Dakarmidi – C’est en avril 1978 que le Sénégal a, pour la première fois, publié sa déclaration de politique de population. Cela fait 39 ans quand même ! Il s’était déjà rendu compte assez tôt que le niveau des naissances posait un problème de compatibilité avec le rythme de croissance de l’économie. Une femme en âge de procréer mettait au monde entre 7 et 8 enfants. Aujourd’hui l’indice synthétique de fécondité a baissé de 2 à 3 points. En effet le nombre de naissances vivantes par femme est de 5,1 en 2013, avec certes des disparités selon le milieu de résidence.
Ces résultats encourageants ont été obtenus grâce à la planification familiale. Une autre stratégie axée sur la contrainte aurait été moins acceptée par la population composée presque entièrement de musulmans et de chrétiens. Le plan national d’action de planification adopté en juin 2012 s’inscrit dans cette tradition de concertation avec les autorités religieuses et coutumières, de sensibilisation de la population aux thèmes de la santé de la reproduction et d’organisation de campagnes d’information en direction des groupes-cibles, notamment les femmes et les jeunes.
Pourquoi ces groupes ?
Les femmes forment le groupe le plus nombreux de la population (taux de masculinité de 99,6) et le plus directement concerné par les naissances. Sans leur conscientisation et leur participation aux programmes de planification familiale, les objectifs visés en la matière risquent d’être compromis par l’inertie. Mais parmi ce genre, la réceptivité dépend également des ententes scellées au sein du couple à propos de la taille de la famille. L’expérience montre, plus particulièrement en milieu rural, que sans l’adhésion du mari les conseils prodigués à la femme en planning familial sont sans effet.
Les jeunes ont des relations amoureuses de plus en plus précoces : 19 ans chez les filles (âge légal au mariage : 16 ans selon le Code de la famille) contre 22-23 ans pour les jeunes hommes. Il s’ensuit une exposition à des risques de grossesse et de surmortalité féminine.
Des injonctions venant de l’extérieur, exprimées sur un mode comminatoire, ne doivent entraîner le Sénégal ni à dévier de ses objectifs initiaux ni à « accélérer la cadence » au risque d’ouvrir un nouveau front de contestation sociale.