Dakarmidi -« C’est à la hardiesse des grandes tentatives qu’on doit souvent la découverte des plus grandes vérités » Helvétius. Généralement, la vie d’un écrivain éclaire toujours son œuvre. Chez les scientifiques, c’est plutôt leurs œuvres qui éclairent leur vie et expliquent toute leurs dimensions. Trente et un ans après sa disparition, l’œuvre du Pr. Cheikh Anta Diop est toujours d’actualité. Intacte. Nous sommes assez bien renseignés des événements qui ont marqué la parcours de cet homme exceptionnel, de sa situation professionnelle vécue avec des moyens limités (!), de ses démêlées politique avec le Président Senghor, et des diatribes de ses détracteurs comme Alain Froment (cf. Le combat ambigu de Cheikh Anta Diop in Patrick, Petitjean, Les Sciences hors d’occident au XXème siècle, volume 2, les sciences coloniales : figures et institutions,.
Nous ne saurions trop nous élever contre ces attitudes assimilables à un attentat intellectuel perpétré par une intelligence dite hellèniste dont les appréciations et champs d’action ne se limitaient qu’à la déconstruction de l’homme noir, autant d’un émancipé comme Cheik Anta Diop. A l’époque, la situation des étudiants et intellectuels africains étaient très difficile puisque la pensée occidentale, dans sa cohérence et sa solidarité agissantes entretenaient une hégémonie soi-disant supérieure. C’est justement là qu’il faut mesurer toute la témérité et la perspicacité de Cheikh Anta Diop qui, outre les conditions choquantes d’études, celles-ci émaillées de fusillades enragées de ses maitres, s’est élevé au-dessus de toutes les entraves.
Là, inévitablement, la question que l’on se pose est de savoir si le Pr Cheikh Anta Diop pouvait assumer autre rôle que celui d’un historien de rétablir la vérité ou d’un scientifique friand de découvertes. La réponse coule de source : « la première exigence de l’intellectuel, , est de chercher et de trouver une parcelle de vérité susceptible d’élargir les connaissances, et de faire reculer les frontières de l’ignorance en ajoutant du nouveau au trésor de la science et de la sagesse humaine », pour citer Feu Bernard Fonlon, grand intellectuel camerounais Homme discret, simple, Cheikh Anta Diop symbolisait la puissance raisonnée des sciences sociales et humaines, ici en Afrique. D’où tout le mythe qui l’entourait. L’étudiant à vie qu’il était, s’il ne s’est pas illustré dans l’arène politique, c’est qu’il était plus exposé à la fatigue de l’étude et à la méditation.
Sa thèse Nations Nègres et Cutlure dont Aimé Césaire dira que c’est « le livre le plus audacieux qu’un Nègere ait jusqu’ici écrit, et qui comptera à n’en pas douter dans le réveil de l’Afrique » et Les Fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire sont une parfaite illustration. Cette réclusion studieuse et scientifique a permis au Pr Diop de rallumer le passé de l’Afrique, un passé glorieux jadis ciselé et noyé sous l’horizon de la conspiration. Ce 7 Février 2017, que la communauté africaine ou afro-américaine, sénégalaise en particulier, se souvienne de ce grand panafricain, devrait marquer, le retour du Pr Cheikh Anta dans la poursuite de la vérité, sa principale préoccupation.