Alors que les relations entre Washington et Moscou se sont détériorées à un plus bas inédit depuis la Guerre froide, Vladimir Poutine a répondu, jeudi 18 mars, aux propos du président américain Joe Biden qui l’avait qualifié de « tueur » la veille. « C’est celui qui le dit qui l’est ! », a lâché le président russe à la télévision russe: « Ce n’est pas juste une expression enfantine (…), nous voyons toujours en l’autre nos propres caractéristiques. »
Au cours d’un entretien mercredi à la chaîne ABC News, Joe Biden a répondu « oui » à la question de savoir s’il pensait que Vladimir Poutine était un tueur, ajoutant que le dirigeant russe était dépourvu d’âme. Cette déclaration avait poussé la Russie à rappeler son ambassadeur en poste à Washington.
Vladimir Poutine a indiqué que son dernier entretien avec Joe Biden, le 26 janvier, s’était déroulé par téléphone à la demande du président américain. Il a dit proposer désormais que les deux dirigeants aient, ce vendredi ou lundi prochain, une nouvelle conversation par visioconférence et diffusée en direct.
« Je veux proposer au président Biden de poursuivre notre discussion, mais à la condition que nous le faisions en direct, sur Internet, sans décalage et de manière ouverte et directe », a dit le président russe.
À Washington, la porte-parole de la Maison Blanche a dit que Joe Biden ne regrettait pas ses propos. Jen Psaki a esquivé une question sur la demande de Vladimir Poutine d’un nouvel entretien dans l’immédiat. « Le président a déjà eu un entretien avec le président Poutine, alors qu’il y a d’autres dirigeants mondiaux avec lesquels il n’a pas encore échangé », a-t-elle dit.
Nouveau train de sanctions
Les États-Unis s’apprêtent à imposer un nouveau train de sanctions contre la Russie à la suite de la publication d’un rapport des services américains du renseignement selon lequel Moscou a tenté d’interférer dans l’élection présidentielle américaine de novembre dernier.
En amont de la prise de parole de Vladimir Poutine, le porte-parole du Kremlin a déclaré que les propos de Joe Biden montraient que celui-ci n’avait aucunement envie de rétablir les liens avec Moscou, qui se sont distendus à cause de plusieurs points de contentieux – Ukraine, Syrie, emprisonnement de l’opposant russe Alexeï Navalny. Dmitri Peskov a ajouté que la Russie allait réévaluer son approche des relations avec Washington, citant le caractère selon lui inédit des propos de Joe Biden.
Le vice-président de la chambre haute du Parlement russe, Constantin Kosatchiov, a jugé les commentaires de Joe Biden « inacceptables » et déclaré que le rappel par Moscou de son ambassadeur était la seule mesure raisonnable à prendre dans ces circonstances. « Je soupçonne que ce ne sera pas la dernière (mesure) si aucune explication ou excuse ne suit du côté américain », a-t-il déclaré sur Facebook.