Dakarmidi – La récente inauguration de l’AIBD a donné lieu à des commentaires stériles, oiseux sur la paternité de l’ouvrage . Or, il me semble que nous serions mieux inspirés, si nous consacrions ce temps à explorer les opportunités protéiformes qu’offre ce joyau, véritable relais de croissance, pour notre économie en émergence. Et pourtant, armé de la foi du bâtisseur et de l’autorité du Chef de la Nation, le Président Macky Sall a tranché le débat, en le rendant superfétatoire et contre-productif. Il a , dans un remarquable élan de sincérité l’humilité et la lucidité qui font la marque des grands hommes, reconnu à son prédécesseur, le mérite du penseur et de l’initiateur. Il en est assurément l’un des constructeurs.
Cependant, par la volonté divine, c’est lui le Président Macky Sall qui en a parachevé la réalisation, en lui restituant en prime, la complétude de ses fonctions aéronautiques , économiques, sociales, touristiques et commerciales. Après plusieurs années d’atermoiements et d’avenants onéreux et insensés, le Président Macky Sall a métamorphosé le projet initial de son prédécesseur, en le hissant au rang des meilleurs standards de la navigation aérienne, intégrée dans un faisceau de réseaux routiers, ferroviaires, d’activités créatrices de mobilité et de valeurs ajoutées socioéconomiques. Il ne s’agit ici, ni plus, ni moins que de la continuité de l’état, une véritable chaîne de valeurs dont le maillon essentiel reflète à bien des égards, la fonction finale d’une approche intégrative. Il faut bien pourtant l’avouer l’antériorité perd son sens, sans un prolongement futuriste. Que doit- on comprendre alors dans le concept de continuité de l’état ?
Le concept repose essentiellement sur un régime juridique articulé autour de trois principes fondamentaux, que sont : la continuité du service public , la mutabilité et l’égalité des citoyens devant le service public. Ce dernier étant conçu comme une activité d’intérêt général, pris en charge par une personne publique ou par une personne privée sous le contrôle de l’Etat. Au demeurant, il est possible de segmenter le service public en quatre catégories au moins :
- Le service public d’ordre et de régulation d’où l’on peut distinguer tout ce qui est relatif à la sécurité, l’armée, la police, la gendarmerie, la justice etc.
- Le service public à vocation d’assurer la protection sociale des citoyennes et citoyens. C’est dire donc qu’ il s’agit en l’occurrence, des activités liées notamment à la santé des populations et à leur bien-être social etc.
- Le service public à vocation éducative et culturelle ;
- Le service public à vocation économique qui regroupe les régies financières comme le trésor, la douane, les impôts, les services des ministères du commerce, de l’industrie, des transports terrestres et aériens, des infrastructures, des mines entres autres.
La liste est loin d’être exhaustive.
Une des principales caractéristiques du service public est qu’il ne doit connaître aucune interruption, quelles que soient par ailleurs les modifications qui interviennent dans sa gouvernance ou de possibles changements institutionnels de diverses natures. C’est donc là un principe universel valable dans toutes les nations organisées.
C’est fort de l’ensemble de ces principes universels que le Président Macky Sall a, au lendemain de son accession à la magistrature suprême, fondé son action sur tout ce qui s’attache au fonctionnement de la République , y compris tout naturellement les projets entamés par son prédécesseur. Au surplus, l’observation des processus de transition démocratique a permis de constater deux types de comportement récurrent dans la succession au niveau des états de la part des présidents nouvellement élus. Il est en effet aisé de constater qu’en pareille occurrence beaucoup d’entre eux font totalement table rase d’une partie de leur héritage pour des raisons idéologiques, ou simplement dans la volonté de gommer dans la conscience des citoyens les actions de leur prédécesseur. Cette attitude est souvent l’expression entre autres, d’un ego surdimensionné et renseigne de ce point de vue, sur le style de leadership du nouveau venu. On se souvient qu’après l’alternance en 2000, le projet des vallées fossiles qui avait pourtant démarré avec des résultats prometteurs avait été brutalement interrompu pour être remplacé par un autre projet, celui des bassins de rétention qui a tout le moins n’a pas connu les effets escomptés .
Pourtant des ressources importantes, tant sur le plan humain, materiel que financier y avaient été engagées.
En revanche d’autres parmi les nouveaux chefs d’état , sans doute plus réalistes, prennent le parti de poursuivre les actions entamées par leur prédécesseur avec une réelle volonté de les parachever dans l’intérêt exclusif des bénéficiaires du service public.
C’est naturellement cette option que le Président Macky Sall a choisi de faire prévaloir, se gardant ainsi de tout esprit de rancune, de revanche, d’orgueil mal placé et de règlement de comptes avec son prédécesseur. Les intérêts du pays étant pour lui au dessus de toute autre considération subjective.
C’est dans la même logique donc que l’AIBD s’est retrouvée dans son héritage. Il l’a alors inséré dans le PSE, en bonne place au niveau du projet phare « Hub aérien et logistique ». Mais la complexité et le caractère inextricable voire nébuleux de ce projet initial tant dans les conditions de sa négociation que dans le suivi de son exécution, au moment où il en a hérité, étaient tels, qu’il lui a fallu une forte dose d’audace, voire de témérité, pour s’engager à le finaliser. Toute autre option serait assimilée à un abandon et donnerait naissance à un nouvel éléphant blanc, comme le prédisaient du reste les adversaires politiques d’alors. N’eût été son implication personnelle et sa détermination, je dirais même sa tenace opiniâtreté, l’AIBD aurait pu être aujourd’hui encore un ouvrage inachevé, refuge de malfrats et à la merci des animaux en divagation. Il aura fallu beaucoup de réflexions, de missions à l’étranger, de négociations et de renégociations avec plusieurs constructeurs et acteurs impliqués, de conflits fonciers, de menaces de procès, d’arrêts des travaux récurrents, avant d’en arriver à ce résultat qui nous donne des raisons d’entrevoir l’avenir de notre pays avec beaucoup plus d’optimisme .
Laisser le projet à l’état d’abandon tel qu’il l’avait trouvé en arrivant au pouvoir, aurait pu lui servir aisément de levier de campagne politique contre son prédécesseur, mais il a plutôt choisi, après avoir passé des moments critiques avec ce projet, de faire preuve d’élégance républicaine en n’évoquant nulle part les obstacles qu’Il a franchis préalablement avant d’arriver au parachèvement de ce joyau. Par pudeur et par politesse, le Président de la république a simplement évoqué les « rectifications » qui ont été apportées au projet initial.
Alors, de grâce arrêtons ces querelles byzantines et tirons ensemble le meilleur parti de ce maillage économique et social, fruit d’une vision résolument orientée vers l’inclusion économique et sociale patiemment, obstinément et savamment bâtie par Macky Sall et déclinée avec brio par le Premier Ministre dans sa récente déclaration de politique générale.
Nous devons à la vérité de reconnaître que c’est la première fois depuis l’indépendance de notre pays, qu’un chef d’Etat dote le Sénégal, d’un programme de développement, d’équité et de justice sociale aussi structurant, ambitieux et cohérent à travers le Plan Sénégal Emergent , dans lequel s’incrustent les mamelles sociales que sont le PUDC, le PUMA, la CMU, Les Bourses de sécurité familiale. Le cap de l’émergence est pris, car 2018 sera non seulement l’année de lancements de nouveaux projets, mais aussi d’inaugurations d’autres projets d’envergure initiés et exclusivement réalisés dans le cadre du PSE. En bon capitaine de vaisseau, le Président Macky Sall nous conduit assurément et sereinement vers la cour des nations émergentes. Hugo avait bien raison d’affirmer que « Les grands hommes font leur propre piédestal, l’avenir se charge de la statue ».
Aziz Tall.