d’une centaine de personnes tuées par son régime.
En plus des opposants, des journalistes font partie du lot de ses victimes dont la plus célèbre est Deyda Aydara. Poussant son cynisme à son paroxysme, il répondait aux journalistes qui demandaient lumière sur son meurtre d’aller demander à leur défunt collègue qui l’a tué !
Ils font légions opposants, journalistes et membres de la société civile qui sont en exil pour éviter de tomber sous les coups de sa police.
Aujourd’hui, celui qui gagné 4 élections dans des conditions qu’on connait, duré au pouvoir plus que Senghor et Diouf (qui ont fait 20ans chacun), assoiffé de pouvoir veut encore s’accrocher au pouvoir.
Roi de la démesure :
Par son nom ( ?!!) ô combien évocateur, on réalise que le successeur de Daouda Kayraba Diawara est un malade. Jugez-en vous-mêmes : His Excellency Sheikh Professor Alaji Doctor Yahya Abdul-Aziz Jemus Junkung Jammeh Nasirul Deen Babil Mansa.
On se souvient de ce 18 aout 2014 pendant lequel il s’adjugeait le titre de Babil Mansa (le Roi qui défie les rivières). En procédant de la sorte, il préparait la conscience collective gambienne à son intronisation comme roi. Des accusations sont allées crescendo. Dans un entretien accordé à Pressafrik, l’opposant Cheikh Sidya Bayo l’avait accusé de vouloir projeter de faire virer la république gambienne vers un royaume et avec, en prime un Etat islamique avec une planification très précise : ‘’Yaya Jammeh a arrêté deux dates pour pouvoir créer un royaume en Gambie et se faire couronner roi. Le 22 janvier prochain, il va consulter le Parlement pour faire adopter cette Loi. Et le 25 mai, il prévoit son couronnement. Yaya Jammeh a d’ores et déjà fait commander sa couronne pour son couronnement. Je peux vous assurer que dans les jours qui arrivent, Yaya Jammeh atteindra son rêve qui est de faire de la Gambie une monarchie. Il prévoit aussi de transformer la Gambie en un Etat islamique… ‘’
En psychologie, Yaya serait décrit comme un cas. Mégalomane à souhait, non content de se voir en monarque, également il s’autoproclame marabout, professeur, guérisseur de tout !
Se considérant marabout, c’est lui qui décrète du jour de tabaski ou de korité et inflige une punition à quiconque qui passerait outre. Le 30 juillet 2014 il menace ouvertement ceux qui attendent le ndiguel pour la prière de korité
En professeur attitré doublé d’un guérisseur, il déclare pouvoir guérir des maladies aussi complexes comme le Sida ou Ebola.
Toutes ces démesures lui font croire que son pouvoir est sans fin. Ce qui fait qu’après son règne sans partage et il veut un partage de règne.
Makama Ibrahima DIAKHATE
Professeur de philosophie/ Journaliste