POLITIQUE – Nicolas Sarkozy a déclenché des réactions outrées d’une partie de la gauche qui l’a accusé de racisme jeudi 10 septembre au soir, après avoir semblé associer les mots « singes » et « nègres ».
Invité de l’émission « Quotidien » de Yann Barthès sur TMC à l’occasion de la sortie de son livre à succès Le temps des tempêtes, l’ex-président critiquait « cette volonté des élites, qui se pincent le nez, qui sont comme les singes qui n’écoutent personne », lorsqu’il s’est interrompu pour dire avec ironie: « Je ne sais plus, on a le droit de dire ‘singe’? » et d’enchaîner: ‘Parce que… On n’a plus le droit de dire les… On dit quoi? ‘Les dix petits soldats’ maintenant? C’est ça? Ouais… Elle progresse la société! », a-t-il ajouté en raillant la suppression du mot « nègre » dans l’un des romans d’Agatha Christie.
« On a peut-être le droit de dire singe, sans insulter personne », a-t-il ensuite ajouté, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.
L’ex-chef de l’État faisait référence au roman policier les Dix petits nègres, l’un des livres les plus lus et vendus au monde, qui vient d’être réédité et rebaptisé en français Ils étaient dix avec le mot « nègre » remplacé par « soldat » dans le livre.
Il critiquait « cette petite partie des élites qui se regardent dans une glace » sans s’adresser au reste de la population.
« En plein naufrage raciste »
Ces déclarations ont immédiatement suscité l’ire de responsables politiques de gauche qui l’ont accusé d’associer les mots « nègres » et « singes ».
« Ainsi donc un ancien président de la République française associe spontanément les singes aux ‘nègres’… le racisme sans masque », a tweetté le chef du parti socialiste Olivier Faure. L’ex-candidate PS à la présidentielle Ségolène Royal estime quant à elle que « c’est hélas dans la droite ligne de son lamentable discours de Dakar » de 2007, où il avait affirmé que « l’homme africain » n’était « pas suffisamment entré dans l’Histoire ».
« Au-delà du débat sur ce que l’on a le droit de dire ou pas, Nicolas Sarkozy comprendra-t-il que le plus gênant dans cette séquence, c’est la rapidité avec laquelle son cerveau associe le mot ‘singe’ au mot ‘nègre’? », a dénoncé le député et numéro deux de LFI Adrien Quatennens.
« Mais est-ce que cela doit étonner de celui qui a déclaré un jour que ‘l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire’? », a insisté le député LFI Éric Coquerel vendredi.
« Nicolas Sarkozy en plein naufrage raciste! », a tweetté de son côté le député européen EELV Yannick Jadot.
L’ex-journaliste et adjointe de la maire de Paris Audrey Pulvar a elle fustigé un « pur et profond racisme, décomplexé, naturel », estimant que Nicolas Sarkzoy avait mis « un signe égal entre ‘nègre’ et singe, dans un abyssal silence, sans contradiction ».
« Donc 15 ans après le ‘karsher’, ‘la racaille’ et après avoir contaminé la quasi totalité des partis politiques (gauche comprise), la boucle est bouclée. Donc on peut repartir depuis le début? Lier insécurité et immigration est raciste.
C’est tout », a tranché pour sa part Aurélien Taché, ex-LREM aujourd’hui député Écologie Démocratie Solidarité.
Rachida Dati défend Nicolas Sarkozy
Interrogée à ce sujet ce vendredi matin sur RMC, Rachida Dati, maire LR du 7e arrondissement de Paris et ancienne ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy, a défendu l’ancien chef de l’État, rappelant d’autres passages de l’émission.
« La manière dont il a parlé d’Aimé Césaire, de l’élection de Barack Obama. Il était pour la discrimination positive, pour le droit de vote des étrangers (…) Est-ce que vous pensez un seul instant qu’il puisse avoir une once de racisme? », a-t-elle demandé.
« La façon dont j’ai perçu les propos, c’est celle d’un lapsus raciste, malheureusement révélateur de ce que les gens peuvent avoir en tête », a jugé le président de SOS racisme, contacté par RTL. « Je ne pense pas que Nicolas Sarkozy ait voulu volontairement faire cette association (…) mais ce qui est intéressant, c’est de voir comment des dirigeants peuvent avoir dans leur tête des associations d’idées ou d’images extrêmement étranges », a ajouté Dominique Sopo.
Nicolas Sarkozy a pour sa part relayé des extraits de l’émission diffusés par « Quotidien » sur Twitter: le premier où il dit son admiration pour Aimé Césaire, « un homme tout à fait remarquable », le second où il déclare qu' »il n’y a rien qui se démode plus que le nouveau monde ».