Dakarmidi – Le plus grand échec de Macky Sall aura été de redonner du crédit politique à Abdoulaye Wade. C’était déjà un exploit d’installer le pays dans une telle défiance 5ans après son élection historique. C’en est un encore plus grand d’avoir permis de germer dans l’esprit de certains de nos compatriotes l’idée que Wade pourrait constituer un nouvel espoir.
Ce pays aurait connu l’alternance beaucoup plus vite si les contemporains des dérives des socialistes avaient suffisamment témoigné de ce qu’ils ont vécu. Cela nous aurait certainement évité les vieux briscards qu’on se traine depuis 1960. A chaque génération sa responsabilité. Je considère qu’il est du devoir de la nôtre de rappeler à qui veut entendre le mal qu’Abdoulaye Wade a fait à ce pays.
Je ne m’avancerai pas sur l’amour qu’il porte ou pas au Sénégal mais je suis certains de son mépris pour les sénégalais. Pas forcément étonnant pour celui qui a théorisé et pratiqué le fait que « chaque sénégalais a un prix ».
Faut-il rappeler, qu’il y a tout juste 5 ans, Abdoulaye Wade a failli faire basculer le Sénégal dans une quasi dictature pour les beaux yeux de son fils ? Est-ce nécessaire de rappeler le bilan macabre de cette tentative ? Rien que cet épisode devrait suffire à le disqualifier éternellement, ainsi que toute personne qui était à ses côtés.
Mais comme certains de nos compatriotes semblent avoir l’Alzheimer précoce, il est bon de rappeler de manière sommaire quelques uns des scandales dont Wade nous a gratifiés en 12 ans de règne.
Le FESMAN, ce taneber géant à coup de milliards géré par sa fille. L’ANOCI, le joujou qui était censé donner du crédit à son fils comme un exemple de gestionnaire. L’affaire Ségura, qui illustre le « libéralisme » exacerbé du vieil homme. Tout s’achète. Les hommes encore plus. La loi Ezzan qui donne un aperçu de ce que l’homme pense de la justice. Le système des vacataires dont les résultats se font sentir aujourd’hui sur le niveau des élèves. L’affaire des chantiers de Thiès; il faut juste se rappeler qu’à l’époque son bras armé n’était autre que l’actuel Président de la République. Et je passe sur le cynisme avec lequel il a aliéné l’Etat aux sphères religieuses pour des intérêts électoralistes. Sans oublier comment Wade le « panafricaniste » a servi de caution pour la liquidation Khadafi. La rénovation de l’avion présidentielle, le bateau le Diola, l’affaire Madambal Diagne, le scandale de l’assainissement de touba, les législatives de 2007, le plan takkal, l’aéroport de Ndiass….bref il y aurait de quoi écrire plusieurs tomes.
Abdoulaye Wade a certainement des qualités. Je laisse ses inconditionnels en parler. Ce qui est certain est, qu’en tant que chef d’état, il a largement contribué à dérégler l’horloge Sénégal, pour peu qu’elle fut à l’heure avant lui. La déception qu’a créée Macky Sall chez beaucoup de sénégalais ne devrait pas nous pousser à nous renier, au point de régurgiter ceux qui étaient destinés à la déchetterie. C’est le prix à payer pour assurer un transit convenable à un système politique à bout de souffle. Ce sera au moins l’un des avantages de la pléthore de listes présentes lors de ces législatives. Il y a suffisamment de choix pour ne pas se retourner vers le passé. Qu’il soit incarné par Wade ou par les multiples monstres qu’il a engendrés.
Balla Dièye
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